lundi 3 juin 2013
L’esprit totalitaire
L’esprit totalitaire
Une réflexion sur le totalitarisme est rendue compliquée par la banalisation de ce mot, utilisé en permanence pour discréditer l’adversaire idéologique, chacun devenant le « totalitaire » de l’autre. Hormis cet usage galvaudé, le concept, approfondi par Annah Arendt, distinct de celui de « dictature » ou de « tyrannie », s’applique pour l’essentiel aux deux monstres idéologiques du XXème siècle, le national-socialisme et le communisme, dont la philosophe souligne les convergences : même racines dans le chaos social d’une époque, même caractéristiques autour de la propagande de masse, du culte de la personnalité, la déshumanisation par les camps de concentration. Annah Arendt donne une définition lumineuse du totalitarisme : « Le dessein des idéologies totalitaires n’est donc pas de transformer le monde extérieur, ni d’opérer une transmutation révolutionnaire de la société, mais de transformer la nature humaine elle-même[1]. » Le système totalitaire qui a ravagé la planète, provoqué les massacres de centaines de millions d’hommes et dominé les régimes politiques la moitié de l’humanité au XXème siècle – en incluant la Chine communiste – a-t-il, par la magie d’une changement de siècle, entièrement disparu de la réalité et de l’esprit des hommes du XXIème ? Evidemment, non. Son fantôme exhale un parfum macabre chaque fois qu’une idéologie ambitionne, ouvertement ou implicitement, de « transformer la nature humaine elle-même. » La trop célèbre « théorie du genre », à la mode en ce moment, qui nie l’essence même d’une humanité fondée sur la différenciation sexuelle, relève quelque part, de cet esprit totalitaire défini par Annah Arendt. Un amendement parlementaire, déposé le 28 février dernier, en exprime l’idée sans aucune ambiguïté : "l’idée de substituer à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles, qui renvoient à la biologie, le concept de genre qui lui, au contraire, montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites".Encore n’est-ce là qu’un exemple parmi d’autres possibles de cette tentation larvée detransformer la nature humaine elle-même, ce feu mortel qui couve en permanence sous la braise. « Les solutions totalitaires peuvent fort bien survivre à la chute des régimes totalitaires, sous la forme de tentations fortes qui surgiront chaque fois qu’il semblera impossible de soulager la misère politique, sociale et économique d’une manière qui soit digne de l’homme » nous dit Annah Arendt, en immense visionnaire qu’elle était.
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