On vit au soir du premier tour qu'il n'en était rien. Le candidat du Front de gauche faisait certes un beau score, revigorant l'électorat communiste, radicalisant une frange de l'électorat socialiste, mais aussi en siphonnant les voix des deux - faibles - candidats d'extrême gauche, et celle de la très décalée candidate écologiste. Le total des voix de la gauche de la gauche ne battait pas de record.
Il reste que Jean-Luc Mélenchon entretenait le buzz et la rumeur, à défaut de bruit et de fureur.
L'opinion, complice des médias et des autres candidats, préférait les accents nostalgiques du chantre d'une gauche radicale à l'examen, moins lyrique et plus ingrat, des enjeux du prochain quinquennat.
Le phénomène Mélenchon arrangeait un Nicolas Sarkozy comptant sur lui pour réduire le score de son adversaire principal au premier tour, mais aussi un François Hollande favori des sondages qui ne voulait surtout pas dissiper le charme, ni promettre plus qu'il n'en fallait.
On n'a donc pas parlé, ou du bout des lèvres, de la difficile équation que devra résoudre le futur président, à savoir réduire les dépenses publiques pour ne pas creuser la dette, mais sans faire sombrer le pays dans la récession ni des efforts à produire pour restaurer la compétitivité de nos entreprises sans laquelle la croissance ne reviendra pas.
On a refusé d'examiner par quelles idées neuves on pourrait réduire le chômage de masse et les inégalités entre générations. On a quasiment passé sous silence la situation, piteuse, de notre balance commerciale.
On n'a parlé de l'Europe que pour la caricaturer. On a évoqué la mondialisation, au pire comme le mal absolu de l'époque, au mieux comme un mal nécessaire.
On ne s'est pas posé la question du rôle de la France en Europe et de l'Europe dans le monde.
C'était avant le premier tour, et on a récidivé juste avant le second.
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