vendredi 10 juin 2011
Et de deux
Après l’Irlande, la crise de la dette a dévoré son deuxième gouvernement. Tout comme les Irlandais avaient débarqué Brian Cowen en février, les Portugais ont renvoyé, le 5 juin, José Sócrates et son Parti socialiste à l’opposition.
Au Portugal comme en Irlande, les électeurs ont sanctionné les exécutifs en place pour ne pas avoir proposé d’autre solution que des mesures d’austérité afin de rassurer les marchés (encore eux) quant à la solvabilité de leurs banques ou de leurs Etats, et de rembourser les milliards prêtés par l’UE et le FMI.
Pourtant, au Portugal comme en Irlande, les nouveaux locataires de la salle des commandes reprennent à leur compte les grandes lignes des plans de rigueur qui avaient coûté leur poste à leurs prédécesseurs. "Nous n’avons pas le choix", disent-ils: leur capacité à récolter de l’argent sur les marchés (et donc de financer les politiques publiques) — ainsi que la survie de l’euro, ajoutent leurs partenaires européens — sont en jeu.
Jamais dans l’histoire de l’Europe des Etats souverains ont vu leur marge de manœuvre dans des secteurs clé tels que les finances publiques et la fiscalité ainsi réduite, au point que l’on a à présent du mal à distinguer les gouvernements de gauche de ceux de droite dans leur action.
Jamais également l’intégration européenne n’aura-t-elle apparu aussi concrète aux yeux des opinions publiques comme des responsables politiques. On pourrait regretter toutefois que ces derniers semblent davantage réagir aux événements plutôt que d’en être les acteurs. Et les Européens n’ont pas l’air de l’apprécier. Et ils le font savoir, dans les urnes et dans la rue.
Gian Paolo Accardo est un journaliste italo-néerlandais né à Bruxelles en 1969. Il a travaillé comme rédacteur à Internazionale et à Courrier international et comme correspondant pour l'agence de presse italienne ApCom. Il est rédacteur en chef adjoint de presseurop.eu. Il a un fil sur Twitter.
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