Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, l’a confirmé tout au long du week-end écoulé : « Il n’y aura jamais d’alliance avec le Front national. » Copé répondait aux propos comminatoires du probable futur premier secrétaire du PS, Harlem Désir (si Aubry confirme son intention de ne pas briguer un second mandat), qui l’acccusait contre toute évidence d’avoir été incapable de maintenir « la digue » entre l’ex-majorité et le mouvement national. Le « coordonnateur » de la campagne du PS a beau jeu d’enfoncer le clou : « Aujourd’hui l’UMP est dans l’incohérence la plus totale entre, d’un côté Mme Joissains, maire d’Aix-en-Provence ou M. Garraud, député de Gironde, qui sont partisans de l’alliance avec le Front, et de l’autre côté, Mme Jouanno ou Nathalie Kosciusko-Morizet qui disent : surtout pas d’alliance avec le FN ! (…) Moi, je lui demande la clarté au nom y compris de l’héritage gaulliste et chiraquien. » Dans le même temps Harlem Désir rappelle que le PS fera « bloc derrière un candidat républicain lorsqu’il existera le moindre risque de faire élire un candidat du Front national ».
Le chantage classique, exercé depuis trente ans par la gauche dure sur la droite molle et auquel une fois de plus celle-ci se fait une obligation quasi masochiste de céder servilement.
Seul moyen de faire sauter cette digue idéologique qu’évoque Harlem Désir : voter massivement, lors du premier tour des élections législatives, pour les candidats du Front national. Contraindre, par la force des urnes, le plus grand nombre possible de candidats UMP à composer avec le FN. Ou à demeurer, contre l’avis de la plupart de leurs électeurs, « endigués » dans la défaite où la gauche cherche à les enfermer.
« Jamais d’alliance avec le Front national »… Voilà au moins une option politique sur laquelle François Fillon et Jean-François Copé sont d’accord. Pour le reste, les hostilités entre les deux hommes sont ouvertes. L’ancien Premier ministre a lancé la semaine dernière, en prenant Copé de court, la bataille pour la direction de l’UMP. L’ex-majorité n’ayant plus, selon l’ancien Premier ministre, « de leader naturel ». Vingt jours après le retrait de Nicolas Sarkozy, ce constat entérine certes une évidence. Mais dans la bouche de François Fillon, il sonne comme une déclaration de guerre à l’actuel patron de l’UMP.
Selon le JDD, l’ancien Premier ministre aurait reçu des incitations de la part de son entourage : « Vas-y cogne ! Il faut que tu arrêtes d’être ce garçon poli qui ouvre la porte et s’efface devant les autres. » Message reçu cinq sur cinq. Se transformant illico en « mauvais garçon », Battling Fillon a donc cogné, décrochant un méchant uppercut à Copé, au moment où celui-ci, accaparé par la préparation des législatives, s’y attendait le moins. L’effet de surprise est souvent déterminant pour gagner une bataille. Ce n’est certes pas Nicolas Sarkozy, spécialiste des « coups d’éclat », qui dira le contraire…
La guerre des trois n’aura pas lieu… Pour le moment !
Un récent sondage indiquait pourtant que 69 % des sympathisants UMP souhaitent que François Fillon prenne la tête du mouvement. Contre 22 % seulement pour Copé. Mais ce dernier dispose de réseaux au sein de cette UMP qu’il dirige, et dont 250 000 militants désigneront à l’automne prochain le nouveau secrétaire général. Amateur de courses automobile, Fillon a donc cherché à se placer en pole position. Quitte, en lançant prématurément cette guerre des chefs, annoncée pour l’automne prochain, à désemparer un peu plus les électeurs de l’ancienne majorité. « Dans la mêlée, on pousse ensemble, on ne se fait pas de croche-pied », a déploré Alain Juppé, le courageux mais pas téméraire maire de Bordeaux. Ce dernier a en effet préféré renoncer à se présenter pour les prochaines législatives dans la deuxième circonscription de sa ville, où pourtant il avait annoncé à plusieurs reprises, ces deux dernières années : « Je me présenterai, quel que soit le résultat de l’élection présidentielle. » Mais le 6 mai dernier, François Hollande ayant obtenu plus de 57 % des suffrages dans la capitale girondine, Juppé, toujours « droit dans ses bottes », a préféré, tout comme une vulgaire Najat Vallaud-Belkacem, déclarer forfait. Pour autant, il n’aurait pas complètement renoncé à ses visées sur la direction de l’UMP.
L’armistice
Craignant les conséquences néfastes que pourrait avoir cette guerre des chefs sur l’électorat UMP, Jean-François Copé, d’abord tenté de réagir vigoureusement à l’offensive de Fillon, a finalement jugé plus habile de jouer les pompiers plutôt que les incendiaires. Samedi il a donc déclaré, magnanime et conciliant : « François Fillon a parfaitement raison sur le leadership. Personne n’a un grade supérieur aux autres. » Mais chacun a son bâton de maréchal dans sa giberne ?
Et les législatives dans tout ça ? Elles ne semblent pas être le souci majeur des prétendants à l’élection présidentielle, dont l’intérêt semble déjà tout entier obnubilé par 2017. Devenir le Premier ministre de François Hollande ne tente apparemment ni Fillon, ni Copé, ni Juppé, qui préfèrent se positionner en chef de l’opposition Les dégâts qu’une gauche détentrice de tous les pouvoirs peut infliger durant cinq ans à la société française ? Broutilles, par rapport aux ambitions présidentielles des uns et des autres. En revanche, à défaut d’une victoire qu’ils ne paraissent même pas souhaiter, une chose tout de même turlupine les élus de l’UMP… Une défaite que le refus de toute alliance avec le Front national pourrait amplifier en une retentissante raclée…
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