Dans un rapport publié cette semaine, le Fonds monétaire international, dirigé par Dominique Strauss-Kahn, approuve le report de l'âge légal.
Il y a des rapports dont les socialistes se passeraient bien. Celui du Fonds monétaire international à propos de la réforme des retraites, par exemple. Dans un document publié cette semaine, le FMI assure noir sur blanc que le recul de l'âge légal de la retraite est la meilleure méthode pour assurer à l'avenir le niveau des pensions. «Une augmentation de deux ans de l'âge légal de départ à la retraite suffirait à stabiliser la part des pensions dans le PIB pour les deux prochaines décennies», peut-on lire. Institution libérale, le FMI n'a jamais plaidé pour des politiques très ancrées à gauche. Rien de surprenant donc ? Non, mais il y a bien un problème pour le PS, qui défile dans la rue contre le report de l'âge de départ à 62 ans : le directeur de l'institution s'appelle Dominique Strauss-Kahn, candidat potentiel du PS pour 2012.
Dès sa diffusion, la droite s'est emparée du rapport pour enfoncer un coin chez les socialistes. Le ministre du Travail, Éric Woerth, s'est fendu d'un hommage sur Public Sénat : «Merci Dominique Strauss-Kahn de ne pas être, au fond, dans une posture idéologique et uniquement électoraliste et d'être un homme d'État responsable.» Le secrétaire d'État à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a ironisé sur la «cacophonie» entre «les socio-réalistes et les socio-démagos» au PS. À l'UMP, on rappelle aussi les déclarations de Dominique Strauss-Kahn qui, au printemps dernier, expliquait qu'il «ne fallait pas avoir de dogme» en matière d'âge de départ à la retraite. «Si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60», avait-il déclaré. Autant d'éléments qui apportent de l'eau au moulin du gouvernement. Et qui affaiblissent les critiques du Parti socialiste en installant une ambiguïté sur la ligne de ses dirigeants.
«La droite ferait mieux de s'occuper de l'opposition des Français plutôt qu'imaginer avoir le soutien de DSK», estime la spécialiste des retraites au PS, Marisol Touraine. Pour la députée d'Indre-et-Loire, «il peut y avoir une pression très forte» de la rue, lors de la prochaine manifestation du 12 octobre. Au PS, on minimise donc l'impact du rapport. «On ne va pas feindre la surprise. Le FMI est une institution au diapason des traditions libérales», a expliqué le porte-parole, Benoît Hamon. «C'est une position du FMI, ce n'est en rien une position qui concerne le PS», a renchéri le numéro deux du parti, Harlem Désir. Marisol Touraine relativise elle aussi : «Le rapport ne dit pas que le relèvement de l'âge de départ est la seule politique possible.»
Les socialistes rappellent qu'ils défendent l'allongement de la durée de cotisation, ce qui implique pour beaucoup de personnes un report de l'âge de départ effectif. À les entendre, il faudrait distinguer le directeur et le Fonds : DSK, c'est DSK, le FMI, c'est le FMI. «Ce rapport est indépendant de sa volonté», explique Jean-Christophe Cambadélis. «Le principe de fonctionnement de cette institution implique que le directeur n'assiste pas aux débats qui portent sur son pays.»
Bras droit de Strauss-Kahn en France, Cambadélis assure n'avoir reçu aucun commentaire de son champion. Un signe de sérénité, faut-il comprendre. «Les gens ont compris que DSK n'est pas Nicolas Sarkozy et que le FMI n'est pas l'Élysée. Dominique Strauss-Kahn ne décide pas seul.» Mais en attendant, il n'a pas dit ce qu'il pense précisément.
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