vendredi 17 février 2012
Surprise
Non, la surprise n'est pas que Nicolas Sarkozy soit candidat à sa propre succession. C'est que l'économie française ait terminé l'année dernière mieux que prévu. Avec une croissance au dernier trimestre, alors qu'on attendait une régression ; et une hausse de la production, sur l'année, de 1,7 %, supérieure à celle de 2010 et à peine inférieure à la moyenne des quinze années précédentes. La crise serait-elle finie ? Non.
Mais quelques tendances positives méritent d'être soulignées.
Dans les composantes de la croissance française en fin d'année, on note une bonne tenue des investissements des entreprises, ce qui est fondamental pour l'avenir de notre économie car c'est de l'investissement des entreprises que dépend notre compétitivité sur les marchés mondiaux. Or c'est là notre point faible, notamment par rapport à l'Allemagne qui affiche une croissance de 3 % en 2011, malgré une légère baisse au dernier trimestre. Il n'y aura pas de recul du chômage dans les prochaines années (malheureusement pas encore en 2012) sans un effort d'investissements productifs pour gagner des marchés à l'étranger.
Nous avons la chance d'avoir à nos portes le plus grand marché d'Europe, l'Allemagne, qui, sur la durée, se porte bien. Mais ce n'est pas seulement là qu'il faut gagner des clients : c'est sur les marchés des pays émergents, singulièrement en Asie, en Amérique latine et en Afrique. C'est là que l'avenir de nos emplois se jouera. La campagne électorale aurait tort de ne mettre l'accent, pour la reprise de la croissance, que sur la consommation et le marché intérieur. Certes, il faut aussi développer les investissements dans le bâtiment et les énergies nouvelles. Mais les marchés extérieurs seront décisifs.
La clé de l'Europe
Ce qui va se passer en Europe dans les prochaines semaines aura un impact décisif, aussi, sur notre croissance et donc sur nos emplois. C'est ici que le rôle des hommes d'État sera déterminant. L'affaire grecque a été mal engagée, depuis le début. Nous n'aurions jamais dû ouvrir la porte de la zone euro à la Grèce sous prétexte que nous devons beaucoup à Socrate, Aristote et autres Platon.
La Grèce n'était pas en état de supporter les disciplines de la monnaie unique. Aujourd'hui, le mal est fait et nous ne savons pas s'il ne sera pas inévitable de mettre la Grèce en congé de l'euro dans les prochains mois. C'est à ce moment-là, très précisément, que tout dépendra des politiques. À eux de montrer leur capacité d'innover et de brutaliser l'histoire.
La France et l'Allemagne auront évidemment le rôle décisif : chaque candidat doit donc ménager les relations entre les deux pays, quelle que soit la majorité au pouvoir. C'est l'accord entre un socialiste français et un chrétien-démocrate allemand, Mitterrand et Kohl, qui a sauvé la construction européenne au tournant des années 80-90.
C'est l'un des atouts de Sarkozy dans la campagne.
Hollande doit le savoir. Nous aimerions que l'un et l'autre affichent leur conviction en la matière. Qu'ils éclairent les électeurs sur leur vision de l'Histoire et pas seulement sur le nombre des fonctionnaires et les taux de la TVA. C'est moins la France qui est à un tournant de son histoire, que l'Europe. Ou plus exactement l'avenir de la France dépend de la réussite ou de l'échec de ses hommes politiques dans le virage que va devoir prendre l'Europe. Ce sera l'autre surprise de ce début d'année.
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