vendredi 20 avril 2012
Du billard à quatre bandes
Hollande ou Sarkozy ? Avant de connaître, dans dix-sept jours, la
réponse à ce choix fondamental, le premier tour, véritable partie de
billard à quatre bandes, va éclaircir le jeu.
Le rapport droite-gauche : celui
qui sortira en tête, dimanche soir, bénéficiera d'un avantage certain.
Mais qui ne suffira pas. Si c'est François Hollande, les reports
escomptés des voix du Front de gauche, des écologistes et d'une partie
des centristes lui assurent la victoire. Si c'est Nicolas Sarkozy, tout
dépendra des électorats de François Bayrou et de Marine Le Pen,
difficilement conciliables.
Pour les deux favoris, l'abstention et l'indécision seront des
éléments importants. La désaffection prononcée à l'égard de Nicolas
Sarkozy et l'adhésion limitée à François Hollande peuvent réserver des
surprises à la baisse. L'espoir de devenir majoritaire dépend alors du
poids des protestataires de leur camp. Les écarts et les fluctuations
des sondages du premier tour incitent à la plus grande prudence.
Si la droite échoue, l'UMP va être soumis à des forces centrifuges
vers le Front national, d'une part, ne serait-ce que pour sauver des
circonscriptions. Vers un pôle centriste, d'autre part, François Bayrou
essayant de redevenir le fédérateur d'une nouvelle UDF.
Si la gauche perd, l'UMP en reprend pour dix ans, le PS éclate,
l'ancienne génération est mise en retraite anticipée et Jean-Luc
Mélenchon devient le pilier d'un grand parti de gauche radicale.
Le rapport au sein de la gauche :
Jean-Luc Mélenchon sera une clé du scrutin et du climat politique futur.
Si le vote utile le fait redescendre de son nuage sans que ça nuise à
la gauche, le projet socialiste et la cohérence d'un futur gouvernement
sont préservés. Si le Front de gauche acquiert l'autorité d'un arbitre,
le programme de François Hollande sera soumis à rude contestation
sociale et spéculative. Et le PS seul, vainqueur de la présidentielle,
pourrait se retrouver sans majorité nette à l'Assemblée.
Dans tous les cas, Jean-Luc Mélenchon influencerait le choix d'un
Premier ministre : très social, genre Martine Aubry, ou très consensuel,
style Jean-Marc Ayrault. Au-delà, son problème sera de gérer le capital
obtenu : en l'absence d'accord électoral, il disposera de peu de
députés. La loi électorale fait que l'on peut peser 15 % en France sans
avoir un seul élu !
Le rapport au sein de la droite :
si le FN déjoue les sondages, Nicolas Sarkozy a tout à redouter. Marine
Le Pen, recentrée sur ses thèmes originels, est bien placée pour le
faire perdre. Elle le menace d'un score étriqué au premier tour, de
reports a minima au second tour et de triangulaires aux législatives.
En dehors du FN et du MoDem, Nicolas Sarkozy n'a guère de réserves.
Ça a d'ailleurs été l'une des difficultés de sa campagne : séduire l'un
sans faire fuir l'autre.
Le poids du centre : depuis
l'abandon de Jean-Louis Borloo et d'Hervé Morin, invisibles dans la
campagne, il n'y a plus de centre droit. Quant à François Bayrou, il
s'est placé dans une posture qui lui interdirait logiquement, au-delà de
son choix personnel, toute consigne de vote. Il risque en plus de
terminer sur un score qui, loin de le faire roi, ne lui permettrait même
pas d'être faiseur de roi.
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