Que le gouvernement ait obtenu du Parlement la prolongation de l’intervention aérienne en Libye ne faisait aucun doute. Pratiquement à la tête politique de l’opération depuis que les États-Unis se tiennent en retrait, à l’origine aussi des premières frappes en mars, la France est engagée jusqu’au bout. Retirer ses forces comme le fait l’Italie qui rapatrie son porte-aéronefs serait politiquement désastreux auprès des alliés de l’OTAN et au-delà. Un tel revirement conforterait tous les dictateurs de la planète en prouvant une fois de plus, après bien des exemples malheureux, que les résolutions du Conseil de sécurité ne sont que du vent… et l’Alliance atlantique, un tigre en papier.
À la pointe de l’intervention, peut-être lancée trop précipitamment après l’apathie totale devant les événements en Tunisie et en Égypte, la France n’a d’autre choix que d’assumer. Pour un coût qui avoisinerait déjà les 160 millions d’euros, elle fournit le quart des efforts militaires – autant que le Royaume-Uni – avec, notamment, 35 sorties aériennes par jour à partir du « Charles de Gaulle ». Les États-Unis assurent une très conséquente logistique mais, hormis le Canada, les autres pays de l’OTAN se contentent du minimum. Sans oublier le « Nein » de l’Allemagne, certes quelque peu oublié dans une Europe mobilisée par la crise des dettes souveraines, mais qui, à Paris, à Londres et au Quartier général de l’OTAN à Bruxelles, reste en travers de la gorge…
Néanmoins, « il faut savoir mettre fin à une guerre » a déclaré hier à Kaboul le président Sarkozy… en parlant de l’Afghanistan. Cette vérité vaut aussi pour la Libye et les éventuelles « portes de sortie » sont étudiées aussi fébrilement que les cibles potentielles des bombardiers. Que la solution ne sera pas exclusivement militaire ne fait déjà aucun doute. Même si les forces de Benghazi gagnent petit à petit du terrain, elles continuent à se heurter à des milices « kadhafistes » opérant aujourd’hui par petits groupes mobiles – et non plus en colonnes lourdement armées – pour échapper aux opérations aériennes. Une intervention terrestre de l’OTAN restant exclue, cette guerre civile n’est pas prête de s’éteindre. Et pendant ce temps, la population civile souffre. En Cyrénaïque libérée et à Tripoli soumise aux bombardements quotidiens avec leurs « dégâts collatéraux » qu’il serait honteux de passer sous silence.
Depuis des semaines, les émissaires se succèdent en Libye. Paris et Londres seraient de véritables « plaques tournantes » pour négociateurs officieux. La pression diplomatique sur le clan Kadhafi est énorme et le Conseil national de transition en place à Benghazi a gagné sa légitimité auprès de la communauté internationale.
Secrets ou menés en toute transparence par l’Union africaine, les pourparlers achopperaient surtout sur le sort du « guide suprême », de ses fils, de ses sbires… et des richesses accumulées par le clan. Que la Cour pénale internationale ait lancé un mandat d’arrêt contre Kadhafi renforce encore l’obstruction des maîtres de Tripoli. Or Mouammar Kadhafi, qu’il jette finalement l’éponge ou qu’il soit démis, ne peut rester en Libye, un pays maillé de liens tribaux et d’allégeances personnelles qui, très vite, rallumeraient la guerre…
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