dimanche 29 janvier 2012
Nicolas Sarkozy, éternel challenger
Il s'est saisi de ce mandat comme on accepte un « job ». Les Français ont reproché au président d'avoir désacralisé la fonction.
François Hollande est assis sur un nuage quand Nicolas Sarkozy nage en plein doute. Tout change très vite, et même de plus en plus vite, en politique. Mais le temps de l'un n'est pas celui de l'autre. Il passe en accéléré pour le candidat socialiste et au ralenti pour le président.
Voilà encore huit jours, on s'interrogeait sur « l'étrange campagne » de François Hollande et sa capacité à décoller enfin. Un meeting et une émission de télévision plus tard, le candidat « normal » convainc à gauche et inquiète à droite. Nicolas Sarkozy aussi inquiète la droite, mais depuis plus longtemps, très tôt tombé dans une impopularité dont il ne s'est pas encore relevé.
Tiré par son tempérament, il va s'agiter frénétiquement pour tenter de sortir de l'ornière, mais elle est profonde. Nicolas Sarkozy n'est pas battu, mais il est très mal en point. Il est mal en point, certes, mais pas encore battu. On peut énoncer la situation de façon différente selon son point de vue partisan, mais personne ne doute que ce sera difficile pour lui.
La crise des subprimes et celle des dettes souveraines renversent les pouvoirs en place. Les dernières élections dans les pays européens ressemblent à un jeu de massacre. On reproche à ceux qui détiennent le pouvoir de ne pas avoir été à la hauteur des événements.
Le bilan économique et social du président de la République ne lui permet pas d'échapper à la curée « sondagière » pour le moment.
Mais si le désamour entre Nicolas Sarkozy et les Français est si grand, c'est aussi pour une autre raison. Le chef de l'État a cru pouvoir se passer des habits du président, s'exonérer du jeu de rôle entre un peuple et son représentant suprême, sacrifier les rites et les codes de la Ve République.
Il a voulu s'affranchir de ce carcan symbolique, de ce masque qui fait, du jour au lendemain, d'un homme normal quelqu'un d'autre, investi d'une tâche qui le dépasse il n'a pas cru en la transcendance apportée par l'onction populaire il s'est saisi de ce mandat comme on accepte un « job ». Les Français ont reproché au président d'avoir désacralisé la fonction.
Dans la campagne qui s'ouvre, il n'a donc pas le choix. Il ne peut pas, comme François Mitterrand et Jacques Chirac, se faire réélire sur une image consensuelle et rassembleuse. Il doit faire comme si tout recommençait, comme s'il s'alignait pour la première fois à cette élection suprême, comme s'il était le challenger, et François Hollande le tenant du titre.
Ses deux prédécesseurs s'étaient fait ré-élire royalement sans vraiment combattre. S'il gagne cette élection à l'arraché, Nicolas Sarkozy aura enfin réussi la rupture qu'il promettait en 2007.
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