vendredi 20 avril 2012
Sarkozy, patriote économique
C'était un débat interdit. Une génération entière, formatée par
Jacques Delors, François Mitterrand et Jacques Attali, a construit un
modèle de développement économique aussi naïf qu’inconnu dans le monde :
une Europe totalement ouverte et offerte aux vents mauvais de la
mondialisation.
Cette génération, convertie au libre-échangisme et à la dérégulation
des marchés, au lendemain de l’effondrement social produit par les
balivernes de 1981, porte une responsabilité historique dans
l’affaiblissement de l’Europe, à travers les délocalisations
industrielles, l’abandon des politiques de filières et la politique de
l’euro fort. La gauche française, relayée par ses partenaires
traditionnels et les eurocrates de Bruxelles, a sacrifié les producteurs
aux consommateurs et les ouvriers aux spéculateurs. Nous en payons
aujourd’hui la facture sociale.
Tout au long de son mandat, Nicolas Sarkozy a fait sauter les tabous.
D’abord en apportant une réponse politique, rapide et massive aux
crises financière, économique et sociale de 2008 et 2009. Ensuite en
rappelant que la protection de la France, de son économie et de son
modèle social passait par le renforcement des frontières européennes. En
exigeant, à Villepinte, la révision des accords de Schengen sur la
libre circulation des personnes puis en soulignant la nécessité que
l’argent public européen soit réservé aux entreprises qui produisent sur
notre territoire et qu’une part des marchés publics soit réservée aux
PME européennes, il répond avec bon sens à ceux qui avaient désarmé
notre pays et notre continent face à une mondialisation qui n’a jamais
été aussi agressive. Lutter « à armes égales » (titre de mon rapport au
premier ministre, 2006, La documentation française) est justice et
nécessité. Partout dans le monde, les grands États, de tradition
libérale, comme les États-Unis, ou de tradition autoritaire, comme la
Russie et la Chine, soumettent les investissements extérieurs à des
contrôles politiques et administratifs, tantôt sophistiqués (comme le
CFIUS, Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis), tantôt
brutaux, quand la Chine laisse entendre qu’elle n’achètera plus d’Airbus
si l’Europe maintient sa taxation du CO2 émis par les compagnies
aériennes. L’Italie, elle-même, vient d’adopter un décret afin de
protéger ses secteurs stratégiques, allant même au-delà des textes
européens, qui réservent aux États membres de l’Union une capacité de
veto aux investissements extracommunautaires dans les entreprises des
secteurs de la défense et de la sécurité nationale : l’ancien
commissaire européen Mario Monti, parangon du libéralisme, considère, à
juste titre, comme “stratégiques” les secteurs de l’énergie, des
transports et des communications.
Nicolas Sarkozy vient de donner une dimension concrète au patriotisme
économique européen en promouvant la notion de réciprocité. On ne peut
tolérer chez nous que ce que l’on nous autorise ailleurs. Comment
accepter que la SNCF, présidée par l’ancien directeur de cabinet de
Martine Aubry, choisisse pour le compte de la région Île-de-France,
présidée par un élu socialiste, des trains du constructeur canadien
Bombardier, alors même qu’à l’époque, le Canada n’avait pas ratifié
l’accord OMC sur les transports ? Pourquoi Air France, dont l’État
détient 15 % du capital, s’apprêtait-elle à commander, pour l’essentiel,
des Boeing et non des Airbus afin de renouveler sa flotte de
long-courriers, quand Iberia et Lufthansa faisaient le choix du
constructeur européen, dont les programmes industriels ont été soutenus
par le contribuable européen ? C’est encore un président socialiste de
la région Midi-Pyrénées qui prit la défense des lois du marché pour
s’opposer à l’appel que j’avais lancé avec plus de 180 députés, de
toutes sensibilités politiques, afin qu’Air France ne devienne pas Air
Boeing. Quelle trahison dans la région d’Airbus !
Nicolas Sarkozy a rappelé que nos entreprises avaient bien une
nationalité : non pas seulement celle que leur confèrent des critères
juridiques, mais celle qu’assigne le pouvoir politique : dans ses
voyages internationaux, il se fait accompagner des présidents d’Airbus
et d’Alstom, non de ceux de Boeing et de Bombardier. Quand il crée le
premier fonds souverain français, le Fonds stratégique d’investissement
(FSI), doté de 20 milliards d’euros, il entend « protéger nos
savoir-faire industriels jugés irremplaçables » : plus de 150 000
emplois industriels ont été consolidés ! Quand il relance la politique
de soutien aux filières industrielles, contre le dogmatisme libéral
européen, il sauve des centaines de milliers d’emplois de l’automobile
comme il avait sauvé notre système bancaire dans la crise financière de
2008, dans le silence assourdissant de la Commission européenne.
Comme toujours, quand le marché ne fonctionne pas, c’est la voix
politique qui s’impose et c’est celle de Nicolas Sarkozy qui, une fois
de plus, a ouvert un débat en Europe qui ne se refermera plus. Il a
fourni des propositions d’un président patriote et protecteur de nos
intérêts industriels.
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