Par contre, il est plus difficile d'être d'accord avec Hans-Werner Sinn quand il affirme que ce sont les flux de capitaux de l'Allemagne vers l'étranger qui ont été la cause de la faiblesse de la croissance et des investissements intérieurs allemands, ainsi que des « réformes sociales douloureuses » du chancelier Gerhard Schröder.
Une confusion symptomatique
À vrai dire, Hans-Werner Sinn est pour le moins confus à propos des flux de capitaux de l'Allemagne vers l'étranger dans les six paragraphes où il est supposé montrer qu'elle « a subi sa propre crise de l'euro » et expliquer pourquoi « Berlin rejette le projet de mutualisation de la dette ». En effet, il y traite sans précaution méthodologique de deux phénomènes qui relèvent de logiques différentes : les mécanismes internes à la zone euro, d'une part, et le départ des « deux tiers de l'épargne allemande (...) vers l'étranger » y compris hors de cette zone. Contrairement à ce qu'il laisse entendre, les « deux tiers de l'épargne allemande » n'ont pas été destinés uniquement aux PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne), comme cela ressort d'un autre de ses articles. Une partie non négligeable a servi à créer ou à financer des filiales dans et hors de cette zone qui ont grandement contribué à l'amélioration de la compétitivité des entreprises allemandes. Une autre fut l'objet d'investissements financiers, notamment aux États-Unis où les banques allemandes perdirent environ 70 milliards de dollars lors de la crise des subprimes de 2007, sans que ni le traité de Maastricht, ni les gabegies grecques ou andalouses y soient pour grand chose.
Or, seule la décomposition des flux de capitaux allemands vers l'étranger permet de savoir s'il est vrai que leur augmentation est à l'origine de la faiblesse des investissements intérieurs allemands et donc de la croissance, comme l'affirme Hans-Werner Sinn, ou si on doit inverser le rapport de causalité en considérant que la politique austéritaire mise en œuvre en RFA pendant plus d'une décennie a tellement réduit les opportunités d'investissement que les détenteurs de capitaux ont été forcés d'en chercher à l'extérieur.
Cette alternative n'est pas anodine, puisque c'est de la réponse qui lui est donnée que dépend le choix des solutions à la crise de la zone euro. Si on choisit la première explication, on en déduira que les pays en difficulté de la zone euro pourraient supporter la fuite des capitaux tout en améliorant leur productivité, comme l'Allemagne l'a fait. Si on choisit la seconde, il en découlera non seulement que l'expérience allemande du début de ce siècle ne prouve pas que la politique austéritaire qui est imposée aux pays en difficulté suffira pour résoudre leurs problèmes, mais encore qu'il est raisonnable de penser que la politique économique de chacun des pays de la zone euro peut avoir, dans certaines conditions, un impact déterminant sur la situation des autres. Or, la dénégation de cette interdépendance est au cœur du système de représentation ordolibéral qui inspire la plupart des dirigeants politiques et économiques de la RFA, si on en croit deux spécialistes allemands des relations européennes.
Les circonstances font que nous disposons d'une preuve irréfutable que ce n'est pas l'élimination du risque de changes au sein de la zone euro qui est à l'origine de la faiblesse de la croissance et des investissements intérieurs allemands et que la politique austéritaire qui a été menée dans ce pays a conduit les épargnants allemands à investir à l'étranger du fait du manque d'opportunités locales. En effet, si la première thèse était juste, l'augmentation des flux de capitaux vers l'étranger n'aurait eu que deux explications : le financement de dispositifs destinés à améliorer la compétitivité de l'industrie nationale et l'investissement dans les autres pays de la zone euro pour profiter de l'élimination des risques de changes. On peut même supposer que, dans ces conditions, les autres flux auraient diminué. Or, c'est l'inverse qui s'est produit.
