jeudi 30 juin 2011
«Qu’est-ce que c’est doux !» Prononcée doctement en caressant le poussin jaune d’un élevage de volailles, hier à Sablé-sur-Sarthe, l’immortelle parole présidentielle fait figure d’antithèse modèle dans une campagne où la brutalité n’épargnera rien ni personne. Une merveilleuse surprise à l’image de cette visite du couple de l’exécutif – miracle de l’agenda élyséen – sur les terres du chef du gouvernement. De bien belles images bucoliques qu’on aimerait voir plus souvent, destinées à montrer comment ces deux-là, dont on dit qu’ils s’agacent souvent, forment, en définitive, un duo de choc. Une trouvaille de communication pour occuper un peu de terrain médiatique en ce jour qui devait laisser la part du lion à la très solennelle déclaration de candidature de la première secrétaire du PS.
Si on se place dans cette perspective, Martine Aubry n’aura pas eu de chance. Il faut dire qu’elle ne l’a pas forcée non plus avec ses… 13 (aïe !) minutes de discours sans originalité, ni inspiration, débitées laborieusement sans passion ni flamme. Des formules standard, des images éculées et un réquisitoire attendu contre le régime de Nicolas Sarkozy. Des mots, des phrases, des concepts qu’on aurait pu entendre il y a cinq, dix ou dix-sept ans tant ils étaient prévisibles, hélas. Le train-train de la fin du XX e siècle politique – dans une vieille gare du nord superbement réhabilitée tout de même – quand le suivant est déjà passé depuis onze ans. On soupire. La rhétorique électorale de celle que ses adversaires hautement spirituels persistent à nommer finement « la dame des 35 heures » est semblable à la mécanique d’une Pacific 231: bien huilée et souvent efficace mais pas franchement moderne. Ses amis, eux, l’auront complimentée, c’est humain. Mais au fond – lui dira-t-on ? – c’est une occasion ratée à laquelle nous avons assisté. Et la tentative d’ignorer l’obstacle des primaires pour parler directement aux Français avait la légèreté d’un char d’assaut AMX 30 (d’ancienne génération, donc).
Une autre femme lui aura même – un peu – volé la vedette. Un luxe à saluer dans une France politique qui demeure si sexiste. Christine Lagarde élue à la tête du FMI par 24 administrateurs masculins, c’est tout de même une bonne nouvelle en espérant qu’elle mettra «moins de testostérone» (l’expression est d’elle) que tous ses prédécesseurs dans les traitements de choc que son institution administrera aux pays en difficulté. Mais hier, c’était bombance à Paris avec une troisième femme en passe de forcer la main à l’actualité : Eva Joly, qui serait sur le point de l’emporter dans la primaire écologiste, face à Nicolas Hulot. Une probabilité qui, si elle se vérifiait, rendrait bien service à Jean-Louis Borloo. Addition, additions: l’addiction générale pour 2012?
Un vote sur des charbons ardents
Nous avons vécu et nous vivons, en tout cas jusqu'à demain soir, 48 heures d'incertitude. Pour la Grèce et pour la zone euro. Même si le scenario d'un rejet du plan d'austérité par les députés semble s'éloigner, il ne faut rien exclure.
C'est la première fois qu'une telle situation se produit depuis le retour de la démocratie dans le pays [en juillet 1974]. Parce que nous sommes arrivés à la limite. C'est ce qui ressort de la pression qui pèse sur les députés qui sont appelés à se prononcer sur le plan d'austérité.
Bien entendu, le gouvernement se trouve confronté à une crise imprévisible. Parce que même si le plan d'austérité est voté (et ce sera grâce aux voix des députés de l'opposition vu la réticence des députés de la majorité socialiste), l'équilibre du gouvernement sera remis en cause.
Et ça, les députés du PASOK [le Parti socialiste au pouvoir, qui dispose d'une majorité de 155 députés sur 300] le savent bien. Ils sont sous pression : avec d'un côté leurs électeurs qui refusent les mesures drastiques prévues par le plan d'austérité, de l'autre ils ont le devoir de soutenir le gouvernement.
On sait cela aussi au siège du gouvernement, d'où est partie l'entreprise de persuasion du nouveau ministre des Finances Evangelos Venizelos pour convaincre la majorité parlementaire par la promesse d'un dialogue social.
Mais le problème grec perturbe aussi les centres du pouvoir européen. Tous concentrent leur attention sur la place Syntagma [où se déroulent les principales manifestations contre le plan d'austérité]. Les déclarations de Van Rompuy ou Barroso, d'Olli Rehn ou Wolfgang Schäuble expliquant que notre pays "n'a pas d'autre alternative" et qu'il "n'y a pas de plan B" peuvent comporter un élément de chantage. Mais aussi accroître l'incertitude.
D'un côté, il y a les dénégations catégoriques de responsables institutionnels que "il n'y a pas de plan B" pour la Grèce. De l'autre, des initiatives naissent comme en France et en Allemagne, sans que l'on en connaisse les détails, ni que l'on puisse déterminer quelle sera la réaction des marchés, que tout le monde craint.
Dans ce climat d'incertitude, et de retenue, les députés sont invités à dire simplement oui ou non…
Commentaire
Bruxelles ne plaisante pas
Le Parlement grec adopte le nouveau plan d'austérité
Athènes, correspondant - Le Parlement grec a adopté, mercredi 29 juin, le nouveau plan d'austérité proposé par le gouvernement sur l'insistance du FMI et de l'Union européenne. Le texte a obtenu 155 voix pour, 138 contre et cinq abstentions.
Les députés ont voté à main levée, égrénant chacun un "oui" ou un "non", dans une ambiance silencieuse au début, qui est devenu plus chahutée quand l'un des principaux opposants au plan, Alexandros Athanasiadis, est revenu sur son choix et a pris la parole pour annoncer qu'il votait oui, sous les applaudissements de ses collègues. (Retrouvez le récit du vote en direct)
"Faisons tout pour éviter au pays ce que signifie un défaut de paiement" avait demandé le premier ministre Georges Papandréou avant le vote. Plusieurs responsables européens avaient prévenu que la Grèce ne toucherait pas la prochaine tranche de 12 milliards d'euros, début juillet, si le plan de rigueur était rejeté.
