`Quelle intense activité diplomatique, ces derniers jours à Berlin! La chancelière Merkel a reçu bon nombre de dirigeants européens dans la perspective du sommet des 27, demain à Bruxelles. Avec une absence remarquée: celle de Nicolas Sarkozy. Pourtant, depuis des lustres, Français et Allemands se «consultent» avant une réunion de crise – et celle de demain en sera de nouveau une, malgré un ordre du jour officiel plutôt léger.
Pourquoi? Parce que Paris, sans son triple A, ne peut que suivre Berlin? Ou par désir de faire oublier l’ère «Merkozy» à l’heure où les critiques internationales pleuvent sur la politique de l’Allemagne? En dénonçant sa gestion de la crise de l’euro, sans oublier des constats inattendus comme celui de l’OIT – Organisation internationale du travail – mettant les succès économiques du pays au compte de criantes injustices salariales.
Mais les chefs de gouvernement italien et espagnol en tête, les hôtes de la chancelière ont surtout constaté que Berlin restait ferme sur ses positions. Ainsi, les eurobonds sont hors de question, une extension des pouvoirs d’intervention de la BCE de Francfort aussi. Le nouveau Mécanisme de stabilité MES sera limité à 500 milliards, et pour nos voisins, «solidarité» européenne rime toujours avec «responsabilité» des Etats membres: les «cigales» sont d’abord priées de mettre de l’ordre chez elles par l’austérité traduite en cette «règle d’or» arrêtée le 9 décembre, dont la mouture décisive sera présentée demain. Et s’ajouterait une nouvelle clause: selon Berlin, ne pourraient prétendre à la solidarité européenne que les Etats ayant ratifié la fameuse règle dictant l’équilibre budgétaire. Sans même évoquer le cas désespéré de la Grèce, totalement incapable de gérer son budget!
A lire la presse d’outre-Rhin, on s’interroge aussi en haut-lieu sur l’avenir politique français. Ainsi, la CDU/CSU a beau soutenir l’UMP et Angela Merkel participer à l’un ou l’autre meeting électoral de Nicolas Sarkozy, Berlin scrute les sondages annonçant la victoire de François Hollande. Or, le candidat socialiste veut renégocier au niveau de l’euro, notamment sur la règle d’or. Telle qu’elle existe, sa ratification par la France deviendrait alors impossible. Quant à la reconduite de l’actuelle majorité et du président sortant, nos voisins savent qu’elle ne se fera pas par le seul serrage de ceinture... à l’allemande.
Autant dire que les élections françaises pèseront lourd sur l’Europe et l’euro.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire