dimanche 27 mai 2012
La tragédie Bayrou
L'ancien candidat à la présidentielle
joue sa survie politique dans sa circonscription, où notre sondage
Ifop-Fiducial le donne battu.
Derrière les grilles de l’école du village de
Bernadets, à 15 km au nord de Pau, un garçonnet au tee-shirt vert scande
: "Bay-rou! Bay-rou!" Le président du MoDem sourit d’un air distrait.
En cette journée de campagne législative, le cinquième homme de la
présidentielle paraît comme hors de lui-même. Parti au volant de sa Clio
à la rencontre des maires de cette circonscription qui le choisit pour
la première fois en 1986, le député ne s’anime que lorsqu’il s’agit
d’évoquer sa "situation". Celle qui l’amène, lui qui est pourtant passé
dans le langage politique courant comme "le Béarnais", à être menacé de
défaite le 17 juin, sur sa terre natale.
Sa
"situation" ou plus clairement son sacrifice. C’est en tout cas de cette
manière-là que Bayrou, 61 ans, a envie d’évoquer en ce jeudi du mois de
mai sa transgression de l’entre-deux-tours, son vote "personnel" pour François Hollande.
"Cela
a été un débat de conscience pour moi, explique-t-il aux nombreux
Béarnais qui lui demandent des comptes. Je sais très bien que des tas de
gens ont été émus et choqués." Il poursuit, en référence à la campagne très droitière de Nicolas Sarkozy
: "On avait semé des haines et des divisions dans la société française
dont on n’aurait pas pu se relever. Ma situation est difficile pour des
raisons qui en valent la peine."
Car malheur à lui, dans cette circonscription qui glisse vers la gauche, le PS ne lui a pas fait de fleur et a maintenu sa candidate,
Nathalie Chabanne, une inspectrice des finances jamais élue jusqu’à
présent. Elle résume l’embrouillamini : "Ici, tout le monde considère
qu’il est de droite."
Éric Saubatte, le candidat
UMP, un cadre de 41 ans, novice en politique, renchérit : "C’est un
homme seul, victime de ses contradictions. En appelant à voter Hollande, il a commis une faute politique, cela a été ressenti comme une trahison par son électorat."
Dans
l’entourage de l’ex-candidat à la présidentielle, on a espéré un geste
des socialistes. Si ce n’est pas au premier tour, peut-être au second?
"Je ne peux pas imaginer que François Hollande ait sur son bureau, le 17
juin au soir, des résultats qui lui montrent que François Bayrou est
battu", estime ainsi le député européen Robert Rochefort.
Sauf que la candidate PS est en position de force : "C’est la meilleure
des configurations qu’on ait connue dans cette circonscription. Ici, il
y a quelque chose à faire", lance-t-elle.
Bayrou
s’avoue lui presque effaré de constater qu’il a pour la première fois
contre lui "des candidats qui n’ont aucune notoriété et qui sont là
juste pour porter une étiquette", mais qu’il peut être "battu par une
étiquette".
Car, pour cette élection-ci, le
centriste semble bien avoir envisagé l’éventualité d’une défaite. Et ce
serait presque un titre de gloire à ses yeux que de périr parce qu’il a
défendu ses convictions. "Vous vous souvenez de la phrase de Nicolas
Sarkozy en 2007 sur le mouton que l’on égorge dans la baignoire? Eh
bien, même pour être élu, je n’aurais pas pu la prononcer", assure-t-il.
Son ami d’Aquitaine, Alain Juppé, quasi certain d’être battu comme en 2007, a lui renoncé à se présenter aux législatives.
"Renoncer, ce n’est pas rien, remarque Bayrou. Et puis en quoi est-ce
grave de perdre?" Le natif de Bordères vise déjà une étape plus loin,
toujours persuadé que l’actuel gouvernement ne résistera pas à la crise.
"Regardez Jospin, il a perdu en 1993, cela ne l’a pas empêché de
devenir Premier ministre quatre ans plus tard", remarque celui qui
s’espère en recours. En attendant, quoi qu’il advienne, l’écriture le
tiendra. "J’ai quatre ou cinq livres en tête. J’en ai commencé un sur
Saint Louis, j’en suis à la moitié, confiait-il jeudi devant une poignée
d’élus locaux. La nuit dernière, j’ai rêvé que je l’apportais à mon
éditeur."
BAYROU C'ÉTAIT LA DERNIÈRE ROUE D'UN CARROSSE VIDE , ADIEU !
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