dimanche 6 mai 2012
Le secret de sainte Prudence
Jadis, bien avant la mode des sondages, quand on se demandait ce qui allait advenir, on consultait les almanachs qui savaient déjà tout sur tout. Par exemple ceci: «6 mai, fête de sainte Prudence; à la Sainte-Prudence, s’il fait du vent, les moutons dansent».
Quels moutons et quelle danse, mystère! En revanche, qu’il y ait du vent ce soir à 20h, personne n’en doute. Le suspense n’a fait que croître depuis le premier tour et le pays s’est finalement pris d’intérêt pour le scrutin. Le clivage gauche-droite qu’on dit parfois vacillant a retrouvé la force qu’il a à chaque élection présidentielle. Le face-à-face de mercredi dernier en a souligné l’intensité.
Deux hommes, deux styles, deux projets s’affrontent autour de questions majeures. Quelle place en France pour tous les Français, indépendamment de leur histoire familiale ou de leurs convictions personnelles? Quelle place accorder aux étrangers qui souhaitent étudier en milieu francophone, solliciter un travail légal ou demander l’asile politique? Quelle place pour la France dans un monde où l’Asie, l’Amérique latine et bientôt l’Afrique tiennent ou tiendront des positions décisives?
A ces trois questions politiques, économiques et morales, chacun répondra selon sa conscience et selon l’image qu’il se fait de son pays.
Mais qu’il se nomme Nicolas Sarkozy ou François Hollande, le chef de l’Etat devra veiller à ce que la France ne se replie pas sur elle-même et sorte de la contradiction où elle s’étouffe. Elle oscille entre deux extrêmes: une fierté surdimensionnée (l’agaçante croyance du coq en la fameuse exception française) et le doute dépréciateur. La France a des qualités, mais en use volontiers pour s’adonner à son vice congénital, l’autocritique. Redonner confiance à la France dans un monde en convulsion, c’est la tâche centrale de l’homme que nous élisons aujourd’hui.
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