TOUT EST DIT

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mercredi 30 mai 2012

Un « troisième tour » déterminant 

La présidentielle donne le tempo de la vie politique. Mais sans une majorité de députés pour interpréter sa partition, un président n'est qu'un chef sans orchestre, comme l'a rappelé hier soir, François Hollande.
De trois choses l'une, de la moins probable à la plus vraisemblable : l'UMP et le centre droit gagnent. Même si la cohabitation n'est pas dans l'esprit des institutions, Jean-François Copé - ou un autre - chasse Jean-Marc Ayrault de Matignon. Adieu le projet Hollande.
Deuxième hypothèse, le PS l'emporte seul et dispose d'une hégémonie inédite. Déjà à la tête du Sénat, de vingt et une Régions, de six départements sur dix et des grandes villes, il n'aurait aucune excuse à échouer.
Ou alors une majorité socialiste relative sort des urnes. C'est le scénario d'un PS obligé de composer au coup par coup avec des partenaires de gauche ou de solliciter des appuis centristes.
Logiquement, la présidentielle donne de l'élan pour les législatives qui suivent. Ce fut le cas en 2002 et 2007 où les Français sont restés cohérents entre leurs deux votes. Les résultats locaux du 6 mai montrent que la droite aura du mal à remonter la pente. Un ou deux points de moins peuvent coûter des dizaines de sièges. Et le Front national semble en mesure d'imposer des triangulaires, profitables à la gauche, dans cinquante à cent circonscriptions.
Pour autant, un raz-de-marée rose semble assez peu probable. Pour deux séries de raisons.
À droite, parce que l'UMP et ses alliés peuvent surprendre. Le score de Nicolas Sarkozy n'a pas été ridicule. L'antisarkozysme ne jouera pas aux législatives. L'UMP, quitte à enfreindre la règle de la parité, a privilégié ses candidats sortants, mieux implantés que des novices. Et le dernier redécoupage, avec onze circonscriptions pour les Français de l'étranger, l'arrange bien.
À gauche, parce qu'il faut se garder de toute projection mécanique. Dans une France sociologiquement de droite, le score de François Hollande n'est pas directement transposable aux législatives où les coefficients personnels des candidats comptent. La participation sera, comme toujours, inférieure à celle de la présidentielle. Or, de la mobilisation des électeurs dépendra directement la capacité de nuisance de Marine Le Pen.
Pour accéder au second tour, il faut en effet obtenir 12,5 % des électeurs inscrits (autour de 20 % des suffrages exprimés). Plus l'abstention monte, et plus l'accès au second tour est difficile. Ce qui a deux conséquences directes : sur le nombre d'élus que le Front national peut escompter et sur le nombre d'UMP que les triangulaires peuvent faire chuter.
Avec une majorité relative, une UMP forte, quelques FN et des centristes à vote variable, le Parti socialiste devrait composer. On imagine bien des majorités se dégager sur la moralisation de la vie politique, sur l'épargne mise au service du redressement productif, sur la réorientation de l'Europe...
En revanche, on pourrait s'interroger, dans cette hypothèse, sur l'avenir des mesures qui pèsent sur la dette, le recrutement de fonctionnaires, la fiscalité... Quand on promet de respecter le Parlement, comme l'a exprimé François Hollande, on s'engage aussi à accepter, le cas échéant, des compromis, voire des renoncements. Ce qui ne déplairait pas à tout le monde !

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