En effet, il y a eu au début de ce siècle un troisième flux de capitaux allemands fort important que le système de représentation de Hans-Werner Sinn ne peut pas expliquer : les investissements financiers aux États-Unis, qui s'avérèrent fort imprudents puisque les dépréciations d'actifs et les pertes de crédits des banques allemandes y atteignirent environ 70 milliards de dollars lorsque la crise des subprimes a éclaté. Certes, me dira-t-on, mais cela peut être expliqué par un banal appât du gain et non par la politique austéritaire des gouvernements allemands. Mais alors, dîtes-moi pourquoi les banques françaises n'ont perdu dans l'affaire « que » 29 milliards de dollars, soit moins de la moitié que leurs collègues d'Outre-Rhin (57 % par euro de PIB si on prend en compte le fait que celui de l'Allemagne était alors supérieur de 34 % à celui de la France). Leurs dirigeants étaient-ils moins fascinés par les mirages spéculatifs ou leurs employés étaient-ils plus clairvoyants ? Que nenni ! Il n'y a qu'une seule explication qui tienne : du fait de la quasi-stagnation des salaires et de la réduction des prestations sociales en Allemagne, les opportunités d'investissement y avaient été raréfiées et d'énormes masses de capitaux étaient disponibles pour des engagements étrangers aventureux, à Miami comme à Sevilla.
Il est donc clair que ni les investissements allemands dans les autres pays de la zone euro ni le traité de Maatschricht ne constituèrent des causes déterminantes de la faiblesse de la croissance et des investissements intérieurs allemands dans leur pays au début du XXI° siècle, contrairement à ce présuppose Hans-Werner Sinn en affirmant que « l'Allemagne a subi sa propre crise de l'euro ». Mais alors pourquoi a-t-il tenu à prétendre le contraire ? Une des principales explications possibles est la conformité du système de représentation activée par son assertion avec le moralisme ordolibéral qui l'inspire et donc avec les mesures qu'il préconise pour résoudre la crise de la zone euro. À l'inverse, il aurait concédé un argument à ses adversaires s'il avait reconnu le rôle de la politique austéritaire de l'Allemagne dans l'accroissement des flux financiers au sein de la zone euro.
En effet, si une puissance telle que l'Allemagne était incapable d'empêcher la fuite des capitaux pendant près d'une décennie dès lors que le risque de change a été éliminé, on devrait en déduire que les nations ne maîtrisent pas leurs relations à leur environnement économique et ne peuvent donc réussir qu'en adoptant un ethos à usage interne, aisément formulable en termes moraux. A contrario, si Hans-Werner Sinn avait admis que les politiques austéritaires des gouvernements allemands ont contribué à l'exportation des capitaux à destination des pays qui sont en difficulté et donc à la dégradation de leur compétitivité, il aurait dû reconnaître qu'il est nécessaire de prendre en compte l'interdépendance des pays membres de la zone euro pour trouver une solution à la crise actuelle. De ce point de vue, il ne diffère guère que par des nuances de la chancelière Angela Merkel à laquelle il s'est publiquement opposé au mois de juillet dans l'acceptation des présupposés ordolibéraux, si ce n'est qu'il est plus dogmatique et plus nationaliste et qu'elle apparaît plus pragmatique et plus marquée par le moralisme luthérien.
L'ethos ordolibéral est insuffisant pour assurer le succès des politiques austéritaires
Si on admet que l'interdépendance entre les pays membres de la zone euro est un élément déterminant de son fonctionnement, mais aussi de la crise qu'elle traverse, il en résulte des conséquences importantes non seulement pour la compréhension de l'origine de cette crise, mais aussi pour la recherche de solutions et pour l'explication du succès des mesures austéritaires allemandes.
