Dans sa prière pour la France de
l'Assomption, l’Église catholique a pris position contre le mariage
homosexuel, s’attirant les foudres de nombreuses associations. Mais
pourquoi l'Église renierait-elle une position qui est la sienne depuis
toujours ?
Tous les étés on y a droit. Les aoûtiens anti-cathos, sans doute lassés du soleil et des plages, aiment à brûler du catho. L'an passé c'était le coût, soi-disant exorbitant, des JMJ espagnoles ; cette année c'est une prière, une simple prière pour la fête du 15 août,
de celle qu'on dit dans des églises ouvertes à tous et à toutes - les
même que celles qui accueillent les sans-papiers et les Roms -, initiée
par la Conférence des évêques de France (connue pour être un affreux
repaire de dangereux extrémistes) et qu'on déforme à loisir pour
satisfaire un scandale qui n'en est pourtant pas un.
Avant de critiquer et de lancer des anathèmes républicains, encore faut-il avoir quelques connaissances religieuses
- et je ne parle pas là de la position, pourtant identique, des
religions musulmanes et juives sur la question de l'homosexualité...
Cette prière proposée par les Evêques de France, contenant quatre
intentions, est une prière universelle; liturgiquement : la prière que
les fidèles adressent à Dieu pour le monde lors de la célébration de la
messe; traditionnellement, on y prie pour les souffrances dans le
monde, pour les plus pauvres, les plus démunis, les plus fragiles, les
plus exposés à la violence; elle permet aux fidèles de porter des
intentions de l'Eglise, de tous les hommes, et les leurs en particulier,
en fonction de l'actualité.
Au passage, la
solennité du 15 août célèbre l'Assomption de la Vierge Marie - un jour
férié d'ailleurs, rappelons-le aux laïcards qui ont pu faire la grasse
matinée ce jour-là -; la Vierge Marie est Celle qui intercède entre les
hommes et Dieu, Elle est la Consolatrice par excellence selon la foi
catholique. Première évidence : si on ne croit pas à la Vierge Marie,
qu'est-ce que cela peut bien faire à ces incroyants que les chrétiens la
prient comme bon leur semble. Ça rappelle les athées qui s’immiscent
dans le débat sur la messe en latin : en quoi cela les concerne
véritablement ?
Et voilà que cette prière, à
laquelle invitent les évêques de France, après avoir souligné le respect
de vie - qui est contre ? - et la nécessaire attention sur les victimes
de la crise économique - qui est contre ? -, demande à ce que "les
enfants cessent d'être les objets des désirs et des conflits des
adultes" - qui est contre ? - et puissent "bénéficier pleinement de
l'amour d'un père et une mère" - qui est contre ?
Au
passage, chacun aura noté que ni le mot mariage ni le mot homosexuel
n'est mentionné dans cette prière ce qui montre combien les réactions
sur ce texte font apparaître une exacerbation dramatique des passions et la stigmatisation de mauvaise foi de toute position dissidente annonciatrice d'un refus de tout débat futur.
Le raccourci est immédiat : l’Eglise est contre le mariage homosexuel, donc contre les homosexuels. Fermez le ban.
Et
on feint - une fois de plus - de découvrir l'eau tiède en ce qui
concerne la position de l'Eglise catholique sur le mariage et sur la
famille.
Qu'attendaient donc certains médias, les associations militantes homosexuelles et autres auto-considérés bien-pensants ? Que
l'Eglise de France, fille aînée de l'Eglise, dise ce qu'elle n'a jamais
dit jusqu'à présent depuis 20 siècles, tout ça parce qu'un simple
projet de loi sur le mariage homosexuel est proposé et risque
d'être adopté en 2012 par une majorité politique qui ne sera plus la
même d'ici quelques mois ou quelques années ? Qu'on considère qu'une loi
en préparation doive empêcher un magistère multiséculaire, celui-là
même que d'aucuns, du haut de l'autorité que leur confèrent leurs
quelques trente ou quarante ou cinquante années, qualifient allègrement
et abondamment "d'archaïque", de réaffirmer, ne serait-ce que
spirituellement et liturgiquement, son attachement à un fondement de
notre société - et osons dire de nos civilisations - en dit long sur le
relativisme qui s'installe comme un nouveau Mammon.
Ah oui, au passage, "archaïque" signifie : ancien,
qui n'est plus en usage. N'est-ce plus en usage que de souhaiter à nos
enfants de ne plus "être l'objet de désir ou de conflit des adultes" ? A
qui veut ont faire croire qu'il n'est plus "bénéfique d'avoir un père
et une mère" au prétexte de statistiques récentes et sans recul sur les
familles monoparentales en oubliant que la filiation d'un père et d'une
mère n'est en rien effacée par ces situations de fait ? Par quel
habile tour de passe-passe idéologique veut-on nous faire accroire
qu'en une poignée d'années, le modèle familial, qui a eu cours depuis
plusieurs millénaires, a disparu alors que même les dinosaures,
archaïsmes des archaïsmes, ont mis bien plus que le temps qui nous
sépare de mai 68 pour disparaître ?
L'Eglise croit
et prophesse qu'un homme est né d'une vierge, est mort crucifié sur une
croix et est ressuscité alors qu'il était Fils de Dieu, ceci est bien
plus scandaleux et invraisemblable que tout le reste, alors, s'il
vous plaît, Messieurs les censeurs, indignez-vous pour vos pauvres
idées, mais laissez les autres, qui s'adressent à leur Dieu, croire en
ce qu'ils n'ont cessé de croire. Puisque cela ne vaut
apparemment même pas un débat au vu de vos réactions, cela vaut au moins
une petite prière que chacun, d'ailleurs, reste libre d'adresser ou
pas. Au mieux ils auront eu raison, au pire cela ne servira à rien et ne
changera pas le monde. Un nouveau pari pascalien en quelque sorte.
LA RÉPUBLIQUE N'A RIEN A DIRE DE LA RELIGION,
LES DEUX ÉTANT SÉPARÉES.
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