Un pas en avant, un pas en arrière. Alors que le Premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait dit, au nom de la zone euro, s'attendre à "un financement supplémentaire accordé à la Grèce en échange de conditions strictes", l'Allemagne a apporté ce lundi un cinglant démenti.
"Ce qu'il y a pour le moment ce ne sont pas des engagements, ce sont des opinions", a-t-il déclaré lors du point presse hebdomadaire. "Des paiements allemands doivent être décidés par des autorités allemandes, et c'est comme cela dans tous les pays". Et voilà Jean-Claude Juncker cordialement invité, en langage diplomatique, à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de s'exprimer.
Berlin, qui s'est déjà fait prier l'an dernier pour participer à un premier plan d'aide à la Grèce, refuse d'évoquer un nouveau geste tant que la mission d'experts de la Troïka, composée de représentants de l'Union européenne (UE), du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE), n'a pas rendu ses conclusions. Selon le porte-parole du gouvernement d'Angela Merkel, la remise de ce rapport maintes fois retardé devrait avoir lieu mercredi.
Un long chemin avant l'adoption du second plan d'aide
La confusion diplomatique européenne s'explique par le fait que même si le rapport n'a pas encore été remis, Jean-Claude Juncker et le Premier ministre grec Georges Papandréou ont communiqué dès vendredi, dans l'espoir de rassurer les marchés, sur l'accord qui aurait découlé des discussions entre la Troïka et le gouvernement grec. En contrepartie du déblocage de la cinquième tranche (12 milliards d'euros) du plan d'aide de 110 milliards d'euros accordé en 2010, et d'un accord pour un second plan d'aide dont le montant serait compris entre 60 et 85 milliards d'euros (et même jusqu'à 100 milliards d'euros selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel), la Grèce s'engagerait à adopter un énième plan de rigueur. L'objectif : économiser 6,4 milliards d'euros supplémentaires pour assainir les finances de l'Etat.
Mais comme on se plaît à le rappeler à Berlin, le chemin est encore long avant d'adopter un nouveau plan d'aide. Pour la Grèce, tout d'abord, qui doit, selon une condition imposée par l'Allemagne, adopter le nouveau plan d'austérité 2011-2014. Mais il faut pour cela que le Conseil des ministres vote le projet - ce devrait être le cas ce mardi - puis que le Parlement l'adopte. Or, les obstacles sont nombreux.
La colère de la rue, notamment sous la bannière du mouvement spontané des Indignés, s'amplifie, si bien que les Athéniens n'hésitent plus à interpeller leurs dirigeants, accusés de s'aplatir devant les exigences de la Troïka dont la rigueur imposée aggraverait les chances du pays de sortir de la crise. De plus, des dissensions apparaissent au Pasok, le parti socialiste au pouvoir, qui ne détient qu'une courte majorité au Parlement. Jeudi dernier, seize députés du Pasok ont envoyé une lettre au Premier ministre Papandréou, en lui demandant d'accorder plus de temps pour débattre sur les mesures du plan d'austérité. Ils lui ont également reproché de ne pas avoir demandé une évaluation sur l'incapacité du pays à se remettre dans le droit chemin en 2010.
La menace des parlements nationaux
L'adoption d'un second plan d'aide international doit également être validé, pour certains pays de la zone euro comme l'Allemagne, la Suède ou la Finlande, par le Parlement national. Or, la montée des populismes et les réticences de ces pays à débloquer de l'argent pour venir en aide aux pays en situation économique difficile pourraient encore compliquer la situation.
Si l'Allemagne, en exigeant la participation de créanciers privés dans le futur plan d'aide, a montré sa volonté de participer au sauvetage du pays, il n'est pas question de brûler les étapes.
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