Les députés doivent voter demain sur les lois d'application de ce plan à moyen terme qui prévoit de dégager 28 milliards d'euros d'économie d'ici 2015. Nouvelle Démocratie pourrait voter en faveur des lois mettant en œuvre les privatisations qui suscitent des réserves au sein du Pasok.
mercredi 29 juin 2011
La femme est le présent de l’homme. C’est l’actualité qui nous le dit, de Washington à Paris. Christine Lagarde devient la première femme directrice générale du FMI. Martine Aubry, qui fut la première femme à diriger le Parti socialiste, est maintenant sa favorite pour la candidature présidentielle. En concurrence avec une autre femme, Ségolène Royal, et certes un homme, François Hollande. Jusqu’à Eva Joly, dont tant se moquèrent, qui pourrait bien supplanter Nicolas Hulot chez les Verts... Oui, la femme est bien le présent de l’homme - mais pas encore son égale. Dans la réalité quotidienne, c’est toujours papa lit et maman coud, a constaté hier une conférence d’experts. Et sous le sapin de Noël, c’est voiture de course pour les garçons et chariot de ménage pour les filles... Ne nous y trompons pas: l’émancipation de quelques-unes ne fait pas l’égalité de toutes.
Soyons réalistes avec Pékin
Le Premier ministre Wen Jiabao vient de se rendre en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Hongrie. Pourquoi la Hongrie ? En partie parce que c’est Budapest qui assure la présidence tournante de l’Union Européenne, mais aussi parce que Pékin y a considérablement investi et compte continuer — comme ailleurs en Europe du Sud et du Sud-Est. Une étude qui devrait bientôt être publiée par le Conseil européen des relations étrangères (ECFR) estime que 40 % des investissements effectués par la Chine dans l’UE sont à destination du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, de la Grèce et de l’Europe orientale.
L'Europe a besoin de l'argent chinois
Pourquoi un tel intérêt pour la périphérie ? Eh bien, on peut y réaliser des investissements prometteurs, et ces économies périphériques, plus modestes, offrent un moyen plus aisé d’accéder au marché unique et à ses 500 millions de consommateurs. Le marché de l’UE est beaucoup plus ouvert aux investisseurs de Pékin que son équivalent chinois ne l’est aux Européens. Et il est également rentable sur le plan politique d’investir vigoureusement dans ces pays. Ce n’est pas faire preuve de trop de cynisme que de supposer que la Chine se constitue une sorte de lobby au sein des structures décisionnelles de l’Union, où les Etats les plus petits ont, du moins en principe, autant de poids que les plus grands.Disposant des plus grandes réserves de devises étrangères de la planète — soit, actuellement, environ 3 000 milliards d’euros —, la Chine pourrait racheter la moitié des actifs publics grecs privatisables d’un claquement de doigt. Les Grecs devraient-ils se méfier de ces cadeaux chinois ? Ma foi, à cheval offert, on ne regarde pas les dents. Comme l’a déclaré, avec une exquise délicatesse, un spécialiste chinois de la géostratégie à l’un des auteurs du prochain rapport de l’ECFR : "Vous avez besoin de notre argent."
Toutefois, il ne faut pas non plus basculer dans la paranoïa. Quand on défend le libre échange et la loi des marchés, alors, il faut pratiquer ce que l’on prône. Il ne fait cependant aucun doute que la puissance économique chinoise a déjà atteint le cœur de l’Europe, et qu’elle s’y traduit par une influence politique.
Quelques-uns des voisins asiatiques de Pékin ont éprouvé à la dure l’ascension de la Chine. Si, en Europe, certains rêvent encore d’un monde postmoderne fait de souveraineté partagée, et où l’UE deviendrait le modèle d’une gouvernance planétaire, en Asie, la géopolitique ressemble de plus en plus à celle de l’Europe à la fin du XIXe siècle — plutôt qu’à celle de la fin du siècle suivant. Des puissances souveraines impatientes jouent des coudes pour la suprématie, se dotent de marines et d’armées, se disputent le contrôle de territoires (comme le Cachemire) et d’espaces maritimes. Les intérêts et les passions nationales passent avant l’interdépendance économique.
Si le rayonnement émergeant de la Chine a des facettes économiques et militaires, il compte aussi une dimension politique, culturelle, celle d’une "puissance douce". Yan Xuetong, un des principaux auteurs chinois dans le domaine des relations internationales, vient de publier un nouvel ouvrage fascinant intitulé Pensée chinoise antique, puissance chinoise moderne. Il y analyse les leçons de la pensée politique d’avant les Qin, autrement dit, antérieure à 221 avant notre ère, pour les adapter au rôle de la Chine dans le monde moderne. Yan affirme que l’on peut dégager deux images opposées de la puissance de l’Etat chez ces penseurs chinois antiques : l’hégémonie ou ce qu’ils définissaient comme "l’autorité humaniste". Avec cette dernière, la sagesse, la vertu et la bienveillance des dirigeants non seulement satisfont leur propre population, mais en attirent d’autres, diffusant du même coup leur vision des choses au-delà de leurs frontières.
Wen Jiabao, un homme réfléchi, "authentiquement séduisant"
S’il ne semble pas totalement hostile à l’hégémonie pure et simple, Yan suggère que la Chine devrait aspirer à cette version plus ambitieuse du pouvoir politique en s’efforçant, entre autres, de "rénover constamment le système politique". Si sa formulation paraît un rien elliptique sur ce point, il avance par ailleurs que “la Chine doit faire du principe moral de la démocratie un de ceux qu’elle défend”.Disons-le, en 2011, la Chine est bien loin de cette "autorité humaniste". Elle peut prétendre, en remontant au grand réformateur Deng Xiaoping, avoir arraché à la misère des centaines de millions de ses habitants. Aux yeux des pays en développement de par le monde, son modèle de capitalisme d’Etat représente un défi idéologique pour le modèle désormais ravagé par la crise du capitalisme de marché.
En la personne de l’homme qui se rend en Europe, Wen Jiabao, elle dispose d’un numéro deux réfléchi, authentiquement séduisant, qui fait preuve d’une remarquable ouverture d’esprit pour débattre des questions critiques avec les étrangers, et qui est populaire même auprès de la jeunesse chinoise, extrêmement critique. Mais depuis deux ans, le parti communiste se montre nerveux.
