vendredi 11 mai 2012
La conjoncture économique qui risque de compliquer les indispensables réformes en France
Le rebond de la crise grecque a quelque peu éclipsé aux yeux des marchés l’élection du nouveau président de la République
et lui a permis de faire une entrée discrète sur la scène publique. Il
est vrai que François Hollande qui s’était mûrement préparé depuis des
mois s’est entouré d’une équipe de qualité qui s’était propulsée dans
les milieux dirigeants depuis des mois pour leur faire valoir qu’il
n’était pas question , en cas de victoire, de ressusciter 1981.
Ce
point de vue a été d’autant mieux accepté (pour l’instant) que le
programme du président comporte peu d’engagements contraignants,
ce qui laisse à penser que certains dispositifs pourraient être
corrigés au nom du pragmatisme en fonction de l’évolution de la crise.
Ainsi, on évoque déjà la possibilité de renoncer au blocage temporaire
des prix des carburants, dans la mesure où les cours du pétrole sont
orientés à la baisse depuis plusieurs semaines.
Outre
le fait que les pays du sud sont toujours en première ligne dans les
secousses que traverse l’Europe, ce qui rend par contrecoup la situation
française moins délicate, François Hollande bénéficie d’un contexte favorable sur plusieurs points :
le déficit budgétaire est contenu depuis le début de l’année grâce aux
mesures prises par son prédécesseur, le niveau des taux d’intérêt
demeure bas, il n’y a aucune attaque des marchés, ce qui permet de
réaliser quelques économies sur le service de la dette, dont le budget
pourrait profiter.
Mais il reste de gros nuages à l’horizon. L’économie
française pourrait bien connaître un trou d’air à court terme, mettant
en doute les prévisions de croissance pourtant bien modestes annoncées.
Les dernières statistiques de la Banque de France font état d’une
stabilité de la conjoncture pour le deuxième trimestre consécutif et
évoquent un « léger tassement » pour la suite, en raison de la
décélération qui entraîne toute l’Europe, pour ne pas évoquer le spectre
d’une récession... Il s’y ajoute quelques éléments propres à notre
pays : le climat électoral qui dure depuis plusieurs mois et se
poursuivra jusqu’à l’été paralyse les initiatives ; la multiplication
des ponts et la récupération des RTT mettent le pays dans une sorte de
roue libre qui va durer jusqu’à l’automne. C’est dire que si les
dépenses sont contenues pour l’instant, le manque de recettes pourrait
se faire sentir assez rapidement, avec d’inévitables répercussions sur
l’emploi.
C’est pourquoi les premières décisions du futur gouvernement seront scrutées avec insistance,
telle que l’octroi de la retraite à 60 ans pour 130 000 personnes qui
auront travaillé dès l’âge de 18 ans, représentant une charge de 5
milliards, que les syndicats voudraient étendre à d’autres catégories.
On comprend l’insistance avec laquelle François Hollande voudrait
restaurer une croissance au niveau européen : mais ce sera du donnant
donnant avec l’Allemagne, qui réclame des réformes de structure, une
épreuve redoutable pour le nouveau locataire de l’Elysée qui joue ainsi
le premier test de sa crédibilité sur la scène internationale.
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