Il est en effet réducteur d'attribuer le succès des politiques austéritaires allemandes à la seule qualité des stratégies industrielles de la RFA sans tenir compte de l'environnement macroéconomique dont leurs mises en œuvre ont bénéficié. En effet, il ne suffit pas de bien produire, encore faut-il avoir les capacités de vendre ce qui est produit. Or, le pouvoir d'achat des salariés allemands a quasiment stagné, notamment dans la partie occidentale où il n'a progressé que de 2 % entre 1991 et 2011, à en croire l'Institut der deutschen Wirtschaft. Le marché intérieur aurait été donc insuffisant pour absorber la croissance de 26 % en monnaie constante du PIB par habitant pendant cette période. Ce supplément de production n'a pu être absorbé que grâce à l'augmentation des exportations, qui sont passées de 29 % du PIB en 1999 à 50 % en 2011 et, surtout, de celle de l'excédent commercial qui, après avoir oscillé aux alentours de 1 % de ce même PIB de 1995 à 2000, est passé à 2 % en 2001, est monté jusqu'à 7 % en 2007 pour revenir à 5 % en 2011. Or, la zone euro absorbait 40 % des exportations allemandes de 2011 et générait 50 % de son excédent commercial. Plus précisément, les exportations de la RFA étaient supérieures de 29 % aux importations dans ses échanges avec l'Italie, 50 % avec le Portugal, 53 % avec la France, 55 % avec l'Espagne et 160 % avec la Grèce.
Il en découle que la politique austéritaire de l'Allemagne aurait probablement échoué si tous les pays de la zone euro avaient fait la même chose qu'elle au même moment. Non seulement ils n'auraient pas eu les moyens nécessaires à l'absorption de l'excédent de sa production, mais encore l'avantage compétitif de ses entreprises aurait été moindre.
Dès lors qu'on veut tirer les leçons du succès des programmes austéritaires des gouvernements allemands pour résoudre les problèmes de la zone euro, il faut les tirer toutes. Certes, un effort de rigueur est indispensable dans de nombreux pays afin d'améliorer la compétitivité de leurs entreprises, mais il devrait être entrepris dans un environnement économique comparable à celui dont l'Allemagne avait bénéficié. Or la focalisation sur la préservation de la pureté de l'ethos ordolibéral escamote la seconde condition.
C'est en effet au nom de leur phobie de l'inflation que les ordolibéraux refusent de discuter de l'attribution à la Banque Centrale Européenne d'un statut de prêteur en dernier ressort aux États, bien que l'expérience montre que c'est une des principales conditions du retour à des niveaux acceptables des taux d'intérêt des dettes souveraines des pays membres de la zone euro en difficulté. C'est également parce qu'ils sont focalisés sur la préservation de la pureté de leur ethos qu'ils refusent de constater que des dévaluations internes qu'ils exigent des PIIGS sont non seulement cruelles socialement et dangereuses politiquement mais encore inefficaces économiquement, comme l'a démontré l'économiste néo-keynésien Paul Krugman qui préconise que les pays en bonne santé économique tels que l'Allemagne acceptent un taux d'inflation suffisamment élevé (4 % à 5%) pour que les programmes austéritaires n'asphyxient pas ceux à qui ils sont imposés.
Une autre confusion symptomatique
C'est également à cause de leur focalisation sur la préservation de l'intégrité de leur ethos que les ordolibéraux allemands dénient l'interdépendance entre les membres de la zone euro et donc des dangers qu'ils font courir à leur propre pays en poussant les PIIGS vers la sortie.
L'ambivalence de Hans-Werner Sinn à l'égard de la perte que pourrait subir la la Bundesbank si les pays en difficulté faisaient faillite et abandonnaient l'euro est à cet égard symptomatique. D'une part, il a consacré six paragraphes de son article publié par Le Monde pour exposer les risques considérables qui découleraient selon lui principalement du financement des échanges entre les États membres par leurs banques centrales nationales depuis qu'elles ont pris, en 2007, le relais des banques commerciales dans le cadre du système européen de paiements interbancaires Target 2. D'autre part, il conclut son descriptif détaillé en écrivant que les chiffres spectaculaires qu'il donne « ne doivent pas être interprétés par le lecteur comme des prévisions. » Alors pourquoi leur a-t-il consacré tant de place ? La question est d'autant plus pertinente qu'en tant que coauteur de l'article qui a signalé ce problème, il est mieux placé que quiconque pour savoir ce qu'il en est. Ferait-il référence à l'argument du ministère des finances allemands selon lequel des garanties seraient attachées à Target 2 ? Cependant, ces actions et/ou obligations ne vaudraient plus grand chose après que les PIIGS aient abandonné l'euro, puisqu'elles auraient été émises par des États ou des banques en faillite dans des pays en récession avec des monnaies fortement dévaluées.
