TOUT EST DIT

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mercredi 3 juillet 2013

Pourquoi la jeunesse française ne s’indigne-t-elle pas ?


Les jeunes seraient-ils la dernière roue du carrosse ? Variables d'ajustement pour les entreprises, laissés-pour-compte du logement social ... Ils sont bien éloignés des préoccupations électorales des candidats. Les jeunes ne devraient-ils pas se distinguer du mythe de mai 68 pour créer leur propre mouvement d'indignation ?
Non contents d’afficher des records de pessimisme, de chômage et de précarité, les jeunes Français font aussi preuve d’une passivité saisissante au pays de Gavroche et de Mai 68. Faute de prise de conscience collective, l’élection présidentielle est passée à côté de l’enjeu national que constitue l’avenir de la jeunesse en France. Comment expliquer cet aveuglement collectif?
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La liste des maux qui accablent la jeunesse française ressemble pourtant à un inventaire à la Prévert, la poésie en moins. Sur le front de l’emploi d’abord, où l’exclusion est plus palpable, les jeunes font face à des difficultés d’insertion historiquement élevée, avec plus d’un actif sur cinq de moins de 30 ans au chômage. Selon la DARES, les actifs de 15-29 ans sont trois fois plus nombreux que leurs ainés à enchaîner les contrats précaires, CDD ou intérim, qui leur sont presqu’exclusivement réservés. Parce que même plus qualifiés, les jeunes coûtent moins chers à licencier, ils sont devenus la variable d’ajustement du marché du travail. 
Outsiders, les jeunes le sont par contrecoup sur le marché du logement, où le CDI est un sésame. Dans le parc privé, les prix se sont envolés sans que la solvabilité suive. L’INSEE a montré que le taux d’effort net pour se loger des ménages de moins de 30 ans avoisine un quart de leur revenu. C’est deux fois plus que pour les plus de 45 ans. Dans le parc social, où la mobilité est quasi inexistante, il faut attendre huit ans pour obtenir un logement social. La loi SRU en exige 20% dans chaque commune, mais 60% des ménages y sont éligibles. Comment, dans ces conditions, éviter les injustices?  
Pourtant, aucun candidat à la présidentielle n’a proposé de réforme substantielle pour redresser ces maux. La proposition de passer de 20 à 25% de logements sociaux, en deçà de l’enjeu, ne résout pas les problèmes d’attribution. Concernant l’emploi, ni les emplois aidés, qui ont déjà échoué à faire baisser durablement le chômage des jeunes, ni les contrats de génération, ni le service civique, ne répondent aux problèmes de fonds, la rigidité et le coût du travail. Le contrat unique, évoqué à gauche et à droite en 2007 reste absent du débat français.
Et puis évidemment, il y a la dette publique, qui avoisine les 85% du PIB. Les jeunes en paieront le prix fort, puisqu’ils paieront plus de prélèvements obligatoires plus longtemps. Réduire la dette en augmentant l’impôt, c’est renchérir le coût du travail et frapper les actifs d’aujourd’hui, pour rembourser les dettes contractées par leurs ainés. C’est faire perdurer un modèle dépassé.

Face à cette désintégration intergénérationnelle, pourquoi la jeunesse reste-elle passive?

Selon une première hypothèse, les jeunes n’auraient pas trouvé  de porte-voix pour exprimer leurs aspirations collectives. Et pour cause, jouer la carte des jeunes n’est pas payant électoralement, quand on sait que 30% des moins de trente ans ont voté systématiquement à tous les tours des élections présidentielles et législatives de 2007, contre plus de 60% des plus de 60 ans… Ou bien la classe politique française est-elle tout simplement déconnectée car elle est elle-même vieillissante ? L’âge moyen à l’Assemblée, 61 ans, est le plus élevé depuis 1945, et dépasse celui du Sénat. Le cumul de mandats et l’absence de proportionnel favoriseraient ceux qui se sont constitué un capital politique de longue date. Peu de changement en perspective.
Selon une dernière hypothèse, plus perverse, la jeunesse française serait prisonnière de ses propres mythes, incapable de remettre en question un modèle social façonné par la génération de Mai 68, désormais au pouvoir. La mythologie nationale assimile volontiers la jeunesse à cette révolte fondatrice, source de conquêtes sociales. Les rebelles d’hier sont devenus les conservateurs d’aujourd’hui. Le modèle est rouillé et la jeunesse s’est fait duper par une vision romantique. C’est le signe qu’elle rêve encore… 

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