vendredi 20 avril 2012
Le paradoxe Bayrou
C’est un paradoxe récurrent. Une présidentielle est censée se gagner
au centre, et les sondages valident largement cette idée, puisque
François Bayrou a longtemps été le candidat le plus aimé des enquêtes.
Et pourtant il y a fort à parier qu’il ne sera pas, cette fois encore,
qualifié pour le deuxième tour.
Il avait failli provoquer une
énorme surprise en 2007, surtout à cause de la faiblesse de la candidate
de gauche. Cette fois-ci, le PS a « bétonné » sa campagne avec des
primaires qui ont mis François Hollande dès l’année dernière sur un
piédestal inatteignable par le MoDem. Et François Bayrou n’a pas su,
avant l’entrée en lice de Nicolas Sarkozy, regagner à droite ce qu’il
perdait à gauche.
En 2007 Bayrou avait été l’arbitre du 2 e
tour et cette fois-ci encore, le PS et l’UMP lui envoient des
émissaires pour obtenir ses faveurs. Nicolas Sarkozy lui a tendu une
perche grosse comme l’Hôtel Matignon en remarquant qu’il n’était pas
obligé, en cas de réélection, de choisir un Premier ministre dans les
rangs de l’UMP. Et l’idée circule aussi à gauche : Bayrou à la tête du
gouvernement contribuerait à rassurer les Européens et les marchés en
cas d’élection de François Hollande. Ce ne serait pas du luxe.
L’hypothèse
de mettre le centriste… au centre de l’exécutif est alléchante, sauf
qu’elle ne se fera pas. Bayrou a exclu lui-même de seconder un président
avec lequel il ne serait pas « profondément en phase ». Or, son
inimitié pour Sarkozy n’a d’égale que son exaspération devant le
programme socialiste… Surtout, à moins d’une surprise de dernière
minute, il n’a plus, en 2012, le poids qu’il avait en 2007. La montée du
tribun Mélenchon tire le PS à gauche, alors qu’il y a cinq ans,
Ségolène Royal penchait vers une alliance au centre. À l’inverse, le
retour en force du Front national tire Sarkozy nettement à droite. Les
clins d’œil à Bayrou sont factices : ils s’adressent à son électorat
plus qu’à sa personne.
Il a fait l’erreur en 2007 de s’enfermer
dans un ni droite ni gauche qui n’a jamais réussi au centre. La seule
fois où l’un de ses représentants a accédé à l’Élysée, c’est quand
Giscard a clairement choisi la droite, en 1974. Le ni-ni handicape,
encore et toujours, François Bayrou. Une présidentielle se gagne au
centre, certes. Mais c’est au centre-gauche ou au centre-droit.
Pas
entre deux chaises.
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