Il me semble que la confusion de Hans-Werner Sinn sur ces chiffres peut être expliquée par les présupposés ordolibéraux, comme celle relative à l'exportation des capitaux allemands. Il a cité ces chiffres dans le cadre d'une pédagogie morale : monétiser l'irrespect de l'ethos ordolibéral par la zone euro. Cependant, il s'est probablement rendu compte qu'il y avait quelque paradoxe à préconiser la sortie de l'euro par les « pays affectés » par la crise -c'est-à-dire y compris l'Italie et l'Espagne- six paragraphes après avoir expliqué que le seul coût financier de cet abandon pourrait coûter à l'Allemagne jusqu'à 30 % de son PIB. Dit autrement, ces chiffres sont précieux pour lui quand il s'agit de dénoncer les atteintes à l'ethos ordolibéral, mais doivent être relativisés dès lors qu'ils risqueraient de prouver l'interdépendance des pays membres de la zone euro.
Le coût pour l'Allemagne de l'abandon de l'euro par les pays en difficulté
Le PIB allemand serait affecté par l'abandon de la zone euro par les PIIGS pour une seconde raison, découlant de son extrême vulnérabilité au risque de la perte de clients de ses exportateurs. Hans-Werner Sinn n'y a même pas fait allusion, probablement parce que son évocation aurait pu être perçue comme une preuve de l'interdépendance des pays membres de la zone euro.
En effet, il résulterait de l'abandon de la zone euro par les PIIGS une réduction des exportations de la RFA et, donc, de son PIB et, surtout de son tissu industriel. Ils représentaient en 2011 11 % de ses exportations et 15 % de son excédent commercial (20 % si on exclut l'Irlande qui a un solde de 5%). Leurs achats diminueraient pour deux raisons : d'une part, la baisse brutale de leur pouvoir d'achat provenant elle-même de la dévaluation importante de leur monnaie et de l'approfondissement de la crise et, d'autre part, de l'amélioration de la compétitivité de leurs producteurs qui pourraient d'ailleurs concurrencer les produits et services allemands les moins spécifiques en dehors de leurs frontières. De plus, il est plus que probable qu'il en résulterait de graves répercussions sur les économies déjà fragilisées mais qui n'ont pas encore sombré dans la spirale déflationniste, telles que celles de la France et de la Belgique, qui représentent 14 % des exportations de l'Allemagne et 28 % de son excédent commercial, ne serait-ce que parce que 18 % des exportations françaises sont vendues aux PIIGS. Qui plus est, on ne peut ne pas imaginer qu'un tel choc n'ait pas de répercussions sur les autres pays de la zone euro (15 % des exportations de l'Allemagne), sur les autres pays de l'Union européenne (13%) et sur les autres pays européens (18%).
Ce ne serait pas la Chine, souvent présentée comme le nouvel Eldorado des exportateurs allemands, qui pourrait les sauver de la crise. En effet, ses achats de produits et services allemands ne représentent que 63 % de ceux de la France et moins de 9 % de ceux du continent européen. En tout état de cause, la plupart des experts estiment qu'une sortie de l'Italie de la zone euro provoquerait une onde de choc dans l'économie mondiale au moins aussi grave que celle qu'a générée la crise des subprimes.
Il est bien sûr difficile de faire des prévisions, mais il me semble raisonnable d'estimer qu'il résulterait de l'abandon de l'euro par les PIIGS une baisse des exportations allemandes d'environ 10 %. Puisque les exportations représentent 50 % du PIB de la RFA, ce dernier baisserait de 5 % et la production industrielle d'environ 7 %. Certes, l'Allemagne a pu surmonter en 2009 une chute de ses exportations encore plus importante (16%) que celle que j'envisage (ce qui, soit dit en passant, montre l'extrême prudence de mon hypothèse). Cependant, elles avaient quasiment retrouvé leur niveau de 2008 en 2010, en grande partie grâce aux plans de relance vilipendés par les ordolibéraux, alors que, cette fois-ci, la majeure partie des pertes subies ne pourrait pas être rattrapée avant cinq à dix ans. En admettant qu'elles soient progressivement réduites au cours du temps, on peut estimer leur effet cumulé à 15 % à 20 % du PIB.
