La zone euro a rendez-vous avec son avenir le 21 juillet. Il s'agira en effet non seulement d'assurer le sauvetage financier de la Grèce mais de convaincre que la zone euro n'éclatera pas. Les pistes sur la table.
Le sommet convoqué le 21 juillet a toutes les allures de réunion de la dernière chance pour la Grèce et la zone euro. Au-delà du sauvetage d'un pays, il s'agit en effet d'éviter la contagion de la crise de la dette à d'autres pays de l'euroland, et donc in fine d'éviter son implosion. La Grèce a besoin de 110 milliards d'euros pour éponger ses déficits et rembourser ses prêts jusqu'en 2014. Selon le FMI, qui se demande encore s'il va participer à ce second plan d'aide, 70 milliards doivent être apportés par l'Europe via le Fonds de Secours Financier Européen et une trentaine par le secteur privé. Mais au delà du montant, c'est surtout la manière qui importe. Revue des solutions actuellement sur la table.
La restructuration de la dette grecque Mot longtemps tabou dans la zone euro, la restructuration est de plus en plus considérée comme inévitable. Et pas seulement par les spéculateurs qui auraient intérêt à un défaut de la Grèce. De nombreux économistes estiment en effet que la rigueur imposée au pays ne suffira pas à réduire suffisamment le stock d'une dette qui s'élève aujourd'hui à 350 milliards d'euros. Voire qu'elle sera contre productive en pesant durablement sur les recettes fiscales. Ils préconisent donc une réduction du montant de la dette et un étalement des remboursements. Il existe plusieurs façons de procéder, la meilleure étant évidemment de rechercher un accord avec les créanciers. Le principal problème de la restructuration, c'est qu'elle débouche le plus souvent sur un défaut de paiement. Avec des conséquences potentiellement très dangereuses
La participation du secteur privé C'est cette exigence de l'Allemagne et de quelques autres pays comme les Pays-Bas qui est à l'origine des atermoiements de la zone euro. L'objectif affiché est d'obliger les banques, assurances et autres fonds de pension qui ont prêté de l'argent à la Grèce à le reprêter au fur et à mesure des remboursements qui leur seront faits au cours des deux prochaines années. L'idée étant que les contribuables européens ne soient pas les seuls à assumer les risques du second plan d'aide à la Grèce. Problème, ce refinancement forcé est très mal vu par les agences de notation qui l'assimilent à un ce qu'il est, un rééchelonnement de la dette, et se disent donc prêtes à constater un défaut de paiement. D'où la proposition plus soft de la France, négociée avec ses banques nationales, de ne remettre au pot que 50% seulement des sommes remboursées. Et ce via des prêts à très long terme de 30 ans. Mais cette solution soi disant " volontaire " n'a pas davantage convaincu les agences de notation et a donc été retoquée.
La réduction de la dette grecque C'est une des solutions qui monte dans le débat européen. Elle a même été évoquée par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui n'y était pourtant pas favorable au départ. Il s'agirait de prêter de l'argent à la Grèce afin qu'elle rachète une partie de sa dette sur le marché secondaire ou de faire racheter ces obligations par le Fonds de secours européen. Avantage ? Les titres grecs sont considérés comme tellement risqués qu'ils s'échangent aujourd'hui à des prix à peine supérieurs à leur valeur faciale. Racheter dans ces conditions permettrait donc à la Grèce de réduire d'autant le montant de sa dette. Le montant du gain pourrait ainsi atteindre 20 milliards d'euros. Cerise sur le gâteau, cette opération ne donnerait lieu à aucun défaut. Selon le quotidien Die Welt, les pays de la zone euro envisageraient même de mettre en place une taxe bancaire pour racheter ces obligations grecques. Taxe qui s'appliquerait même sur les banques non directement engagées en Grèce.
Le défaut de paiement Un pays se retrouve en situation de défaut de paiement quand il ne peut régler une échéance d'intérêts ou de dette. Mais les agences de notation n'ont pas forcément besoin d'une manifestation aussi spectaculaire pour constater ce qu'elles appellent un événement de crédit. Une modification des conditions initiales d'emprunt - comme un rééchelonnement - peut leur suffire. Or un défaut, même partiel ou sélectif de la Grèce serait un véritable cauchemar pour la Banque Centrale Européenne. Jean-Claude Trichet a ainsi rappelé ce week-end le risque de faillite de tout le système bancaire grec car la BCE ne pourrait plus accepter les obligations de l'Etat grec comme collatéral pour lui accorder des liquidités. Sans compter que la BCE, qui possède des milliards de ces obligations, verrait son bilan fragilisé. Jean-Claude Trichet a donc prévenu les Etats de la zone euro qu'ils devraient assumer un tel défaut en recapitalisant la Banque centrale. Reste qu'au-delà, ce sont les conséquences systémiques d'une défaillance de la Grèce qui inquiètent la BCE et les marchés après le précédent de Lehman Brothers.
Des nouveaux outils d'intervention ?
Face à cette pression des marchés, de plus en plus de voix s'élèvent pour donner à l'Europe de nouveaux moyens d'action pour défendre la dette souveraine de ses Etats membres ou pour garantir leur financement. Cette solution va donc au-delà du seul cas grec. L'eurogroupe entend notamment renforcer " la flexibilité " et " l'envergure " de son Fonds de secours financier, doté d'une capacité de prêts de 440 milliards d'euros, en lui permettant de racheter des dettes souveraines sur le marché secondaire, à l'instar des interventions de la BCE. Allant encore plus loin, les principaux responsables du Parti des socialistes européens ont appelé ce week-end à la création d'une agence de restructuration de la dette et à des euro-obligations. Régulièrement envisagé par des Etats membres, voire par la Commission européenne, l'émission d'un emprunt commun à l'intérieur de la zone euro est censé permettre de peser à la baisse sur le niveau des taux d'intérêt de la dette, mais aussi de lever une somme plus importante. Reste que l'idée est parfois considérée comme une fausse bonne idée. Surtout, elle est combattue par l'Allemagne d'Angela Merkel qui entend continuer à bénéficier des meilleures conditions d'emprunt de la zone euro.
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