A la veille de la passation de pouvoir de 2012, il est revenu à une forme d’autorité qui n’a rien d’humaniste — du traitement réservé aux minorités ethniques du pays à la détention de l’artiste Ai Weiwei. Face au spectre du Printemps arabe, il a manifesté une inquiétude a priori injustifiée, si l’on en croit la plupart des observateurs.
Il est impossible de dissocier les trois facettes, économique, militaire et politique, de la puissance chinoise. Toutes évoluent. Des relations critiques, comme David Cameron et Angela Merkel espèrent en établir avec l’admirable M. Wen, sont souhaitables. Mais soyons réalistes, l’influence extérieure sur le développement de cette superpuissance émergeante restera limitée. Par conséquent, autant mettre de l’ordre chez nous, garder l’œil ouvert, et ne pas perdre espoir.
Crise de la dette
Les milliards de Pékin n’ont pas de prix
A quoi tient l'avenir de la Grèce?
L'austérité ou la faillite. Voilà l'alternative peu alléchante qui devrait convaincre le Parlement grec de voter oui d'ici jeudi au plan de rigueur. Le programme pluri-annuel prévoit 28,4 milliards d'euros de mesures d'économies et 50 milliards d'euros de privatisations. La majorité des Grecs n'en veulent pas et ont entamé mardi une grève générale de 48 heures pour le faire savoir. Sauf que si le projet de loi budgétaire ne passe pas, le pays n'obtient pas la dernière tranche de l'aide de l'UE et du FMI et ne peut donc pas faire face à ses prochains remboursements de dette. En somme, il fait défaut. Voici les différents scénarios qui pourraient se dérouler dans les prochains jours, décisifs pour l'avenir de la zone euro.
... Et les créanciers privés adoptent la proposition française de restructuration Une autre solution a été proposée lundi par le Trésor et les banques françaises. Elle se traduirait par un renouvellement sur 30 ans de la moitié des engagements des créanciers privés. De quoi laisser du temps au pays pour redresser ses finances publiques.
Concrètement, les établissements français réinvestissent, chaque fois qu'une obligation grecque est remboursée au cours des trois prochaines années, 70% de la somme qui leur est restituée. Sur ces 70%, 50% seulement vont directement dans des obligations à 30 ans de l'Etat grec. Les 20% restants sont investis dans des obligations à zéro coupon achetées auprès d'un ou plusieurs Etats, institutions supranationales ou agences européennes, notés AAA. Le taux des nouvelles obligations grecques est proche de ceux obtenus par le Fonds de stabilité européen (FESF), qui bénéficie d'une notation "AAA".
Toute la difficulté est d'éviter que la formule adoptée ne soit interprétée comme un défaut de paiement. Il faut pour cela qu'elle soit perçue comme vraiment volontaire de la part des banques. Ce qui est loin d'être garanti.
La France souhaite que ce plan serve de modèle pour les autres pays. Les représentants de plusieurs banques mondiales et des responsables gouvernementaux l'ont évoqué lundi lors d'une réunion à Rome, mais n'ont pas pris de décision. Les ministères des Finances allemand et néerlandais ont salué l'initiative, mais les banquiers allemands ont fait savoir qu'ils préféreraient des échéances plus courtes, de 10 ou 15 ans.
La proposition française comprend aussi une autre possibilité selon Reuters: les participants investiraient un minimum de 90% - un taux de 100% est souhaité - du montant qu'ils recevraient dans de nouvelles obligations de l'Etat grec d'une échéance de cinq ans et portant un intérêt de 5,5%.
Dans les deux cas, un accord avec les banques ne résoudrait qu'une partie du problème. Car les banques commerciales ne détiennent que 27% de la dette grecque, 43% étant détenue par d'autres types d'investisseurs, 14% par la BCE et 16% par l'UE et le FMI, selon le Financial Times.
Le Parlement rejette le planAlors l'UE et le FMI ne versent pas les 12 milliards d'euros prévus, Athènes ne rembourse pas les 2,4 milliards d'euros dus le 15 juillet prochain, et la Grèce est en défaut de paiement. Et là le pire est à craindre. Le parallèle avec la faillite de Lehman Brothers est d'ailleurs souvent évoqué pour mettre en garde contre les effets de contagion planétaire qu'aurait la faillite de l'Etat. Car non seulement les banques grecques s'effondrent, mais les banques européennes détentrices de dette grecques subissent aussi de lourdes pertes. Et les banques américaines qui avaient assuré, via des CDS, leurs consoeurs européennes contre le risque de défaut, se retrouvent également exposées. Surtout, les investisseurs craignent que les autres maillons faibles de la zone euro fassent défaut aussi et se mettent donc à vendre en masse leurs obligations publiques portugaises et irlandaises mais aussi espagnoles et italiennes. Cela fait exploser les taux d'intérêt exigés à ces pays, qui ont par conséquent plus de mal encore à se refinancer. Le FSFE est insuffisant pour renflouer tous les pays à la fois. Plus rien ne les empêche de faire défaut et de quitter la zone euro pour retrouver une monnaie plus compétitive.
Le Parlement rejette le plan, mais il y a un plan B Officiellement, il n'y en a pas. Mais d'après le Financial Times, Berlin aurait poussé pour un plan alternatif qui procurerait suffisamment de liquidités à la Grèce pour éviter le défaut de paiement en juillet au cas où le vote grec serait négatif. Parmi les options possibles pour répondre à une telle situation, il y a "la question de la réactivation du FESF", qui peut prêter de l'argent à un Etat en grande difficulté, indique un diplomate européen. Mais, selon lui, il serait difficilement imaginable que les partenaires de la Grèce acceptent de mettre au pot sans le FMI et sans contrepartie de la Grèce sous forme d'un nouveau plan d'austérité. Une autre solution serait d'utiliser ces fonds publics pour racheter à bas prix des obligations grecques aux banques. Ce qui revient à une restructuration volontaire de la dette.
Christine Lagarde à la tête du FMI
En tant que ministre française de l’Economie, puis pendant sa campagne, celle qui devient la première directrice générale du Fonds monétaire international a plaidé pour un «libéralisme tempéré».
«Le libéralisme est une affaire de règles bien appliquées», aime-t-elle aussi théoriser.
Selon un ancien collaborateur à Bercy, Christine Lagarde se situe à mi-chemin entre les défenseurs d’une dérégulation totale et ceux d’une économie ultra-réglementée.