En prenant les hypothèses les moins pessimistes possibles, on peut donc estimer que l'abandon de la zone euro par les PIIGS coûterait à l'Allemagne au moins 10 % de son PIB en perte financière sèche immédiate et 15 % de baisse découlant de la chute de ses exportations sur plusieurs années, soit un total de 25 %. J'exagère ? Mais alors que faut-il penser de l'estimation du Conseil allemand des experts économiques selon lequel, d'après Der Spiegel, un effondrement du système monétaire européen pourrait coûter à la RFA jusqu'à 3 300 milliards d'euros, c'est-à-dire approximativement 130 % de son (PIB) ?
Forcer les ordolibéraux à prendre conscience de l'interdépendance des pays de la zone euro
Ce serait bien cher payer la protection de l'intégrité de l'expression de l'ethos ordolibéral. C'est pourtant ce que préconise l'économiste le plus influent en Allemagne et ce que la chancelière Angela Merkel ne fait rien pour empêcher au nom de son moralisme luthérien. Mais on aura compris que l'intérêt de leur pays importe moins aux ordolibéraux que la maîtrise absolue de leurs relations avec leurs partenaires, comme le manifeste, d'ailleurs, le recours incessant au thème du hasard moral dans leurs discours. Et cette maîtrise passe pour eux par le triomphe de l'ordolibéralisme. Comme l'a écrit l'économiste allemand Wolfgang Münchau favorable aux thèses néo-keynésiennes dans sa chronique du Financial Times, « ceux qui présentent la stratégie de l'Allemagne comme un 'bluff'' présupposent un degré de rationalité qui est totalement absent (...). Dans le récit allemand, l'économie est comme un match de football que l'Allemagne est en train de gagner. ». Cette incapacité à accepter quoi que soit qui ne soit pas conforme à l'ethos ordolibéral ressort également du document de ces deux compatriotes spécialistes des relations européennes que j'ai déjà cité.
Alors comment forcer les ordolibéraux allemands à prendre conscience de l'interdépendance des pays membres de la zone euro, ainsi que les interrelations en son sein entre les marchés et les processus de décision politique ? Je ne vois qu'un seul moyen : organiser un boycott des produits allemands à l'échelle européenne avant qu'il ne soit trop tard, jusqu'à ce que le gouvernement de Berlin cède aux trois revendications qui suivent : attribuer à la BCE un statut de prêteur en dernier ressort aux États-membres ; encourager une relance inflationniste dans son pays et dans tous ceux dont la situation économique est saine pendant au moins trois à quatre ans ; s'associer à toutes les autres mesures nécessaires pour que les inévitables dispositifs austéritaires des pays en difficulté ne les fassent pas sombrer dans l'engrenage mortifère des dévaluations internes. Ce ne serait, après tout, qu'un bref avant-goût de ce que l'élite ordolibérale allemande ferait subir à ses concitoyens pendant au moins cinq années si elle ne faisait pas les concessions indispensables au maintien des pays en difficulté dans la zone euro.
Je propose de donner un nom allemand à ce mouvement -Boykott deutscher Waren- afin que tous les peuples d'Europe puissent se l'approprier pour manifester leur colère à l'égard d'Angela Merkel et de ses alliés ordolibéraux.
Antigermanisme primaire ? Oseriez-vous alors accuser d'antigermanisme primaire l'ancien ministre des affaires étrangères de la RFA Joschka Fischer qui a conclu récemment un de ses articles en écrivant qu'il « serait à la fois tragique et ironique qu'une Allemagne unifiée provoque la ruine, par des moyens pacifiques et les meilleures intentions du monde, de l'ordre européen pour la troisième fois ». D'ailleurs, en quoi y aurait-il la moindre haine du peuple allemand dans l'exigence que son gouvernement redonne enfin aux salariés et aux plus démunis de leurs concitoyens la part qui leur est due après qu'ils aient contribué pendant deux décennies à l'augmentation de la production nationale de 26 % en ne recevant que des miettes.
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