lundi 21 janvier 2013
Obama : un mandat pour l’Histoire
Obama : un mandat pour l’Histoire
Historiques et graves. Telles étaient les circonstances dans lesquelles Barack Obama prêta serment, il y a quatre ans, sur la bible de Lincoln. Historiques parce que, pour la première fois, un Afro-américain entrait à la Maison-Blanche. Renouvelant une nouvelle fois, en l’incarnant, la promesse du rêve américain : la possibilité de réussite pour quiconque.
Dans le même temps, les circonstances étaient graves. Obama arrivait au 1 600 de Pennsylvania Avenue avec une dette publique abyssale. Un chômage exponentiel. Deux guerres en cours dont il fallait se retirer sans gloire. Une image des États-Unis ternie sur tous les continents au point de renforcer, sans doute prématurément, le sentiment d’un déclin en cours de la première puissance du monde.
Quatre ans plus tard, et quelques cheveux blancs en plus, Barack Obama a réussi à se faire réélire en novembre. C’est un succès politique pour les démocrates, bien sûr. Mais aussi, et d’abord, pour toutes les minorités de la société américaine. Un seul mandat n’aurait été qu’un passage à la Carter et risquait donc de rester une exception. Une réélection banalise politiquement le choix audacieux de 2008, la victoire sur le racisme.
Pour autant, l’impact planétaire du symbole n’est plus le même. À Washington, on jauge surtout le bilan du premier mandat, en demi-teinte, et les perspectives, à définir, du second. Économiquement, les États-Unis ont réagi. Obama a fait des choix de réindustrialisation, d’investissement dans les nouvelles technologies. Des pas essentiels vers une prochaine indépendance énergétique.
La dette est toutefois toujours aussi lourde (alourdie même de quelque 3 000 milliards de dollars). Les comptes publics sont pris en étau entre des coupes inévitables dans les dépenses et une plus grande pression fiscale qui menace la relance. Le président américain vient de profiter de sa réélection pour mettre les républicains face à leurs responsabilités en matière budgétaire, après deux ans d’obstructionnisme irresponsable. Mais l’opposition contrôle toujours la Chambre des représentants.
La voie reste donc étroite pour agir. Sur le plan intérieur, Obama va travailler à une réforme de l’immigration très attendue dans la communauté hispanique. Ce sera, avec la limitation de la circulation des armes, ses deux leviers symboliques pour laisser une empreinte.
Mais c’est sur la scène internationale qu’il doit changer de cap s’il veut (comme le souhaite tout président au second mandat) laisser une trace dans l’Histoire. Jusqu’ici, c’est une politique d’apaisement, de retrait, de désamorçage des confits qui a caractérisé la diplomatie Obama-Clinton. Vis-à-vis du monde arabe, de Moscou, de Pékin. Comparé à son prédécesseur, c’est déjà un progrès considérable.
L’art du compromis et le choix de la détente suffisent-ils à relever les défis du moment ? Nombre d’observateurs en doutent. Le Pakistan reste instable, l’Iran une menace, Pékin une puissance montante qui s’arme. En Syrie, un massacre est en cours et nul n’intervient. Israël est plus que jamais enfermée dans sa logique d’enfermement, les Palestiniens dans leurs divisions. L’Égypte et la Tunisie fragilisées dans leur transition par une économie exsangue et des forces islamistes ambitieuses. Au Sahel, la menace terroriste revient. Obama pourra difficilement rester au balcon.
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