«Sa vision a gagné du poids avec la crise. Elle garde un certain recul sur le modèle américain, qu’elle connaît bien et auquel elle adhère en grande partie», dit-il.
L’ex-avocate d’affaires n’a pas de formation académique en économie. Certains voient là sa principale faiblesse, au moment où elle devient le médecin et le gendarme d’une économie mondiale convalescente.
«Elle n’a pas vraiment une capacité autonome de réflexion sur ces questions», estime Charles Wiplosz, directeur du Centre international d’études monétaires et bancaires de Genève.
A ses yeux, ce n’est pas un défaut: «Christine Lagarde a une capacité remarquable à absorber ce que son staff lui dit et un talent unique pour le vendre à qui il faut. C’est très bien pour le FMI.»
«Fine diplomate»
«Fine diplomate» et «négociatrice incroyable» sont des qualificatifs qui mettent tout le monde d’accord, y compris ses détracteurs, lorsqu’il s’agit de décrire la Française.
«Une de ses grandes qualités consiste à trouver des consensus là où ça paraissait impossible», explique Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Centre français d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).
Christine Lagarde va donc surtout s’appuyer sur les équipes «très qualifiées» du Fonds qui, relève Charles Wyplosz, «ont pour l’essentiel été mises en place par Dominique Strauss-Kahn».
Si le patron démissionnaire a infléchi la doctrine de l’institution de Washington, lors de la crise, en faveur d’une intervention publique accrue, Christine Lagarde devrait donc suivre ses pas.
«J’ai le sentiment qu’elle poursuivra les réformes entreprises, elle a l’autorité nécessaire», confirme Eswar Prasad, économiste à la Brookings Institution.
D’autant qu’avec la crise, «les différences dogmatiques se sont beaucoup atténuées», souligne Agnès Bénassy-Quéré, le gouvernement de droite dont Christine Lagarde était membre en France s’étant distingué par «une intervention très forte de l’Etat pour relancer l’économie».
Sa déclaration de candidature résume ses positions: elle n’annonce pas de révolution mais entend «renforcer» la «légitimité» du FMI, avec une meilleure représentation des puissances émergentes, son «efficacité», notamment en matière de «surveillance» des déséquilibres mondiaux, et enfin «sa capacité à répondre aux besoins des pays membres».
«Elle devra gagner la confiance des pays émergents en mettant en oeuvre les réformes de son prédécesseur et en allant plus loin», prévient Eswar Prasad. La marge de manoeuvre est étroite, car il lui faudra «convaincre les Européens» au moment où, avec la sortie de crise, «l’élan réformateur faiblit».
Sur la régulation, les flux de capitaux ou le système monétaire, le FMI et la présidence française du G20, incarnée jusqu’ici par Christine Lagarde, sont plus ou moins au diapason.
Mais c’est le dossier brûlant de la crise de la dette en Europe qui l’attend dès sa prise de fonctions. Alors que le Fonds est en première ligne en Grèce, celle qui revendique «un rôle clé» joué en tant que ministre écarte tout risque de «bienveillance» vis-à-vis de la zone euro.
Selon Charles Wyplosz, la Française devrait «prendre ses distances par rapport aux Européens», justement pour faire oublier ses origines à des pays émergents agacés de voire l’Europe monopoliser la direction du FMI. «Beaucoup trouvent que la zone euro n’a pas bien géré la crise de la dette», relève-t-il.
Christine Lagarde félicitée pour sa nomination
Dès les premières minutes qui ont suivi sa nomination à la tête de la FMI, de nombreuses personnalités ont félicité Christine Lagarde.
Egalement en lice pour succéder à Dominique Strauss-Kahn, Agustin Carstens, gouverneur de la banque centrale du Mexique, a adressé ses vœux de réussite à Mme Lagarde. "Je salue le choix de Christine Lagarde comme directrice générale du FMI ; je lui souhaite le meilleur et elle a tout mon soutien", a-t-il dit dans un communiqué.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, estime qu'il s'agit "d'une fierté pour la France" et "une chance pour l'Europe". Dans un communiqué, M. Copé rend hommage à la "femme exceptionnelle qui a toutes les qualités et les compétences requises pour faire une remarquable directrice générale du FMI".
Côté socialiste, François Hollande s'est félicité de la nomination de Christine Lagarde, l'invitant à s'inspirer de son prédécesseur. "Christine Lagarde est une Française, elle a des qualités", a déclaré le candidat à la primaire socialiste. "Je devrais donc me féliciter, mais elle n'est pas de la même orientation que son prédécesseur et il faut qu'elle comprenne qu'elle n'est plus ministre de Nicolas Sarkozy." "Nous aurons à travailler avec elle après 2012. Je lui dis 'travaillez avec le souci de la continuité'", a-t-il ajouté.
Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a jugé que la nomination de la Française était "un excellent choix". L'Allemagne avait apporté son soutien à la candidature de Mme Lagarde à la tête de l'institution internationale, affirmant notamment qu'elle était "une personne dotée d'une grande compétence".
Le président de la Commission européene, José Manuel Barroso, a salué un "excellent choix" pour le FMI. "Par cette nomination qui fait de vous la première femme à la tête de cette institution, le Fonds monétaire international a fait un excellent choix, celui de l'expertise, de l'expérience et du talent", a affirmé M. Barroso dans un communiqué. M. Barroso a également salué le "rôle décisif" joué selon lui par la ministre française de l'économie sur "les dossiers économiques et monétaires européens" au cours de ces cinq dernières années, "qui ont vu l'éclatement de la plus grave crise financière et économique qu'ait connu le monde depuis un siècle". Le ministre des finances britannique, George Osborne a estimé qu'il s'agissait d'une "bonne nouvelle pour l'économie globale et pour la Grande-Bretagne". "C'est la personne la plus qualifiée pour le poste, et c'est la raison pour laquelle la Grande-bretagne a été l'un des premiers pays à proposer son nom", a-t-il poursuivi.
Le président de la Banque mondiale, l'Américain Robert Zoellick, a rendu hommage à Mme Lagarde avec qui il a eu "grand plaisir de travailler en tant que ministre française de l'économie, des finances et de l'industrie, et en tant que présidente du G20 finances". "Le groupe Banque mondiale et le FMI ont travaillé en collaboration de plus en plus étroite ces dernières années pour soutenir les pays qui se remettent de la crise économique mondiale et prévenir des crises à l'avenir", a-t-il souligné.
