mardi 14 août 2012
L’ambiguïté des Cent Jours
Les Cent Jours – François Hollande vient de les franchir depuis son
entrée en fonction – sont sacralisés dans notre Histoire. À l’origine,
ils se rapportent à Napoléon et à son ultime offensive, son ultime
défaite aussi, depuis son retour de l’île d’Elbe jusqu’à la déroute de
Waterloo en 1815.
À gauche, ils évoquent l’été mythique du Front
populaire. À droite, dans un passé récent, Nicolas Sarkozy a imprimé sa
marque d’emblée, avec la loi dite Tepa (pour Travail, emploi et pouvoir
d’achat), prolongement et concrétisation du « travailler plus pour
gagner plus », slogan majeur de la campagne de 2007. Et première
accélération d’un quinquennat placé sous le signe d’une «
hyperprésidence » qui a agacé les Français avant d’être sanctionnée par
les urnes au printemps dernier.
À l’inverse, François Hollande
a-t-il choisi la voie de « l’hypoprésidence », assumant un rôle plus en
retrait, stratégie qu’il espère payante pour une future réélection ?
Tout l’indique depuis son entrée en fonction. Il n’a pas été absent,
notamment sur la scène internationale, et a su gérer habilement sa
relation avec nos partenaires européens. Il a fait adopter, sans
difficulté puisqu’il dispose d’une majorité confortable au Parlement, le
collectif budgétaire qui efface l’essentiel de la loi Tepa. Et le
Conseil constitutionnel vient de valider l’approche du chef de l’État à
propos de la « règle d’or » en matière budgétaire. Cette barrière
anti-déficit n’aura pas besoin d’être inscrite dans la Loi fondamentale ;
une loi organique, beaucoup plus facile et rapide à faire voter,
suffira.
Habile, toujours habile, le président normal, qui joue
profil bas, estimant disposer de presque cinq ans encore pour
transformer le pays. Le calendrier institutionnel lui donne raison. Mais
le biorythme du corps électoral est beaucoup moins prévisible. Déjà
pointent dans l’opinion les premiers signes d’impatience. La rentrée se
présente comme un redoutable casse-tête, avec de sombres prévisions
économiques et un chômage à la hausse.
Le temps est venu de
proposer des solutions claires et de les mettre en œuvre, sans tarder,
après ces Cent Jours d’une rare ambiguïté.
Il n’y a pas eu d’erreurs jusqu’ici, mais s’en contenter serait la pire des erreurs.
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