TOUT EST DIT

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jeudi 21 juillet 2011

La Grèce en faillite doit effectuer des réformes en profondeur

Bienvenu dans ce nouveau Close-up sur la crise financière en Europe. Comme beaucoup de choses dans l’histoire de l’humanité : la crise de la dette en zone euro trouve son origine en Grèce. Aujourd’hui, le pays est ruiné et dépendant des soutiens extérieurs : tout le monde en est conscient. Les discussions pour aider la Grèce durent depuis plus d’un an. Mais plus que tout, la Grèce a besoin d’entreprendre des réformes drastiques de société : il s’agit presque d’une révolution culturelle. L‘économie souterraine et les emplois illégaux, l‘évasion fiscale et le népotisme ainsi qu’un secteur public surdimensionné : tout ceci doit disparaître. Sinon le retour à la croissance économique ne sera qu’une illusion. Reste à savoir si la Grèce est prête à faire ce travail en profondeur.
*La rude reconstruction*

 Une nuée de jaune en plein coeur d’Athènes. Les chauffeurs de taxis grecs protestent contre la “dérégulation” de leur métier. Davantage de licences pour améliorer la compétitivité de la profession, c‘était une des conditions imposées par l’UE et le FMI avant l’octroi du premier plan de sauvetage à la Grèce l’année dernière.

Pas d’autre alternative pour les Grecs que d’améliorer la competitivité de leur économie écrasée par le poids de la dette : le calcul est simple, avec un PIB de 230 milliards d’euros face à une dette publique de 350 milliards.

Alors pour combler le gouffre, Athènes espère récolter 50 milliards d’euros d’ici 2015 en privatisant des infrastructures et autres propriétés de l’Etat.

Des mesures qui ne suffiront pas à régler la situation, concède Evangelos Venizelos, le tout nouveau ministre grec des finances.  

“Nous sommes prêts à mettre en œuvre le programme de privatisation, mais nous avons également besoin du soutien réel de nos partenaires parce que, sans l’aide sur le terrain, il n’est pas possible d’atteindre notre objectif, non pas formellement mais efficacement. Nous n’avons pas seulement besoin de chiffres, mais de vrais résultats.”

En effet comment rendre soutenable le remboursement de la dette et faire en sorte que la Grèce puisse retourner sur les marchés pour se financer, alors que l‘économie est en récession, assechée par deux années d’une rude austérité ? 

Selon le FMI, le PIB grec devrait se contracter de 3,8% cette année, rien pour réjouir les habitants frappés par un taux de chômage de 17%, et qui dépasse même les 42% chez les 15-24 ans.

Ces deux dernières années, les prix ont bondi de 7,9%, autrement dit trois fois plus que les salaires. A titre d’exemple, un capuccino vous coûtera à Athènes autant, voire plus, que sur l’avenue des champs Elysées à Paris. Du coup, c’est la principale industrie du pays, le tourisme, qui est directement pénalisée.

Les 15 millions de touristes par an, dont 14% d’Allemands et 12% des Britanniques, représentent à eux seuls 16% du PIB de la Grece.

Un secteur qui va devoir lui aussi rompre avec certaines habitudes bureaucratiques pour améliorer la compétitivité.

“Les grecs sont en colère, ils sont frustrés mais ils gardent l’espoir que le pays va s’en sortir”

Entretien avec Louka Katseli, ancienne ministre du Travail et de l‘économie du gouvernement Papandrou. 


Stefan Grobe, Euronews
“Nous sommes - depuis Athènes – avec l’ancienne  ministre du Travail du gouvernement Papandreou : Louka Katseli fut aussi en 2009 et 2010 ministre de l’Economie. Mme Katseli, vous avez suivi une formation d‘économiste aux Etats Unis et vous êtes politiquement proche du Premier ministre Papandreou. Je commencerai par une simple question : croyez-vous encore à l’euro et à la zone euro ?

Louka Katseli : ancienne ministre grecque du Travail.

Absolument. Mais cela dépend de la volonté des leaders politiques européens à soutenir la zone euro demain, dans les jours qui viennent et les semaines qui viennent afin de décider des mesures appropriées pour  fournir le soutien et la stabilité financière à la zone euro.

Euronews

A part les échauffourées et les protestations dans les rues, comment la crise a-t-elle changé la société grecque ? Est-ce que c’est : “nous avons vécu au dessus de nos moyens depuis trop longtemps et maintenant nous devons travailler dur” ou c’est plutôt : “notre classe politique nous a trahis et nous sommes tous des victimes” ?


Louka Katseli

Il y a un petit peu des deux. Quand vous avez une crise d’une telle magnitude, sans précédent : les gens sont en colère, les budgets familiaux se réduisent, les gens voient leur vie basculer. Le pouvoir d’achat a chuté et le chômage grimpe. Donc il y a de la colère, il y a de la frustration, mais je pense qu’il y a aussi de l’espoir; l’espoir que nous pouvons faire ce qu’il faut pour avancer, retrouver de la croissance et sortir le pays de cette pagaille.

Euronews
Parmi les conditions imposées par vos créanciers internationaux figure un programme d’austérité très sévère et des réformes structurelles. Le gouvernement a choisi une liste d’actifs publics
qui vont être privatisés. Est-ce que cela affecte la fierté nationale ? Nous parlons d’infrastructures, de biens immobiliers voir d’iles grecques.

Louka Katseli
Le dossier des privatisations est un vieux dossier et les réformes structurelles, ça va beaucoup plus loin que les privatisations. Mais les privatisations font partie  intégrante d’un programme d’amélioration de la compétitivité. Il ne fait pas de doute que la plupart des grecs ne feront pas de commentaires sur un programme crédible de privatisations, spécialement dans des secteurs oú le secteur public n’a pas à être présent. Mais ceci doit être fait en toute transparence, avec responsabilité pour garantir que ces actifs quand il seront vendus, le seront à des prix raisonnables et à un horizon convenable.

Euronews

La Grèce n’est pas seulement ruinée, elle est en manque important de compétitivité. Ce qui signifie des années de réformes douloureuses. Est-ce que le pays est préparé pour ça ?

Louka Katseli
Le pays est préparé à faire tout ce dont nous avons besoin pour améliorer notre compétitivité, pour placer l’emploi au coeur de nos préoccupations politiques et renouer avec la croissance. Et pour cela nous avons besoin du soutien européen, parce que nous ne pouvons pas gérer nous-mêmes notre dette. Il faut une solution européenne pour ce problème. Nous avons besoin d’un partage équitable de la charge de la dette et nous avons besoin d’un changement de politique à mesure que les choses s’améliorent pour que cette charge soit équitablement partagée par tous; avec une lutte contre l‘évasion fiscale et l’amélioration des structures de production en restructurant et en attirant l’investissement : voilà ce dont nous avons vraiment besoin”.

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