Christine Lagarde nommée directrice du FMI
Sans surprise, le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a désigné la Française Christine Lagarde directrice générale du FMI, mardi 28 juin, pour un mandat de cinq ans. Elle devient ainsi la première femme à occuper ce poste.
- Christine Lagarde préférée à Agustin Carstens
Christine Lagarde, 55 ans, a été préférée "par consensus", selon le communiqué du FMI, au gouverneur de la Banque du Mexique, Agustin Carstens, 53 ans. Celui-ci lui a adressé ses vœux de réuLa Française, qui prendra ses fonctions le 5 juillet, a fait part sur Twitter de son "honneur" et de sa "joie" d'être désignée directrice du FMI.
>> Lire l'analyse de Sylvie Kauffmann, directrice éditoriale du Monde, sur les forces et faiblesses de la candidature de Christine Lagarde et les réactions à sa désignation.
- Les dossiers qui l'attendent au FMI
Une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro "est un scénario du pire", qu'il faut "impérativement et par tous les moyens éviter", a ajouté Mme Lagarde. "Il faut que tous les prêteurs se penchent au chevet de la Grèce, mais il faut que la Grèce se prenne en charge de manière responsable", a relevé la nouvelle responsable du FMI. Cela implique toutefois de rester "attentif" aux "plus démunis".
Sur la régulation, les flux de capitaux ou le système monétaire, le FMI et la présidence française du G20, incarnée jusqu'ici par Christine Lagarde, sont plus ou moins au diapason. La Française devra également se pencher sur la question de la gouvernance du FMI, les pays émergents y réclamant plus de poids. Sa déclaration de candidature résume ses positions : elle n'annonce pas de révolution mais entend "renforcer" la "légitimité" du FMI, avec une meilleure représentation des puissances émergentes, son "efficacité", notamment en matière de "surveillance" des déséquilibres mondiaux, et enfin "sa capacité à répondre aux besoins des pays membres".
- Un remaniement ministériel en vue
Les noms de trois poids lourds de la majorité circulent pour lui succéder. Ceux de l'actuel ministre du budget, François Baroin, et de sa collègue de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, reviennent régulièrement dans les cabinets ministériels ; celui du ministre de l'agriculture Bruno Le Maire est aussi souvent cité, mais ce proche du président est déjà très sollicité pour organiser la future équipe de campagne en vue de la présidentielle de 2012 et devrait donc passer son tour.
Selon plusieurs sources à l'UMP, M. Baroin aurait la préférence à présent du tandem exécutif, après que Mme Pécresse a tenu longtemps la corde.
Le remaniement sera aussi l'occasion de pourvoir le portefeuille des anciens combattants, vacant depuis le remaniement de novembre dernier, et celui de la fonction publique, après la démission fin mai du secrétaire d'Etat George Tron, inculpé pour viol et agression sexuelle. Le remaniement pourrait intervenir dès mardi soir ou mercredi matin, juste avant le départ du premier ministre, François Fillon, qui quitte Paris dans la soirée de mercredi pour un déplacement au Cambodge et en Indonésie.
>> Faites le bilan de l'action de Christine Lagarde à Bercy avec le blog Contes publics.
- Les démélés judiciaires auxquels elle doit encore faire face
Parallèlement, Mme Lagarde pourrait être éclaboussée par l'enquête ouverte mi-juin par le parquet de Paris sur le rôle de hauts fonctionnaires qui ont conclu l'arbitrage favorable à Bernard Tapie. Cette enquête pour "abus de pouvoirs sociaux" ne la cible pas directement, mais vise implicitement Jean-François Rocchi, le président du Consortium de réalisation (CDR), la structure publique où étaient cantonnés les actifs douteux de l'ex-Crédit lyonnais.
>> Lire notre éclairage "Comment l'affaire Tapie a rattrapé Christine Lagarde" et un décryptage des pressions judiciaires sur la future directrice générale du FMI.
mardi 28 juin 2011
Il n'y a pas de plan B pour la Grèce, affirme la Commission européenne
L'adoption par le Parlement grec cette semaine du plan d'austérité est "le seul moyen" pour le pays d'éviter une faillite immédiate, a prévenu mardi la Commission européenne, en affirmant qu'il n'y a "pas de plan B". "Le seul moyen d'éviter un défaut [de paiement] immédiat est l'adoption par le Parlement du programme économique révisé", a indiqué le commissaire aux affaires économiques, Olli Rehn, dans un communiqué. "Il doit être approuvé pour que la prochaine tranche du plan d'assistance financière soit versée", souligne-t-il."A ceux qui spéculent sur d'autres options, je dis clairement, il n'y a pas de plan B pour éviter un défaut", ajoute Olli Rehn.
Ce programme d'austérité pluriannuel (2012-2015), dont Athènes a finalisé les derniers détails la semaine dernière avec ses bailleurs de fonds internationaux, prévoit 28,4 milliards d'euros de mesures d'économies et 50 milliards d'euros de privatisations. L'examen au Parlement a lieu cette semaine, et son adoption d'ici à jeudi est une condition sine qua non pour que le pays obtienne des Européens et du Fonds monétaire international l'argent frais dont il a un besoin urgent pour faire face à ses remboursements de dette. Les mesures d'austérité "doivent être approuvées pour que la prochaine tranche d'assistance financière soit versée", à savoir 12 milliards d'euros sur les 110 milliards promis l'an dernier à Athènes par les Européens et le FMI, a martelé Olli Rehn. "Il n'y a pas de plan B pour éviter un défaut", a insisté le commissaire, réfutant des déclarations faites ces derniers jours par quelques responsables européens.
"L'Union européenne reste prête à aider la Grèce. Mais l'Europe peut seulement aider la Grèce si la Grèce s'aide elle-même", a indiqué Olli Rehn, qui "appelle les dirigeants politiques grecs à assumer leurs responsabilités". "Le peuple grec et ses représentants démocratiques font face à un choix critique : réformer l'économie est certainement un défi, mais cela reste une bien meilleure solution qu'un défaut, qui frapperait le plus durement les plus vulnérables", a-t-il souligné. "C'est aussi une question de justice sociale. Un défi crucial consiste à combattre l'évasion fiscale et à encourager le vrai entreprenariat, qui soutient le travail honnête", a encore dit le commissaire.
