L'option d'une telle réunion à l'initiative du président de l'UE Herman Van Rompuy, visant à frapper fort en vue d'apaiser les marchés financiers alors que l'Union monétaire vacille sur ses fondements douze ans après sa création, avait filtré mardi. Mais il est apparu dès mercredi qu'elle ne faisait nullement l'unanimité, l'Europe replongeant dans la cacophonie et l'indécision. Le gouvernement allemand a assuré ne rien savoir d'une telle initiative. Il n'y a pas "de projet concret de sommet" extraordinaire, a assuré une porte-parole à Berlin, laissant transparaître le peu d'enthousiasme de l'Allemagne. Du coup, "il est très, très improbable que la réunion ait lieu vendredi", a indiqué en début de soirée une source diplomatique. Elle devrait être repoussée au mieux "en début de semaine prochaine", le temps de surmonter les clivages persistants, a-t-elle ajouté. "Le fond de l'affaire est que les Allemands sont très irrités de ne pas avoir été informés au préalable de ce projet" et ont le sentiment qu'on veut leur "forcer la main pour signer un accord", a souligné une autre source diplomatique. A Paris, la tonalité est différente. La France s'est dite favorable sur le principe à "l'organisation de réunions de l'Eurogroupe en cas de besoin".
Mais face à ces rebuffades et autres marques d'irritation, les experts s'arrachent les cheveux : "Le spectacle que donnent les Européens face à la crise grecque est un véritable désastre", déplore Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, dans une lettre ouverte. Pour lui "l'Europe danse au bord du gouffre" à cause de ses tergiversations. Selon une source diplomatique, "l'incertitude est liée au fait que les dirigeants européens veulent être sûrs d'en sortir avec quelque chose de consistant". Or, l'Allemagne juge à ce stade qu'il est trop tôt pour parvenir à un accord global.
Quoiqu'il en soit, le spectacle fait peine avoir. D'autant plus qu'il semble devenir une habitude. Les pays européens peinent toujours à surmonter leurs clivages sur le problème à l'origine de la récente poussée de fièvre dans la zone euro: la mise au point d'un deuxième programme de prêts promis à Athènes pour mettre le pays à l'abri jusqu'à mi-2014, au moins. Le Fonds monétaire international (FMI) a chiffré mercredi le chèque à signer par les pays européens à 71 milliards d'euros et celle des créanciers privés à 33 milliards d'euros. L'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande notamment exigent qu'on fasse contribuer cette fois ces banques créancières de la Grèce, condition nécessaire à leurs yeux pour que leurs opinions publiques nationales acceptent de nouveaux prêts. Mais de leur côté, la Banque centrale européenne (BCE), la France ainsi que tous les pays en difficulté de la zone euro redoutent que cela n'alimente la contagion.
Pendant ce temps, les investisseurs semblent de plus en plus douter de la capacité de la zone euro à surmonter ses problèmes : l'agence Fitch a sèchement dégradé mercredi de trois crans la note de la dette souveraine de la Grèce, dénonçant l'absence d'un nouveau plan d'aide "crédible et financé" de l'UE et du FMI. Très alarmiste, la ministre finlandaise des Finances Jutta Urpilainen a appelé à la mobilisation générale car à ses yeux "il y a un réel danger que cette crise se propage comme une déferlante".
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