mardi 28 juin 2011
Le volontarisme du grand emprunt
C'est entendu, le grand emprunt de Nicolas Sarkozy ne fera pas oublier les errements contre-productifs du paquet fiscal de la loi Tepa (travail, emploi, pouvoir d'achat) appliquée à contre temps de la crise ; et que le gouvernement aura finalement détricoté dans l'urgence.
Il ne fera pas non plus un sort aux dérives parfois inconséquentes et clientélistes de la dépense publique qui a connu de belles heures ces dernières années. Il n'empêche : Nicolas Sarkozy aurait eu tort de se priver d'un bon coup de promotion sur la mesure économique qui restera peut-être le meilleur marqueur de son volontarisme économique. Même s'il en trouvait l'idée « absurde » à l'origine.
S'il y a un bon argument à valoriser dans une politique économique pas toujours lisible, il est là, dans cet emprunt un peu exagérément qualifié de « grand ». Réellement branché sur l'avenir ¯ l'innovation, l'université, la recherche ¯ il traduit, pour une fois, une évidente capacité présidentielle à lever le nez du guidon, du conjoncturel. Il offre peu de prise à une opposition solidement argumentée.
Pas de vrai procès en saupoudrage possible, contrairement aux pôles de compétitivité il n'y a pas si longtemps. Pas de confusion, comme dans tous les plans de relance servis depuis vingt ans, entre dépenses courantes et vrais investissements. Pas de primes aux chasseurs de primes et aux lobbies du bâtiment. Pas non plus de grosse critique étayée sur le coût de la dépense. Bien piloté par René Ricol ¯ un orfèvre ¯ l'emprunt ne fonctionne pas comme un robinet à subventions : cela aussi est un peu nouveau dans la culture française.
Impasse européenne
Et pourtant, il manque sans doute deux dimensions essentielles dans l'emprunt Sarkozy. La première concerne la continuité de l'effort. L'avenir ne se limite pas à l'horizon des quelques années d'impact du plan. Il est affaire de persévérance et d'investissements dans la durée. Le grand emprunt mise sur un coup : 35 milliards, circulez. Et pour cause, en quête de vertu budgétaire pour éviter un mauvais coup (coût) des marchés, l'État dépensier n'a plus la moindre marge de manoeuvre. La cigale ayant dépensé tout l'été se trouva fort dépourvue, n'est-ce pas...
La seconde interrogation tient à l'évidente impasse européenne du grand emprunt. Comment ne pas être frappé du cavalier seul de la France, au moment où toute l'Europe fait le forcing pour souder les rangs dans le sauvetage de la Grèce ? Face au risque d'implosion de l'euro, l'Union européenne (France en tête) est capable de rameuter toutes les énergies pour sauver les meubles, pour se sauver. Sur la défensive, elle s'en tire toujours, ou presque, collectivement. Mais, toujours ou presque, elle semble incapable de passer à l'offensive, de projeter une ambition commune.
Il y a quarante ans, l'Europe osait investir dans la « folie » collective de l'Airbus. Au dernier Salon aéronautique du Bourget, elle en tirait encore de solides dividendes. Le lancement d'un programme comme Airbus n'est sans doute plus de saison. Et pourtant ! Si seulement l'esprit d'Airbus pouvait souffler un peu sur cette Union brinquebalante...
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