La Grèce tourne au ralenti, mardi, au premier jour d'une grève de 48 heures comprenant coupures d'électricité et annulations de vol, alors que les députés poursuivent l'examen d'un projet de loi budgétaire d'austérité, crucial pour l'obtention d'un nouvelle aide financière. Mardi, le gouvernement socialiste a reçu une critique à peine déguisée de la bouche du gouverneur de la Banque de Grèce, Georges Provopoulos, qui estime que le plan d'austérité — que le premier ministre a appelé solennellement à voter lundi soir en faisant appel à l'esprit patriotique des députés — contient trop de hausses d'impôts et pas assez de réductions de dépenses. "Continuer d'empiler plus d'impôts sur les épaules des contribuables a atteint ses limites", a-t-il dit dans une interview au Kathimerini.
Tu veux ou tu veux pas ? La chanson est dans l’air depuis des mois, et Martine Aubry répond enfin aujourd’hui : elle veut, elle sera candidate. Mais en a-t-elle vraiment envie ? Ce n’est pas lui faire injure que de poser la question. Car elle a tant paru hésiter, prête à s’effacer devant son camarade Dominique Strauss-Kahn, qui lui-même ne manifestait pas vraiment une grosse envie — enfin, pas de ce côté-là. Le facteur Besancenot, lui, a déjà dit non, pas envie, comme la jeune Cécile Duflot. Jean-Louis Borloo se tâte, Pierre Moscovici s’interroge, François Bayrou temporise, Nicolas Sarkozy joue les déjà servis… Il faut certes laisser du temps au temps. Mais tout de même, si les candidats veulent que nous allions voter, il faudra bien à un moment qu’ils nous montrent leur envie. Qu’ils nous la prouvent, la crient et la proclament, pour nous donner l’envie d’avoir envie d’eux.
Le rôle des créanciers privés de la Grèce se précise
Nicolas Sarkozy a confirmé ce lundi que le gouvernement ainsi que les institutions financières françaises avaient proposé un plan pour la participation des créanciers privés de la Grèce au sauvetage du pays. Des précisions ont par ailleurs été apportées au cours de la journée. Paris attend maintenant de savoir si les autres banques européennes seraient prêtes à adopter ce schéma, tandis qu'un "plan B" serait en préparation.
Concrètement, cette structure ou "special purpose vehicle" (SPV) aurait l'avantage de faire sortir les titres de dette grecque des bilans des banques, a expliqué cette source. Pour 100 de dette portée, les institutions financières participantes recevraient 30 en cash et le SPV investirait 50 dans de nouvelles obligations grecques à 30 ans et 20 en obligations zéro coupon notées AAA d'une durée comparable.
Le chef de l’Etat a en outre précisé qu’il espérait voir ce plan adopté par les autres partenaires européens. Les banques françaises ont en effet indiqué qu'elles n'adopteraient pas de telles mesures de manière unilatérale. Réuni à Rome, le principal lobby bancaire mondial, l’institut de la finance international (IFF), a discuté de ce sujet avec des représentants de la zone euro.
En Allemagne, la fédération des banques privées (BdB) n’a pas officiellement réagi à l’accord français. Des discussions sont en cours avec le ministère des Finances afin de parvenir à une participation volontaires des banques allemandes au plan d’aide à la Grèce. Mais la BdB souhaite des "incitations", comme des garanties du gouvernement, ce que Berlin refuse, estimant que c’est dans l’intérêt des banques d’éviter la banqueroute d’Athènes. Néanmoins, l’accord français pourrait hâter les négociations. "Je pense que chacun mettra du sien pour sortir de cette situation", a ainsi indiqué le président de la BdB, Michael Kemmer. Le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager, a soutenu le plan français pour la participation des créanciers privés au plan de sauvetage de la Grèce, mais a estimé qu'il devrait être étudié dans le détail avant d'être adopté par les banques néerlandaises.
Les discussions vont maintenant se poursuivre jusqu’au 3 juillet, date de la réunion extraordinaire sur la Grèce entre les ministres des finances de la zone euro.
Par ailleurs, la zone euro a accéléré la préparation d'un plan de secours en cas de vote négatif du parlement grec sur de nouvelles mesures d'austérité, ce qui couperait Athènes de tout soutien financier international, ont indiqué ce lundi trois sources au fait de ces préparatifs à l'agence Reuters. Selon ces sources, les pays de la zone euro et le Fonds monétaire international ne sont pas disposés à aider la Grèce plus avant si les députés grecs rejettent les mesures. Ils planchent donc désormais sur un plan anti-contagion en cas de défaut de la Grèce sur sa dette, ce qui pourrait intervenir dès juillet si la prochaine tranche d'aide de 12 milliards d'euros n'est pas versée.
La zone euro travaille à un plan B sur la Grèce
La zone euro travaille à un "plan B" pour éviter la faillite de la Grèce et une contagion à d'autres pays au cas où le nouveau programme d'austérité du Premier ministre Georges Papandréou serait rejeté cette semaine au Parlement.
La zone euro travaille à un "plan B" pour éviter la faillite de la Grèce et une contagion à d'autres pays au cas où le nouveau programme d'austérité du Premier ministre Georges Papandréou serait rejeté cette semaine au Parlement, selon un responsable européen.
Les modalités d'un deuxième plan d'aide pour la Grèce seront discutées "dans les deux semaines à venir", a indiqué lundi 27 juin un porte-parole de la Commission européenne, alors que le Parlement grec entame en session plénière un débat sur le projet de budget pluri-annuelle d'austérité. "Les contours (du 2e plan d'aide à la Grèce) sont en train encore d'être discutés et vont continuer à être discutés dans les deux semaines à venir", a indiqué Amadeu Altafaj, le porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, lors d'un point de presse. Il a notamment évoqué les consultations "informelles" en cours avec les acteurs du secteur financier afin de déterminer les "options" envisageables pour leur participation à ce plan d'aide.
