Le FMI a fait savoir mardi que le déblocage de sa part d'une nouvelle tranche d'aide au bénéfice de la Grèce implique que des décisions difficiles soient prises en Europe.
Un haut fonctionnaire grec a déclaré pour sa part que le gouvernement pensait que le Parlement grec se prononcerait d'ici la fin du mois sur son plan d'austérité à moyen terme, lequel constitue une condition primordiale à l'octroi d'une nouvelle aide internationale.
Athènes doit accélérer les privatisations et imposer de nouvelles mesures d'austérité pour pouvoir bénéficier de cette aide, suivant un accord passé vendredi dernier avec le Fonds monétaire international, l'Union européenne et la Banque centrale européenne.
Selon des sources officielles de la zone euro, une proposition portant sur un plan de 80 à 100 milliards d'euros sur trois ans serait prête dans les deux semaines. Mais cette proposition ne résout pas d'importantes questions, telle que la participation du secteur privé.
Selon ces sources, 30 milliards seraient tirés d'un report des échéances de la dette, 25 à 30 milliards seraient apportés par les privatisations grecques et 30 à 40 milliards proviendraient de l'aide internationale proprement dite, à raison d'un tiers pour le FMI et de deux tiers pour le Fonds européen de stabilité financière, comme pour l'Irlande et le Portugal.
Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a dit lundi que le dispositif serait prêt avant le 20 juin, date de la réunion de l'Eurogroupe à Luxembourg. Si tel est le cas, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pourraient adopter le paquet lors de leur sommet de Bruxelles des 23 et 24 juin.
PARTICIPATION VOLONTAIRE
L'Union européenne a encore du pain sur la planche avant que le FMI n'octroie de nouveaux prêts, a dit Bob Traa, représentant du FMI en Grèce.
"Je crois qu'il y a un sommet en Europe, en juin, où il faudra bien prendre le taureau par les cornes. Ils devront prendre certaines décisions; alors nous informerons notre conseil et débourserons l'aide début juillet", a-t-il dit.
L'UE tente de mettre au point un dispositif d'aide à la Grèce pour les années à venir qui prévienne tout défaut et implique le secteur privé.
Il y a un an, l'UE et le FMI mobilisaient une aide de 110 milliards d'euros pour la Grèce. Mais cela supposait que le pays puisse à nouveau emprunter sur les marchés début 2012, ce qui est totalement exclu avec des taux de rendement astronomiques sur le marché de la dette grecque.
La participation volontaire du secteur privé au sauvetage de la Grèce, qui serait l'un des volets de la nouvelle aide, appelée à se substituer à la précédente, soulève bien des questions.
L'une des hypothèses est que les créanciers privés rachètent de nouvelles obligations grecques lorsque celles qu'ils détiennent arriveront à échéance, évitant ainsi à la Grèce l'obligation de débourser des liquidités.
Selon les sources officielles de la zone euro, les investisseurs qui ont investi dans du papier à deux et trois ans pourraient ainsi acheter des titres à sept ans voire plus.
Mais pour l'agence de notation Moody's, le compte n'y est pas. Elle voit mal comment ce report d'échéance pourrait être réellement volontaire de la part du privé et elle y voit un défaut en puissance.
"On a du mal à imaginer, dans les circonstances actuelles, que cela se fasse volontairement", a déclaré à des journalistes Bart Oosterveld, directeur de la division "risque souverain" de Moody's. "Il est plus probable que, de notre point de vue, cela soit considéré comme un événement de crédit."
UNION SACREE
Bob Traa a souligné que le FMI était opposé à une restructuration majeure de la dette du pays en raison des conséquences imprévisibles que cela pourrait avoir pour les pays de la zone euro. Mais il a laissé entendre que le FMI était ouvert à d'autres solutions.
"On peut penser raisonnablement à rallonger les délais de paiement, par exemple des prêts accordés par les partenaires de la zone euro et le FMI parce que nous avons des clauses d'amortissement en fin de programme. C'est une question technique à laquelle nous pouvons réfléchir", a-t-il dit.
La Grèce a déjà obtenu un allongement des délais de remboursement pour le premier programme d'aide et le FMI s'est dit disposé à renouveler la manoeuvre mais pas sans accord préalable avec l'Union européenne.
La dette de la Grèce représente 340 milliards d'euros, soit 150% de son PIB environ et Traa a dit que le temps était compté. "La Grèce est à un point critique et n'a pas de temps à perdre", a-t-il dit.
Concernant la participation du privé au sauvetage grec, la fédération bancaire allemande BDB estime que cela doit être une solution de dernier recours et que pour l'instant elle ne s'impose pas.
Un haut fonctionnaire grec a par ailleurs fait savoir que le gouvernement comptait réduire l'impôt sur les sociétés, une concession à l'opposition, ainsi que la TVA à compter de 2012.
Toutefois, ces mesures ne feraient pas partie du plan économique à moyen terme, a-t-il dit à la presse.
Au sein du Pasok, le Parti socialiste au pouvoir, certains avaient réclamé que chaque partie du plan, qui prévoit pour 6,4 milliards d'euros de nouvelles mesures d'austérité, fasse l'objet de votes séparés.
Voter en bloc permettrait d'éviter que chaque mesure ne soit contestée individuellement. L'UE a appelé à une union sacrée sur ce plan qui couvre une période au-delà des élections prévues en 2013.
mardi 7 juin 2011
L'aide du FMI à la Grèce implique des décisions dure en Europe
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