TOUT EST DIT

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mercredi 29 juin 2011

Le PS passe du « nous » au « je »

La question n'était plus de prédire si Martine Aubry, comme son père Jacques Delors en 1994, refuserait l'obstacle. Elle était de savoir si le 28 juin serait la date à laquelle sa candidature ferait entrer les socialistes dans leur vie sans Dominique Strauss-Kahn

En passant du « nous » au « je », la première secrétaire du PS - pour quelques heures encore - a créé un non-événement bruyant. Mais une déclaration de candidature a beau être un exercice convenu, il y avait autant de risques de la rater que de chances d'en faire un moment tremplin.

Candidate, non pas à la primaire, mais à la victoire en 2012, elle tourne la page DSK et situe d'emblée son niveau d'ambition. Raisonnable dans ses promesses - « tout ne sera pas possible tout de suite » - elle intègre la crise et évite tout propos qui viendrait dégrader la notation de la France. Ponctuelle, émue, rassembleuse et, pour une fois, synthétique, Martine Aubry, aux yeux de l'opinion socialiste, a plutôt réussi la première épreuve de l'examen.

Il le fallait, car elle s'élance avec quelques handicaps. Elle avait conquis le parti dans des conditions discutables et discutées. Elle est devancée dans les sondages par François Hollande qui affiche, depuis près de deux ans qu'il y travaille, une motivation à toute épreuve et un projet réfléchi. Et elle risquait d'apparaître comme une solution de secours depuis la disparition politique de Dominique Strauss-Kahn.

Elle dispose aussi de quelques atouts. Elle tire sa légitimité d'un parti qu'elle a réformé et remis au travail. Elle dispose d'une expérience politique diversifiée, même si les 35 heures continuent de lui être reprochées, lundi encore par Nicolas Sarkozy, comme une erreur économique majeure. Et elle a la trempe d'une patronne, parfois rugueuse, sectaire disent ses détracteurs.

Mais entre elle, Ségolène Royal et François Hollande, la différence ne se fera pas forcément sur des considérations objectives.

Sauf si les entourages décident de lancer la machine à perdre, la primaire ne devrait pas tourner à l'affrontement brutal. Le Parti socialiste a adopté, à l'unanimité, un socle programmatique de nature à limiter le débat à des nuances de contenu ou de calendrier. Chacun veut faire de la démocratie, de la justice sociale, de l'Europe autrement... Cette similitude des projets est si vraie que Martine Aubry, souvent cataloguée plus à gauche, s'apprêtait à soutenir Dominique Strauss-Kahn.

Sorte de premier tour d'une présidentielle qui en compterait trois, la primaire s'arbitrera plutôt autour de la relation que chaque prétendant saura plus ou moins bien nouer avec l'électorat socialiste d'abord, de gauche ensuite.

Car, pour l'opposition, y compris pour les écologistes et pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, la question primordiale sera de choisir celui ou celle qui peut atteindre le second tour. Qui peut gagner contre Nicolas Sarkozy. Qui peut faire un bon président après dix-sept ans de pouvoir de droite.

Même si le risque de dérapage n'est jamais loin, et au-delà de la polémique lancée par l'UMP sur la publicité des listes, la réussite de la primaire serait un facteur de dynamique politique et une expérience de démocratie partisane dont toutes les formations auraient à tenir compte. Les socialistes disposent de 110 jours pour en faire la démonstration.



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