Réunion des ministres le 3 juillet
Les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent dimanche 3 juillet pour une réunion extraordinaire sur la Grèce, qui "sera très centrée sur la cinquième tranche" des 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans promis l'an dernier à Athènes par les Européens et le Fonds monétaire international, a indiqué Amadeu Altafaj. Les propos du porte-parole laisse planer le doute sur une possible solution à cette occasion. "Je ne peux pas anticiper", a-t-il dit.Le versement est conditionné au vote dans la semaine par le Parlement grec d'un plan d'austérité très impopulaire très attendu en Europe.
Mais Athènes a parallèlement demandé officiellement la semaine dernière aux Européens et au FMI un deuxième plan d'aide, qui devrait atteindre un montant "similaire" à celui de l'an dernier, selon son Premier ministre Georges Papandréou.
Une autre réunion des ministres des Finances est prévue de longue date pour le 11 juillet.
La zone euro pas en danger
Pascal Lamy minimise quant à lui les risques des difficultés de la Grèce sur l'ensemble de la zone euro. "La Grèce, c'est (seulement) 5% de l'économie européenne", a indiqué le directeur de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur France Info, lundi. "Je ne crois pas que cela puisse contaminer l'ensemble de l'économie européenne", a-t-il ajouté.Pascal Lamy a par ailleurs indiqué qu'il n'était pas "encore tard" pour sauver le pays du défaut de paiement. "C'est une histoire classique d'un petit pays qui, pendant longtemps, a dépensé plus qu'il n'en a gagné parce qu'il a emprunté à des taux très bas".
Déplorant l'insuffisance de discipline au moment de l'intégration d'Athènes à la zone euro, Pascal Lamy a estimé que l'Europe payait "des décennies de laxisme" envers certains pays.
Lors d'une conférence de presse, Nicolas Sarkozy a confirmé que le gouvernement et les banques françaises allaient proposer un nouveau plan pour la participation des créanciers privés de la Grèce au sauvetage du pays, "espérant" qu'il serait adopté par l'Union européenne. Cette proposition élaborée par le Trésor français et des banques françaises, permettrait aux créanciers privés de ne réinvestir que 70% des dettes remboursées par Athènes. Elle a été au menu des discussions organisées lundi à Rome entre responsables européens et représentants des banques.
lundi 27 juin 2011
La retraite à 60 ans aura disparu vendredi
La mesure la plus visible de la réforme des retraites, votée à l'automne après des semaines de bataille parlementaire et une douzaine de grosses journées de manifestations, entre en vigueur. Elle se traduira par 100.000 départs en retraite en moins en 2011 rien que pour le régime général, selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav, salariés du privé).
Si ce changement a fait beaucoup parler, il ne contribuera que pour une petite part à la baisse du déficit des retraites, espérée cette année après le record de 2010. L'essentiel proviendra des hausses de prélèvement inscrites dans la même réforme: début d'alignement de taux de cotisation des fonctionnaires sur celui des salariés du privé, nouveau mode de calcul des exonérations de charges, relèvement à 41% de la tranche supérieure d'impôt sur le revenu, alourdissement de la taxation sur les stock-options, les retraites-chapeau, les dividendes, les plus-values mobilières et immobilières, augmentation du «prélèvement social» sur les revenus du patrimoine… S'y ajoutera, en 2015, une hausse des cotisations vieillesse, censée être compensée par une baisse des cotisations chômage.
Le tout doit permettre de ramener les comptes à l'équilibre en 2018 - année où l'âge légal aura atteint 62 ans. Car c'était la priorité absolue des rédacteurs du projet de loi (Nicolas Sarkozy, François Fillon, Éric Woerth et leurs conseillers): présenter un plan bouclé financièrement à 100%. Demander un effort aux Français mais leur assurer que cet effort réduirait à néant le déficit, à un horizon raisonnable (entre-temps, les brèches auront été colmatées en utilisant le Fonds de réserve des retraites de Lionel Jospin, au rythme de 2 milliards d'euros par an). Et pouvoir clamer que la retraite par répartition est sauvée.
Le plus dur a été fait
Certes, le schéma pourrait présenter des faiblesses: opposition et syndicats l'ont jugé bâti sur des hypothèses économiques trop optimistes. Et surtout, la reforme ne garantit l'équilibre que jusque 2020 ou 2021. Le rapport cotisants/retraités continuera à se dégrader et il sera probablement nécessaire de repousser encore le moment de la retraite. Les concepteurs de la réforme l'avouent. Mais ils ont le sentiment que le plus dur a été fait en faisant sauter le verrou des 60 ans.Nos voisins et les marchés financiers partagent cette idée. C'est l'explosion des déficits provoquée par la crise, la peur de voir la dette française dégradée et ses taux d'intérêt flamber, qui a poussé le chef de l'État à lancer la réforme, en juin 2009, lors de son discours au Congrès de Versailles. Deux ans plus tard, la tempête que traverse la zone euro semble lui donner raison. «On ne connaît pas du tout ce que connaît la Grèce, pour plusieurs raisons: la première, c'est qu'on a commencé à faire des réformes très importantes, la plus emblématique étant celle des retraites, et donc on a montré qu'on était capables de faire les efforts nécessaires pour rétablir les finances publiques», constatait vendredi sur RTL Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France.
Ce que la réforme change pour vous :
• 62 et 67 ans : les nouvelles bornesL'âge à partir duquel il est possible de toucher une pension de retraite, couramment appelé «âge légal», passera progressivement de 60 à 62 ans : quatre mois supplémentaires dès vendredi, puis quatre mois par an à partir du 1er janvier 2012. Les 62 ans seront ainsi atteints pour les assurés nés en 1956 et après. Pour les mêmes générations, l'âge permettant d'obtenir automatiquement une retraite à taux plein passera de 65 à 67 ans. Mais il reste possible d'atteindre le taux plein avant cette limite, à condition d'avoir validé suffisamment de trimestres. De ce point de vue, la réforme Sarkozy-Woerth ne fait que confirmer la réforme Raffarin-Fillon, qui pose le principe d'un allongement de la durée de cotisation selon l'espérance de vie. Cette durée sera ainsi bientôt portée à 165 trimestres.
