vendredi 12 septembre 2014
Démocratie
Il est probable que ça passe, il est toujours possible que ça casse. Ainsi va la vie de Manuel Valls sur cette scène de théâtre qu'est l'Assemblée nationale, où doit se jouer, durant cette session extraordinaire, le premier acte fondateur du social-libéralisme.
Nous y entendrons toutes espèces de tirades, l'enflammée, l'indignée, la méthodique ou la bavarde ; nous y retrouverons la grande scène des portes qui claquent ainsi que les habituels conciliabules de coulisses, les complots sitôt ourdis sitôt éventés, les charges surjouées de l'opposition, les propos d'initiés dont le peuple se fiche mais qui font la gourmandise de ses représentants, nous vivrons au spectacle des vacarmes, des huées, des pupitres et des bravos, sans oublier le cliquetis feutré des tweets, les endormissements de 14h30, ou les coups de tonnerre réservés aux caméras de télévision – et, dans les seconds rôles des sauvageons, voici que s'avancent déjà les députés Thomas Thévenoud et Jean-François Copé qui ont en commun la faculté de ne jamais rougir de honte.
Toute cette effervescence en costume-cravatte constitue, de république en république, le charme récurrent du parlementarisme, sous l'inébranlable regard des huissiers qui en ont vu d'autres.
S'il fallait s'en arrêter là – aux seuls détails de cette tragicomédie tellement humaine –, Balzac aurait fait un éminent chroniqueur pour chaîne d'info en continu. Mais, après tout, si on attache tant d'importance à toute cette écume, c'est qu'il y a, malgré la houle du débat, une même volonté de faire vivre et d'assumer jusqu'au bout le destin de notre démocratie.
Facile à dire, dans un pays aussi complexe que le nôtre, et dans les circonstances délicates – pour ne pas dire délétères – que nous savons. Et pourtant, c'est bien ici que doit se jouer l'avenir immédiat du pays, c'est bien ici que la représentation nationale doit débattre, amender et voter les lois, c'est-à-dire répondre aux volontés supposées d'un peuple qui ne donne jamais tout à fait sa confiance.
Le rôle de l'Assemblée nationale s'est sans aucun doute appauvri sous la Ve République, mais elle détient toujours le redoutable privilège de renverser le gouvernement – ce qui implique qu'entre les deux pouvoirs, l'exécutif et le législatif, il ne devrait jamais y avoir de désaccord !
Pourrait-il en être différemment lors de cette session de fin d'été ? En engageant mardi prochain la confiance, c'est-à-dire la survie de son gouvernement – et indirectement de la majorité de gauche –, le Premier ministre dramatise à dessein une situation déjà périlleuse. Loin de la violence qui s'exprime dans les sondages d'opinion ou se déverse sur les blogs, Manuel Valls affronte en quelque sorte le peuple, mais à travers ses représentants. ça amortit les chocs.
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