TOUT EST DIT

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dimanche 29 janvier 2012

Claude Guéant : «La Corrèze, c'est la Grèce de la France»

Pour l’ancien bras droit de à l’Elysée, , la candidature du président sortant ne fait aucun doute. Et il est confiant, même s’il reconnaît que « l’élan de 2007 n’y est plus ».

On a beaucoup vu François Hollande ces derniers jours. Il a marqué des points ?
Claude Guéant.
C’est un homme combatif qui, dans son discours du Bourget, a incontestablement répondu à l’attente de la France socialiste. Mais il ne s’est adressé qu’à elle, et non pas aux Français en général. Il m’a surtout frappé par son sectarisme. Il met en doute les valeurs républicaines de ceux qui ne sont pas de gauche. C’est insupportable.

Comment jugez-vous son programme ?
Il n’a absolument pas pris l’exacte mesure de la crise : le temps où l’on dépensait l’argent public sans compter est révolu! Or, il propose une gestion financière résolument de gauche que l’on connaît bien : dépenser toujours plus et augmenter les impôts. S’il arrivait aux affaires, on assisterait à une explosion des dépenses de l’Etat, mais surtout à un vrai matraquage fiscal!

Il vise les classes les plus aisées…
Quand il dit que l’impôt ne va frapper que les riches, c’est faux. Pour la bonne raison qu’on n’a pas suffisamment de riches en France pour financer son programme. Et avec sa fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, il frappe surtout les classes moyennes.

Mais quel que soit le gagnant de mai, ne faudra-t-il pas augmenter les impôts pour revenir à l’équilibre budgétaire ?
Notre objectif est de maîtriser la dépense publique. Notre politique consistera donc à baisser la dépense et à ne pas augmenter les impôts.

La police et la gendarmerie ont-elles besoin d’effectifs supplémentaires comme le propose Hollande, qui prévoit de créer 1 000 postes par an ?
L’impératif, c’est de rétablir l’équilibre de nos finances publiques. Ces dernières années, la police et la gendarmerie ont été soumises à la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Malgré cela, la sécurité s’est améliorée. Ce qui compte, c’est l’efficacité. Or M. Hollande dit qu’il pourchassera les voyous, mais il supprime par exemple les peines planchers et les mesures de sûreté qui s’appliquent aux criminels particulièrement dangereux après qu’ils ont effectué leurs peines, comme les violeurs en série.

Vous voulez dissoudre un groupuscule islamiste ; il représente une menace terroriste ?
Je n’ai jamais dit que cette association était en train de préparer des actes terroristes. Mais elle a un comportement contraire aux lois de la République. Elle prône l’application de la charia, le régime du califat, tient des propos antisémites et anti-Occidentaux, et entraîne ses recrues de manière paramilitaire pour les préparer à la lutte armée.

Vous n’avez pas réussi à capter l’électorat de Marine Le Pen. Or, on vous a souvent assimilé à elle…
Mon travail, c’est de faire appliquer la loi de la République. En matière de sécurité, nos concitoyens, malgré les progrès considérables, ont encore des attentes. Dans le domaine des incivilités, par exemple. Pour ceux qui sont victimes de ces petites violences quotidiennes, comme se faire bousculer dans le métro ou dans la rue, c’est un vrai traumatisme. En matière d’immigration, les gens veulent que notre société reste fidèle à ses principes. Ils veulent que nous régulions les flux migratoires. C’est ce que je m’emploie à faire. Ils veulent également que nous luttions fermement contre l’immigration irrégulière. Nous avons reconduit à la frontière cette année beaucoup plus d’irréguliers que jamais.

Selon un sondage que nous avons publié mardi, Nicolas Sarkozy est moins crédible que Marine Le Pen sur l’insécurité et l’immigration…
Madame Le Pen ne propose strictement rien. Elle dit « sus à l’insécurité », « sus aux voyous », mais nous, nous agissons. Depuis 2002, la délinquance a chuté de 16,5%. L’année dernière, il y a eu 678000 crimes ou faits de délinquance de moins qu’il y a dix ans. Ça, c’est du palpable.

Doit-elle avoir ses 500 signatures ?
Il serait normal que quelqu’un qui représente un courant d’opinion — les sondages en témoignent — soit candidat. Il y a en France 43 000 élus habilités. Ça lui laisse de la marge.

Peut-elle être au second tour ?
Je ne crois pas. Elle est uniquement dans l’incantation, il n’y a pas de propositions.

Elle parie sur l’éclatement de l’UMP si Sarkozy n’est pas réélu…
Ne faisons pas de politique-fiction. Et je suis sûr que Nicolas Sarkozy sera réélu.

Nicolas Sarkozy reste devancé dans les sondages par Hollande. Doit-il annoncer sa candidature ce soir à la télévision ?
A ma connaissance, il n’a pas prévu de le faire. Il ne peut pas être candidat et gérer avec efficacité les affaires de la France. On ne va pas attendre encore six mois que les élections aient eu lieu pour traiter la question de l’emploi.

Il a évoqué la possibilité d’une défaite. Reste-t-il le meilleur candidat ?
Il n’y a aucune raison de douter.

Quand connaîtra-t-on son projet ?
Dans ses déclarations, il y a déjà bien des éléments que l’on peut retenir comme faisant partie de son projet politique. Début janvier, en déplacement à Chasseneuil-du-Poitou, son discours sur l’éducation était par exemple précis.

François Bayrou est-il un adversaire ou un concurrent de Nicolas Sarkozy ?
C’est un concurrent. Le centrisme, ça existe, mais plus je l’entends parler, plus je me dis qu’il appartient à notre famille. Sa pensée politique est très proche de la nôtre. Sur la gestion des finances publiques, par exemple, nous sommes sur la même ligne.

L’antisarkozysme, qui reste très fort, ne vous inquiète pas ?
Il n’y a pas le même élan qu’en 2007, c’est vrai. Mais le président a géré cinq ans d’une crise exceptionnelle. Il faut savoir si on vote pour un président qu’on aime ou pour un président qui va conduire avec efficacité le pays dans des temps qui vont rester très difficiles. Il faut choisir quelqu’un de crédible pour diriger la France. Personne ne peut penser que M. Hollande, avec la suffisance qu’il affiche, va ainsi faire plier M. Obama, Mme Merkel, M. Hu Jintao. Regardez lors des négociations avec les Verts : on dit qu’il a troqué des circonscriptions contre des centrales nucléaires. Mais c’est pire : il a cédé les deux !

Quelles erreurs a-t-il commises ?
En début de mandat, la soirée au Fouquet’s n’était sans doute pas la meilleure des choses… Lui-même en a convenu.

Que lui conseilleriez-vous pour redresser son image ?
Il doit continuer à gouverner la France et apporter des solutions. Les leçons de M. Hollande sont tout de même curieuses : la Corrèze, c’est la Grèce de la France! C’est le seul exemple de collectivité qu’il ait gérée puisqu’il n’a pas été au gouvernement. Or la Corrèze a présenté un plan de redressement au gouvernement. On lui a apporté 11,5 M€. Et puis, comme le fait le FMI, on lui a demandé de prendre des mesures de redressement. Il a augmenté les tarifs des transports scolaires, celui des cantines, etc. Voilà l’exemple de la gestion de M. Hollande!

Vous aviez dit l’été dernier que vous renonciez à l’idée de briguer un siège de député. Pourquoi avez-vous changé d’avis ?
Cet été, j’avais abandonné cette idée parce que j’ai été opéré du cœur et je me demandais si j’aurais la force et le goût d’y aller. Et puis j’ai retrouvé toute ma forme et l’envie. Quand le député et maire de Boulogne m’a proposé de présenter ma candidature à sa succession, je n’ai pas hésité longtemps.

Mais, à droite comme à gauche, les parachutages passent mal…
Je ne suis pas parachuté. S’il y a un lieu où j’ai une histoire, c’est Boulogne : j’y ai habité cinq ans et demi en deux fois, j’y ai été très heureux, je me sens en affinité avec la psychologie de la ville, une population innovante, travailleuse, humaniste… La question principale est de savoir si l’on peut être utile à une circonscription. Dans le débat national, je peux faire valoir un certain nombre de valeurs de respect et de solidarité qui sont celles de Boulogne.

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