TOUT EST DIT

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mercredi 29 juin 2011

A quoi tient l'avenir de la Grèce?

Le Parlement grec doit adopter d'ici jeudi le nouveau plan de rigueur pour débloquer la dernière tranche d'aide internationale. S'il vote non, il sera dès juillet en défaut de paiement. Les différents scénarios.

  L'austérité ou la faillite. Voilà l'alternative peu alléchante qui devrait convaincre le Parlement grec de voter oui d'ici jeudi au plan de rigueur. Le programme pluri-annuel prévoit 28,4 milliards d'euros de mesures d'économies et 50 milliards d'euros de privatisations. La majorité des Grecs n'en veulent pas et ont entamé mardi une grève générale de 48 heures pour le faire savoir. Sauf que si le projet de loi budgétaire ne passe pas, le pays n'obtient pas la dernière tranche de l'aide de l'UE et du FMI et ne peut donc pas faire face à ses prochains remboursements de dette. En somme, il fait défaut. Voici les différents scénarios qui pourraient se dérouler dans les prochains jours, décisifs pour l'avenir de la zone euro.

Le Parlement vote le plan... Plus rien ne s'oppose au versement des 12 milliards d'euros permettant à la Grèce de faire face à ses échéances de remboursement à court terme. Mais cela ne fait que repousser le problème de son insolvabilité à plus tard : la dette du pays s'élève à 340 milliards d'euros, soit plus de 150% du PIB. Avec les marchés qui exigent des taux d'intérêt à 10 ans record de plus de 17%, l'Etat grec n'est pas près d'y retourner pour se refinancer. D'où la décision de la zone euro d'accorder une rallonge d'environ 110 milliards d'euros, dont les grandes lignes doivent être bouclées le 3 juillet. Encore faut-il toutefois que les dirigeants européens s'accordent sur les modalités du nouveau prêt. Berlin n'en démord pas : les créanciers privés doivent participer. Or la BCE s'oppose catégoriquement à un rééchelonnement, craignant qu'il soit considéré par les marchés comme un événement de crédit, dont les conséquences seraient aussi dévastatrices qu'imprévisibles.
... Et les créanciers privés adoptent la proposition française de restructuration Une autre solution a été proposée lundi par le Trésor et les banques françaises. Elle se traduirait par un renouvellement sur 30 ans de la moitié des engagements des créanciers privés. De quoi laisser du temps au pays pour redresser ses finances publiques.
Concrètement, les établissements français réinvestissent, chaque fois qu'une obligation grecque est remboursée au cours des trois prochaines années, 70% de la somme qui leur est restituée. Sur ces 70%, 50% seulement vont directement dans des obligations à 30 ans de l'Etat grec. Les 20% restants sont investis dans des obligations à zéro coupon achetées auprès d'un ou plusieurs Etats, institutions supranationales ou agences européennes, notés AAA. Le taux des nouvelles obligations grecques est proche de ceux obtenus par le Fonds de stabilité européen (FESF), qui bénéficie d'une notation "AAA".
Toute la difficulté est d'éviter que la formule adoptée ne soit interprétée comme un défaut de paiement. Il faut pour cela qu'elle soit perçue comme vraiment volontaire de la part des banques. Ce qui est loin d'être garanti.
La France souhaite que ce plan serve de modèle pour les autres pays. Les représentants de plusieurs banques mondiales et des responsables gouvernementaux l'ont évoqué lundi lors d'une réunion à Rome, mais n'ont pas pris de décision. Les ministères des Finances allemand et néerlandais ont salué l'initiative, mais les banquiers allemands ont fait savoir qu'ils préféreraient des échéances plus courtes, de 10 ou 15 ans.
La proposition française comprend aussi une autre possibilité selon Reuters: les participants investiraient un minimum de 90% - un taux de 100% est souhaité - du montant qu'ils recevraient dans de nouvelles obligations de l'Etat grec d'une échéance de cinq ans et portant un intérêt de 5,5%.
Dans les deux cas, un accord avec les banques ne résoudrait qu'une partie du problème. Car les banques commerciales ne détiennent que 27% de la dette grecque, 43% étant détenue par d'autres types d'investisseurs, 14% par la BCE et 16% par l'UE et le FMI, selon le Financial Times.
Le Parlement rejette le planAlors l'UE et le FMI ne versent pas les 12 milliards d'euros prévus, Athènes ne rembourse pas les 2,4 milliards d'euros dus le 15 juillet prochain, et la Grèce est en défaut de paiement. Et là le pire est à craindre. Le parallèle avec la faillite de Lehman Brothers est d'ailleurs souvent évoqué pour mettre en garde contre les effets de contagion planétaire qu'aurait la faillite de l'Etat. Car non seulement les banques grecques s'effondrent, mais les banques européennes détentrices de dette grecques subissent aussi de lourdes pertes. Et les banques américaines qui avaient assuré, via des CDS, leurs consoeurs européennes contre le risque de défaut, se retrouvent également exposées. Surtout, les investisseurs craignent que les autres maillons faibles de la zone euro fassent défaut aussi et se mettent donc à vendre en masse leurs obligations publiques portugaises et irlandaises mais aussi espagnoles et italiennes. Cela fait exploser les taux d'intérêt exigés à ces pays, qui ont par conséquent plus de mal encore à se refinancer. Le FSFE est insuffisant pour renflouer tous les pays à la fois. Plus rien ne les empêche de faire défaut et de quitter la zone euro pour retrouver une monnaie plus compétitive.
Le Parlement rejette le plan, mais il y a un plan B Officiellement, il n'y en a pas. Mais d'après le Financial Times, Berlin aurait poussé pour un plan alternatif qui procurerait suffisamment de liquidités à la Grèce pour éviter le défaut de paiement en juillet au cas où le vote grec serait négatif. Parmi les options possibles pour répondre à une telle situation, il y a "la question de la réactivation du FESF", qui peut prêter de l'argent à un Etat en grande difficulté, indique un diplomate européen. Mais, selon lui, il serait difficilement imaginable que les partenaires de la Grèce acceptent de mettre au pot sans le FMI et sans contrepartie de la Grèce sous forme d'un nouveau plan d'austérité. Une autre solution serait d'utiliser ces fonds publics pour racheter à bas prix des obligations grecques aux banques. Ce qui revient à une restructuration volontaire de la dette.

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