La France et l'Allemagne travaillent dans l'urgence pour trouver une solution.
Le temps est compté. À deux jours d'un sommet crucial pour la zone euro, Paris et Berlin lancent des signaux positifs sur l'issue des discussions en vue d'un deuxième plan d'aide à la Grèce et de l'adoption de mesures pour enrayer la contagion de la défiance des marchés à d'autres maillons considérés comme faibles dans la zone euro : Italie, Espagne. "Je suis confiant, déclare ainsi François Baroin. On travaille énormément à une solution qui permette - c'est l'objectif de la France - d'éviter un défaut collectif ou un événement de crédit." "Le sommet du 21 juillet aboutira à un bon résultat susceptible de calmer les marchés", a lancé de son côté le porte-parole du gouvernement allemand.
Mais les marchés sont restés sourds à ces paroles. Lundi, les Bourses européennes ont dévissé. Paris a terminé au niveau le plus bas de l'année. Mardi matin, elles reprenaient un peu de couleur, mais les places restent nerveuses, volatiles. Car la crise de la dette qui secoue la zone euro depuis plus d'un an est aussi une crise de leadership politique. Depuis que la Grèce a commencé à plonger, plusieurs pays - Allemagne, Pays-Bas - rechignent à lui venir en aide. Les Finlandais sont même allés jusqu'à réclamer des garanties sur le patrimoine grec en échange de leur soutien. Si les gouvernements européens ne se font pas confiance, comment les investisseurs privés pourraient-ils leur accorder du crédit ?
Il faudra donc plus que des mots pour ramener la sérénité. Des actes forts, des décisions sans ambiguïtés sont obligatoires. La réunion se prépare intensément. "Il y a des contacts quotidiens au plus haut niveau entre Paris et Berlin", confirme Alain Juppé. Des solutions se dessinent. Elles passent d'abord par un rachat par la Grèce d'une partie de ses propres obligations. Le pays n'a pas les moyens de payer. L'argent viendrait du "fonds de soutien européen" mis en place après le premier plan d'aide à la Grèce.
Faire participer le secteur privé
Ce fonds, qui bénéficie de la note la plus élevée sur les marchés (AAA), lèverait de l'argent à un taux faible, qu'il prêterait dans la foulée à Athènes à un taux avantageux pour lui permettre de racheter sa dette : l'opération réduirait le volume global de l'endettement du pays (350 milliards d'euros) et le montant des intérêts à verser. Ceci donnerait à la Grèce l'oxygène nécessaire pour faire repartir sa machine économique. Autre hypothèse : c'est le fonds lui-même qui rachète de la dette. Avantage, dans les deux cas : elle ne vaut aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié de sa valeur d'origine.
Parallèlement, des discussions sont toujours en cours pour une participation du secteur privé. Berlin et La Haye n'en démordent pas : les banques, les assurances et autres fonds créanciers de la Grèce doivent être mis à contribution, c'est-à-dire encaisser des pertes sur la dette qu'ils possèdent. Mais la Banque centrale européenne s'y oppose. Selon Jean-Claude Trichet, son président, les options actuellement sur la table entraîneraient un défaut de paiement de la Grèce. Ceci obligerait la BCE à ne plus accepter les obligations du pays en garantie pour prêter de l'argent aux banques et contraindrait les gouvernements à renflouer eux-mêmes le système bancaire en Grèce et ailleurs dans la zone euro. Casse-cou !
Coincés entre ce risque et la détermination allemande, les directeurs du Trésor, assistés de leurs experts, se sont engagés sur une nouvelle piste qui éviterait tout risque de défaut de paiement : taxer les banques. Mais il faudrait alors trouver un système pour taxer principalement les établissements exposés à la dette grecque tout en épargnant les autres. Il reste deux jours.
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