Les dirigeants des 17 pays membres de la zone euro se réunissent, jeudi 21 juillet, pour tenter de mettre au point un deuxième plan de sauvetage de la Grèce. Alors que la crise de la dette grecque affole l'Union européenne (UE), plusieurs pistes ont été avancées pour l'enrayer, sans qu'aucune ne fasse l'unanimité. Avant le sommet de jeudi, Le Monde.fr les passe au crible. Première solution étudiée : la proposition des socialistes européens, présentée samedi 16 juillet, de créer des euro-obligations.
- Une idée proche du fédéralisme budgétaire
Cette solution aurait donc l'avantage de soulager le gouvernement grec, qui serait soutenu par toute la zone euro, tout en évitant un défaut de paiement, rédhibitoire aux yeux de la Banque centrale européenne (BCE). Les agences de notation ont en effet prévenu que les autres solutions envisagées jusqu'ici pour aider la Grèce, notamment celle qui consiste à impliquer le secteur privé, seraient assimilées à un rééchelonnement de la dette. Et donc à un défaut de paiement partiel, susceptible de provoquer une nouvelle dégradation de la note grecque.
"Les euro-obligations permettraient aux Etats membres de fournir des garanties collectives aux créanciers, confirme Iain Begg, professeur spécialiste de la zone euro à la London School of Economics (LSE). Les Etats de la zone euro bénéficieraient en fait de la crédibilité allemande et les euro-obligations rendraient beaucoup plus compliquée la mise en danger d'un pays par les marchés." De plus, "la création d'euro-obligations faciliterait les investissements de la Chine ou des Etats du Golfe au sein de l'Union européenne".
"C'est l'idée qui s'approche le plus du fédéralisme, abonde Céline Antonin. À partir du moment où il y a des obligations communes, ça veut dire qu'il y a une dette commune. C'est une mutualisation de la dette."
- Une solution défavorable à l'Allemagne
Les Allemands peuvent actuellement emprunter à 2,65 % lorsqu'ils émettent des obligations à 10 ans. Les obligations grecques, quant à elles, s'échangent, pour une durée similaire, à un taux supérieur à 15 %. Le taux des euro-obligations devrait tenir compte de ces disparités et serait "une sorte de moyenne des différents taux au sein de la zone euro", explique Céline Antonin. Ce système "bénéficierait aux pays qui ont du mal à emprunter sur les marchés", mais "léserait les pays qui se financent très facilement".
L'économiste ajoute qu'une mutualisation "pourrait avoir comme inconvénient d'encourager un certain laxisme budgétaire". "Car si vous savez qu'il y a une supra-instance européenne qui émet des obligations, cela peut conduire à se montrer moins strict sur ses propres comptes publics", prévient-elle.
- Une "construction politique qui prend du temps"
D'autant plus que "le même problème se posera tôt ou tard : qui paie pour l'insolvabilité des Grecs ?", interroge M. Vranceanu. "Créer des euro-obligations pourrait fonctionner si la Grèce avait un problème de liquidité, c'est-à-dire s'il s'agissait d'un problème temporaire. Mais aujourd'hui, tout le monde pense que les Grecs ont un problème d'insolvabilité. C'est-à-dire que les ressources dont ils disposent ne leur permettront jamais de rembourser l'ensemble des obligations de l'Etat grec."
Romain Brunet
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