TOUT EST DIT

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mercredi 30 mai 2012

Audiences 


Le Premier ministre a enchaîné hier les rendez-vous avec les syndicats de salariés et les organisations du patronat. Chacun a eu soixante minutes pour convaincre — si possible — et se faire dire, bien sûr, qu’il avait été sinon entendu, en tout cas écouté.
On le sait : on a parlé à Matignon chômage, retraite, SMIC, notamment. Logique : ce sont de graves préoccupations pour beaucoup et la campagne électorale ne les a pas contournées. Et quand on a promis beaucoup, il faut donner, au moins un peu.
L’exercice, assez formel, s’apparente aux audiences données aux nouveaux ambassadeurs qui présentent leurs lettres de créance. On fait connaissance, on parle du pays, on écoute le point de vue de l’hôte sur les dossiers en cours. Il s’agit de montrer que le dialogue est noué. Mais on ne se dévoile guère. Et on prend rendez-vous pour les vraies réunions, celles où l’on négociera âprement, dans ce donnant-donnant qui est le jeu des relations diplomatiques comme celui du dialogue social.
Là, il faudra trancher, c’est-à-dire dire ce qui sera décrété, ce qui sera refusé, ce qui sera oublié, ce qui sera laissé à la négociation syndicats-patronat — et dans quel calendrier.
Depuis le jeu de dupes du Grenelle de l’Environnement, on n’ose plus évoquer les vrais accords de Grenelle, ceux qui furent réellement appliqués après mai 1968. Un autre Premier ministre (de droite), Alain Pompidou, le patronat et les syndicats d’alors avaient abouti dans la douleur à un texte qui augmentait le SMIG de l’époque de près d’un tiers et les autres salaires de 7 à 10 %, autorisait les sections syndicales d’entreprise, réformait une série d’allocations dont le minimum vieillesse.
Ces accords, il y a quarante-quatre ans, avaient été négociés dans un tout autre contexte. Mais ils ont installé l’idée que l’État, qu’il le veuille ou non, qu’il se dise libéral ou dirigiste, donne en France le ton du dialogue social, le stimule et le contrôle. Après le temps des audiences, viendra donc pour le gouvernement, celui de M. Ayrault ou même celui d’un autre, le temps des échéances.

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