L'Intérieur assure que des consignes de concertation en amont ont été données aux préfets lorsque des exclusions sont prononcées par la justice, mais ces consignes, toutes récentes, n'ont pas toujours été prises en compte avant les derniers démantèlements opérés sur le terrain. À la rentrée, le ministère devrait apporter des propositions de réforme.
•Les divergences Intérieur-Justice
Christiane Taubira ne s'embarrasse pas de la même rhétorique que son collègue de l'Intérieur. Le garde des Sceaux affiche sans complexe des positions diamétralement opposée à celles de ses prédécesseurs, sans sembler craindre le procès en «laxisme»: jurés populaires, peines planchers, tribunal correctionnel pour les mineurs… La circulaire attendue pour la fin du mois doit être l'occasion d'afficher sa volonté de revenir sur les années Sarkozy. Quitte à ce que ses paroles dépassent parfois la pensée… du président! La semaine dernière, à Matignon, on a été surpris de lire dans Libération que le garde des Sceaux voulait en finir avec le tout «CEF» (centres éducatifs fermés) alors que le candidat Hollande avait promis de doubler le nombre de ces établissements pour les mineurs délinquants.La chancellerie a dû apporter un correctif dans l'après-midi pour préciser qu'elle ne renonçait pas à la construction de ces centres. Dans cette même interview, le garde des Sceaux affiche une certaine distance au sujet des Roms. Les deux ministres avaient pourtant annoncé leur intention de ne pas céder à la traditionnelle guerre de tranchées qui oppose la justice et la police, envisageant des rencontres régulières. Pour l'heure, la Place Beauvau et la Place Vendôme se sont concertées sur les zones de sécurité prioritaires, mais ensuite les deux directeurs de cabinet sont partis en vacances…
•Le flou des «zones de sécurité prioritaires»
Révélées fin juillet par Manuel Valls, les 15 premières zones de sécurité prioritaires (ZSP) s'attirent de nombreuses critiques. L'opposition s'interroge sur le pari du gouvernement de faire mieux sans davantage de moyens. En présentant ce dispositif, le ministère a indiqué qu'il fonctionnera avec les ressources existantes et qu'il n'y aura pas de redéploiement d'effectifs pour éviter «de créer des trous sécuritaires». Pas question donc de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Alliance, deuxième syndicat chez les gardiens de la paix, a déjà mis en garde Beauvau. Ce dernier «ne saurait accepter l'idée que certains services soient démunis au motif de concentrer les efforts sur les zones prioritairement définies». La seule marge de manœuvre de l'Intérieur sera de piocher dans les 500 postes supplémentaires prévus cette année.La pertinence des premiers territoires choisis est aussi mise en cause. Pourquoi Chambly, dans l'Oise, a-t-elle été retenue alors que sur d'autres secteurs une délinquance plus préoccupante y est davantage enracinée? L'UMP s'est ainsi étonnée que Toulouse où Mohamed Merah a assassiné cinq personnes ne figure pas sur la liste. D'autres se sont dits consternés par l'inscription des seuls quartiers nord de Marseille. À l'Intérieur, on rétorque que l'on a souhaité, par le biais de ces 15 premières «ZSP», dresser un panel de toutes les formes d'insécurité existantes en France aussi bien en zone rurale et urbaine. La liste n'est d'ailleurs pas achevée. Près de cinquante autres «ZSP» y figureront d'ici à la fin 2013.
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