C' est une véritable vague de hausses de prix qui se profile à l'horizon. Aujourd'hui, l'annonce d'un renchérissement de l'assurance auto d'au moins 3 % l'an prochain. Hier, un projet de relèvement des tarifs de l'électricité de 3,4 % au 15 août. Avant-hier, le gaz, qui a flambé de 9 %. La hausse des cours des matières premières, comme le blé actuellement ou le fer un peu plus tôt, va finir par peser à l'autre bout de la chaîne, du côté des consommateurs. Et bien d'autres coûts sont orientés à la hausse, après souvent des années de baisse. A tel point qu'il faut commencer à s'interroger sur l'impact macroéconomique de cette accumulation.
Premier point essentiel : cette vague n'est pas une vague d'inflation à proprement parler. Il n'y a pas d'emballement généralisé des prix, et encore moins des salaires. Il n'y a donc pas de raison d'envisager un resserrement de la politique monétaire, qui serait en l'occurrence inefficace. Chaque hausse s'explique par des raisons bien spécifiques, indépendantes les unes des autres. Les assureurs vont augmenter leurs tarifs à cause des événements climatiques et d'une poussée des accidents causant des dégâts matériels. EDF relève ses prix pour financer la maintenance et la construction d'équipements dont personne ne conteste la nécessité et que l'électricien aurait du mal à financer par l'emprunt, comme il le fit jadis pour ses centrales nucléaires.
Second point essentiel : même si elles ne relèvent pas de l'inflation, ces hausses vont ronger le pouvoir d'achat des Français. Leurs revenus vont aussi être érodés par des décisions gouvernementales, comme le moindre remboursement de certains médicaments, l'amputation de niches fiscales et les hausses d'impôt pour financer les retraites. Or le pouvoir d'achat est le principal propulseur de la croissance. Et il avait résisté pendant la terrible récession de l'an dernier, avec une progression de 1,6 %, pratiquement autant que la moyenne des six années précédentes. Alors que le PIB, qui mesure la production mais aussi l'ensemble des revenus générés dans le pays, a reculé de 2,6 % ! Mais les causes de cette résistance - les mesures de relance et la stagnation des prix -ont disparu. Le pouvoir d'achat de l'ensemble des Français risque de gagner à peine à 1 % cette année et encore moins l'an prochain. Le gouvernement ne doit évidemment pas bloquer les prix pour éviter leur hausse. Mais il doit tout faire pour rassurer les Français sur les finances publiques, condition sine qua non pour qu'ils acceptent de tirer sur leur épargne afin de préserver leur niveau de vie - et la croissance.
JEAN-MARC VITTORI
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