• Régimes spéciaux et fonction publique
Dans la fonction publique aussi, l'âge de la retraite passera progressivement à 62 ans. Toutefois, des exceptions importantes demeureront. Les agents en «service actif» (policiers, gardiens de prison, pompiers, contrôleurs aériens…) pourront partir à 52 ou 57 ans, soit deux ans plus tard qu'actuellement. La borne passera de 55 à 57 ans pour les infirmières ayant choisi de rester en «catégorie B», mais elle sera fixée à 60 ans pour celles qui bénéficieront de salaires plus élevés en passant en «catégorie A» (les infirmières en exercice qui ont opté pour cette possibilité et toutes celles qui n'ont pas encore commencé leur carrière). Les militaires conserveront la possibilité de partir à tout âge, mais au bout de 17 ans de service au lieu de 15 (27 au lieu de 25 pour les officiers). Enfin, les âges de départ en retraite seront décalés de deux ans également dans les régimes spéciaux mais à partir de 2017 seulement, c'est-à-dire au terme de la réforme lancée en 2008 à la SNCF et à la RATP.
• Pénibilité, carrières longues : les possibilités de départ anticipé
C'est la principale innovation: il sera possible de partir en retraite avant les autres (à 60 ans et à taux plein) au titre de la pénibilité du travail. Le dispositif sera ouvert automatiquement aux ressortissants du régime général et de la MSA atteints d'une incapacité de 20% ou plus, découlant d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail: intoxication, irradiation, électrocution, traumatisme…, mais pas accident de la route. Les assurés en incapacité de 10% à 20% pourront aussi en bénéficier mais à la condition d'avoir été exposé au moins 17 ans à des facteurs de pénibilité (port de charges lourdes, vibrations, produits chimiques, températures extrêmes, bruit, travail de nuit ou en 3×8…). Dans ce cas, ils devront apporter la preuve de cette exposition - par des bulletins de salaire ou contrats de travail par exemple - et une commission examinera le lien avec leurs lésions.
Le dispositif «carrières longues», qui permet de partir en retraite entre 56 et 60 ans, a aussi été prolongé et étendu aux personnes ayant commencé à travailler à 17 ans. La durée de cotisation nécessaire a cependant été allongée.
• Mères de 3 enfants et parents d'enfants handicapés
La retraite à taux plein restera définitivement fixée à 65 ans pour les parents d'un enfant handicapé. Elle est aussi maintenue à titre provisoire (jusqu'à la génération 1955) pour les parents de trois enfants et plus ayant interrompu leur carrière pour élever au moins l'un d'entre eux. Il faudra pour cela avoir travaillé au moins deux ans avant la naissance ou l'adoption et s'être arrêté au moins deux à trois ans après. En théorie ouverte aux pères, la mesure concernera en pratique quasi exclusivement des mères.
• Extinction du «15 ans- 3 enfants»
Les mères de 3 enfants ayant travaillé 15 ans dans la fonction publique pouvaient jusqu'ici partir en retraite à tout âge. Le dispositif demeure pour celles qui réunissaient ces deux critères fin 2010 et avaient alors déjà 55 ans (50 ans pour les catégories actives). Celles qui atteindront les 15 ans et 3 enfants avant fin 2011 pourront toujours partir quand elles le souhaitent, mais à des conditions financières bien moins avantageuses dès vendredi. Enfin, cette possibilité sera supprimée pour les personnes ne remplissant pas encore les deux conditions fin 2011. Ce qui explique que la réforme se soit provisoirement traduite par… une envolée des départs en retraite! «18.880 départs de mères de 3 enfants sont intervenus au 1er semestre, soit le double des années précédentes», note Gérard Perfettini, directeur de la caisse de retraite des hôpitaux et collectivités locales. Idem chez les fonctionnaires d'État, où le nombre de départs anticipés devrait être de 10.000 à 11.000, soit deux fois plus que la normale.
Les règles des caisses complémentaires évoluent aussi
Transposer aux régimes de retraite complémentaire «toute la réforme, rien que la réforme» votée à l'automne. C'est le principe adopté par les syndicats et le patronat, qui cogèrent l'Arrco (caisse obligatoire des salariés du privé) et l'Agirc (caisse des cadres). Jusqu'ici, pour toucher une pension complémentaire sans décote, il fallait soit attendre 65 ans, soit liquider sa retraite à partir de 60 ans et avoir tous ses trimestres. Ces deux bornes seront ainsi repoussées jusqu'à 62 ans et 67 ans, au même rythme que pour le régime de base. Première étape, donc, vendredi. Les dérogations prévues par la loi (pénibilité, carrières longues…) seront aussi transposées.
Dès vendredi également, la valeur du point de retraite augmente. Outre un rattrapage pour les trois derniers mois (les hausses annuelles ont d'habitude lieu début avril), la revalorisation du point Arrco sera de 2,11%, compensant l'inflation. Celle du point Agirc, en revanche, n'atteindra que 0,41%. Il s'agit d'aligner le rendement du régime des cadres sur celui de tous les salariés, pour qu'il consomme ses réserves moins vite. Les rendements seront ensuite stabilisés de 2013 à 2015, mettant fin à vingt ans d'érosion presque interrompue. Une donnée importante, sachant que la retraite complémentaire représente 57% de la pension totale d'un cadre (29% pour un non-cadre)!
Les bonus pour familles nombreuses modifiés
Si la réforme Sarkozy-Woerth ne modifie aucun avantage familial ou conjugal (bonus de pension pour enfants, trimestres «gratuits» à la naissance, pensions de réversion pour les veufs…), l'accord entre partenaires sociaux remet, lui, à plat les majorations Agirc-Arrco accordées aux parents de familles nombreuses. Elles prendront désormais la forme d'un supplément de 10%, accordé à chaque parent de trois enfants et plus, dans la limite de 1000 euros à l'Arrco et autant à l'Agirc. La modification fera beaucoup de gagnants et de rares perdants chez les cadres à très hauts revenus et/ou à la tête d'une famille d'au moins quatre enfants. Jusqu'ici, en effet, l'Arrco accordait +5% aux parents de trois enfants et plus ; l'Agirc, +8% pour trois enfants, +12% pour 4 enfants, et ainsi de suite jusqu'à +24% pour sept enfants. Le changement ne sera pas brutal: il concernera les pensions liquidées à partir de 2012 et les points acquis avant cette date seront majorés selon les anciennes règles.
Enfin, la majoration de 5%, non plafonnée, accordée par l'Arrco aux salariés ayant encore un enfant à charge lorsqu'ils partent en retraite, est étendue à l'Agirc. Elle ne peut pas être cumulée avec celle pour famille nombreuse.