Emploi : l'envolée surprise de la population active
La population active française a bondi de 200.000 en 2009, en raison de la hausse du taux d'activité des femmes et des seniors, pendant que 256.000 emplois étaient détruits.
Prévoir l'évolution de la population active est un exercice difficile. Alors que, pendant des années, les experts pronostiquaient la fin prochaine de sa progression, et même son recul, celle-ci n'a fait que continuer de croître au cours de la dernière décennie. La progression s'était néanmoins beaucoup ralentie depuis 2005 (voir graphique). Jusqu'à l'an dernier, qui a été marqué à la surprise générale par un bond de 200.000 personnes, selon le bilan 2009 « Emploi, chômage, population active » que vient de publier la Dares (ministère du Travail). La population active regroupe l'ensemble des personnes en emploi (environ 26 millions) et les chômeurs (2,7 millions fin 2009). Son évolution est calculée comme la somme de l'évolution de l'emploi total (- 321.000 entre le quatrième trimestre 2008 et le quatrième trimestre 2009) et du chômage (+ 521.000) au sens du BIT.
La hausse « très dynamique » de la population active l'an dernier n'était pas prévue. Le vieillissement démographique ralentit en effet sa progression : « En 2009, la population des 15-64 ans a progressé de 122.000 personnes, alors que son augmentation était comprise entre + 200.000 et + 300.000 de 2003 à 2006 », souligne la Dares. A cela s'ajoute le fait qu'au sein des 15-64 ans la progression a été très forte chez les 60-64 ans (+ 232.000), moins enclins à travailler, quand les 25-49 ans ont perdu 62.000 personnes (générations post-baby boom).
Mais, à l'inverse de ces effets démographiques, la hausse de l'activité des femmes et des seniors, « toujours plus présents sur le marché du travail », a eu un rôle moteur. Le taux d'activité des femmes a encore gagné 0,7 point (+ 0,3 pour les hommes), à 66,1 %. L'écart avec les hommes n'est plus que de 8,8 points, contre 11,1 en 2003. L'évolution est encore plus nette pour les seniors, avec des taux d'activité (hommes et femmes) en hausse de 0,7 à 0,8 point. « Fin 2009, 59,1 % des 50-64 ans sont présents sur le marché du travail, en emploi ou au chômage », souligne la Dares.
Un phénomène durable lié aux réformes successives des retraites (1993, 2003, 2008). Et plus marqué conjoncturellement : l'an dernier, le nombre de départs anticipés à la retraite pour les personnes ayant commencé à travailler très jeunes s'est effondré en raison d'un durcissement des règles : il n'y en a eu que 25.000, contre plus de 100.000 par an précédemment. A cela s'ajoute la fin progressive de la dispense de recherche d'emploi pour les 55-59 ans. Alors qu'auparavant ils étaient indemnisés au titre du chômage sans être comptabilisés parmi les actifs (ils n'étaient pas en recherche d'emploi), ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Dernier facteur explicatif, le plus difficile à mesurer : l'évolution de la conjoncture peut encourager ou décourager des personnes d'entrer sur le marché du travail. « En 2006 et 2007, les fortes créations d'emplois et la baisse du chômage auraient incité un certain nombre d'inactifs à se porter sur le marché du travail », souligne l'enquête. La crise aurait eu l'effet inverse à partir du deuxième trimestre 2008, estime l'Insee. Au final, en cumulant ces explications, la Dares juge « surprenante la hausse de 200.000 personnes de la population active au regard de ses déterminants traditionnels ».
Une chose est sûre, elle rend d'autant plus incontournable la nécessité pour l'économie française de recréer massivement des emplois pour inverser l'évolution du chômage. Selon le bilan définit de Pôle emploi publié hier, l'emploi salarié a reculé de 1,5 % en 2009, soit 256.100 postes détruits, ramenant à 16,28 millions le nombre de salariés des secteurs concurrentiels.
jeudi 5 août 2010
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