vendredi 10 juin 2011
Social de gauche, social de droite
L'attention portée aux plus fragiles - les agriculteurs hier, les handicapés avant-hier, les femmes demain - et les débats acharnés sur l'ISF ou le RSA le montrent : la présidentielle se jouera en partie sur la justice sociale et l'équité fiscale. Toute la difficulté sera de ne pas se laisser embrumer par des demi-mensonges ou des quarts de vérités.
La droite rappelle très justement que l'on n'a jamais consacré une telle part de la richesse - près d'un tiers, un record dans l'OCDE - à la solidarité. La gauche a raison de déplorer qu'il n'y a jamais eu autant de pauvres en France. L'UMP débat, d'ailleurs sans langue de bois, de la meilleure manière de rendre les allocations utiles à l'insertion. De l'autre côté de la Seine, les députés de gauche accusent la majorité d'alléger l'ISF de deux milliards, alors que les caisses sont vides.
Comprenne qui peut ! Ou plutôt si : ces contradictions apparentes illustrent deux conceptions de la justice sociale : pour la droite, c'est plutôt aide-toi et l'État t'aidera à t'intégrer par le travail ; pour la gauche, globalement, la collectivité doit t'assister au maximum. Pour la première, il faut dépenser moins pour un meilleur résultat. Pour la seconde, le meilleur résultat suppose un système plus protecteur, quitte à augmenter les impôts.
Mais les positions ne sont pas aussi nettes. À cause d'une question compliquée : peut-on à la fois réduire les déficits, sauver les solidarités, conserver à l'État et au pays leur compétitivité ?
Dépenser plus et alourdir la dette serait une catastrophe. Taxer et imposer davantage serait suicidaire pour la consommation et pour l'avenir du « made in France » dans le monde. Il faut donc répartir autrement les recettes et les dépenses.
Première piste : les Français paient peu d'impôts directs, moyen de corriger les inégalités, et beaucoup de charges qui pénalisent l'emploi. Il n'est pas normal, aux yeux de classes moyennes surtaxées, qu'un foyer sur deux ne soit pas assujetti à l'impôt sur le revenu, ni que certains des plus riches y échappent grâce aux « niches » fiscales. La surimposition des hauts revenus, la modification du barème ou l'instauration d'une TVA antidélocalisation, alliée à une hausse des salaires, font partie des idées explorées pour tenter un rééquilibrage.
Seconde piste : à cause de frais en plus et d'aides en moins, on peut gagner moins en travaillant qu'en pointant à Pôle Emploi. Continuons ainsi et l'on aura toujours des chômeurs d'un côté et des emplois vacants de l'autre. La solution n'est évidemment pas de baisser les allocations, mais d'augmenter le revenu tiré du travail en jouant sur les charges et la fiscalité.
Troisième piste : les revenus du travail sont plus lourdement imposés que ceux du capital et du patrimoine. La justice fiscale et la recherche de recettes nouvelles supposeraient un rapprochement des taux, une taxation des transactions financières, une imposition alourdie de la spéculation, des plus-values sur les ventes de filiales, de métaux précieux ou d'oeuvres d'art.
Ces idées sont-elles de droite, de gauche ou centristes ? Et d'ailleurs, tout le monde, à l'UMP, au PS et au centre les soutient-il ou les rejette-t-il ? En 2012, sans doute plus que d'habitude, plus que la couleur de l'étiquette, il faudra regarder le contenu de la boîte.
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