TOUT EST DIT

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jeudi 5 août 2010

Libéralisme à la russe

Un virage libéral en Russie ? L'ouverture du capital d'une dizaine de fleurons de l'économie nationale (dans le pétrole, les transports ou la banque), annoncée par les autorités moscovites, devrait rapporter plus de 29 milliards de dollars sur trois ans. Les Français, qui partagent avec les pays ex-communistes l'expérience de ces allers-retours des grands groupes industriels et financiers entre le privé et le public, les interprètent volontiers en termes idéologiques. Mais cette grille d'explication est sans doute erronée, appliquée au cas russe. De fait, le but affiché de l'opération est d'aider à combler un déficit public qui frôlera cette année 6 % du PIB, selon le FMI. Et la mise sur le marché des actions sera calibrée pour que l'Etat conserve de toute façon le contrôle des firmes concernées.

Il y a au moins deux autres façons d'interpréter cette décision. Elle s'inscrit d'abord dans une lutte pour le pouvoir : les nationalisations réalisées par Vladimir Poutine, surtout entre 2003 et 2008, visaient à récupérer des entreprises qui, dans les années 1990, étaient passées aux mains d'une poignée d'oligarques dans des conditions plus que douteuses. Nous en sommes à l'étape suivante : dans les firmes sur lesquelles il a assuré sa mainmise, l'Etat peut se comporter en bon capitaliste en attirant des investisseurs minoritaires, russes ou étrangers, alléchés par les perspectives de développement. Il récoltera ainsi des recettes sans commune mesure avec le produit des privatisations opérées à l'époque de Boris Eltsine.

L'autre explication est technique : c'est que entre-temps, les outils de la finance russe se sont développés. L'existence de places boursières nationales et de banques d'investissement, l'internationalisation financière des groupes (10 % du capital de Rosneft, le premier pétrolier russe, sont traités à la Bourse de Londres) permettent à l'Etat vendeur de mieux tirer parti du marché. En somme, comme beaucoup de régimes autoritaires, la Russie cherche le modèle optimal du « capitalisme d'Etat ».

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