L'hommage rendu par Eric Woerth à DSK sur les retraites a mis le patron du FMI et le PS en difficulté. Mais le ministre du travail fait dire un peu trop de choses au rapport à l'origine de la polémique... quitte à en oublier d'autres.
L'exploitation opportuniste de ce rapport peut se comprendre mais elle ne dit rien sur le fond qui ne se savait déjà. Au mois de mai, DSK s'était déclaré favorable à un ajustement de l'âge de la retraite en fonction de l'espérance de vie et de la pénibilité du travail. Précisant qu'il n'avait pas de « dogme » de la retraite à 60 ans. C'est encore plus clair que le copieux rapport pondu par le service du budget du FMI. Lequel ne se contente pas d'aborder les retraites mais propose une boite à outils complète pour augmenter les recettes fiscales et à diminuer les dépenses publiques de façon efficace. A noter aussi que ce document précise en guise d'avertissement qu'il "ne doit pas être utilisée comme présentant les vues ou les politiques du FMI".
Le rapport cité préconise-t-il d'augmenter de deux ans l'âge de la retraite en France?Non car il ne s'occupe pas de la France en particulier. En matière de retraites, l'un des objectifs des auteurs du rapport est de proposer des solutions pour stabiliser les dépenses de retraites à leur niveau de 2010 jusqu'à 2030. Ce qui revient à compenser une hausse moyenne de ces dépenses estimées à 1% du PIB sur les 20 prochaines années. Ils ont donc calculé que ce montant pouvait être financé soit par une baisse de 15% des pensions sur la période, soit par une hausse de 2% des prélèvements sur la masse salariale, soit par une une hausse de deux ans de l'âge légal de la retraite... Soit par un mix de ces trois possibilités, selon les particularités de chaque pays. Mais les auteurs ne font aucune préconisation précise. Il est donc un peu abusif de dire que ce rapport valide exactement l'option choisie par le gouvernement français de repousser la retraite à 62 ans. Et ce d'autant plus que la hausse des dépenses de retraites de la France jusqu'en 2030 est estimée par le FMI à seulement 0,7% du PIB.
Que dit alors le rapport sur la France? Comme Eric Woerth s'en est félicité, le rapport classe bien la France parmi les pays pour qui "augmenter l'âge légal de la retraite devrait être le point de départ de la réforme". Et ce en raison d'un taux de prélèvements sociaux déjà élevé. "Les augmentations de l'âge légal de la retraite sont largement justifiées par les prévisions d'accroissement de la durée de vie au cours de 20 prochaines années", expliquent les auteurs. Soit une hausse moyenne de deux ans au delà de l'âge légal de la retraite dans les pays développés, précisent-ils. Leurs données pointent aussi le fait que la France offre un âge légal de départ à la retraite parmi les plus précoces. Mais les opposants à la réforme peuvent eux aussi trouver du grain à moudre dans les détails de ce rapport. Car celui-ci précise que l'accroissement de la durée de la vie en France n'est que de 1,9 année entre 2010 et 2030. Or la réforme française prévoit, elle, de passer de 60 à 62 ans en 6 ans seulement, de 2011 à 2016, en vue d'une entrée en vigueur en 2018.
Malgré tout, la droite a-t-elle eu raison de se saisir de ce rapport? Politiquement, c'est sans doute un coup réussi. Reste que ce document de plus d'une centaine de pages aborde l'ensemble des politiques de dépenses et de recettes publiques. Et qu'il recommande dans ces domaines des mesures drastiques pour la France dont l'effort d'ajustement est jugé parmi les plus « élevés » des pays du FMI. S'il étudie les baisses de dépenses possibles - notamment en matière de santé -, il juge également nécessaire une hausse des impôts, en privilégiant les mesures touchant au patrimoine, aux accises (pétrole, alcool, tabac...), à la taxe carbone et préconise surtout une remise à plat des exemptions de TVA. Au cas où la gauche serait en manque de caution du FMI, elle aussi...
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