Le 9 novembre 2004, la fondation Mozilla sortait la version 1.0 de son navigateur Internet Firefox. A l'époque, le navigateur Internet, c'est Internet Explorer, de Microsoft. Fourni avec Windows, qui équipe la majorité des ordinateurs vendus dans le monde, c'est la porte d'accès au Web de la quasi-totalité des internautes. Au début des années 2000, la guerre entre Netscape et Internet Explorer s'était soldée par une victoire sans appel de ce dernier.
Mais si Netscape, qui équipait 90 % des ordinateurs connectés à Internet dans les années 1990, a disparu, il a laissé derrière lui une somme de données qui va permettre la naissance d'un nouveau concurrent au navigateur de Microsoft. Depuis 1998, Netscape a décidé de publier le code source de son navigateur sous une licence libre. Lorsque AOL, le propriétaire Netscape, décide la fermeture de l'entreprise, en 2003, une partie des employés se regroupe dans la fondation Mozilla, une association à but non lucratif dont l'objectif est de soutenir une série de logiciels libres.
UN ACCUEIL CRITIQUE TRÈS ENTHOUSIASTE
Au sein de Netscape, le développement d'un navigateur répondait à des impératifs économiques : la société distribuait gratuitement son logiciel, mais comptait sur des modules additionnels payants pour se financer. La société travaillait donc sur un modèle de navigateur doté de très nombreuses fonctionnalités et relativement lourd. Après l'abandon du projet par AOL, Dave Hyatt et Blake Ross, deux informaticiens, décidèrent de préparer une nouvelle version, largement simplifiée, du logiciel.
Le résultat, Firefox 1.0, reçoit un accueil critique très enthousiaste. Dans un monde dominé par Internet Explorer 6, les fonctionnalités proposées par le navigateur sont révolutionnaires : la possibilité de naviguer par onglets, un blocage efficace des fenêtres pop-up intempestives, et la gestion d'extensions (add-ons), qui permet de personnaliser à l'envi son navigateur. La part de marché de Firefox croît régulièrement : entre la fin 2004 et le début 2007, le navigateur gagne environ 1 % de parts de marché par trimestre, d'après les chiffres de Net Applications. Après avoir atteint un premier palier dans sa croissance, le navigateur, qui a vu de nouvelles fonctionnalités apparaître lors de ses versions 2.0 et 3.0, reprend sa progression pour atteindre, à la fin 2009, 24 % de parts de marché, toujours selon Net Applications.
UN WEB TRÈS DIFFÉRENT DE CELUI DE 2004
Firefox parviendra-t-il un jour à détrôner Internet Explorer ? Depuis 2004, la situation a bien changé. Alors qu'il y a cinq ans Firefox représentait l'alternative face à un monopole quasi total, le paysage est aujourd'hui foncièrement différent. En plus de Firefox, d'autres navigateurs se sont développés : Safari pour Apple, Chrome pour Google, sans oublier Opera, un autre projet libre moins connu mais qui détient tout de même environ 2 % du marché. Internet Explorer a également évolué : la version 6, très critiquée par les développeurs et les utilisateurs, a laissé la place aux versions 7 et 8, qui ont intégré certaines des évolutions majeures de Firefox, dont la navigation par onglets.
Mais c'est surtout le Web lui-même qui a changé en cinq ans : avec le développement des applications Web riches (webmails, agrégateurs, traitements de texte, réseaux sociaux...), les besoins des utilisateurs ont changé. Perçu comme quasi obsolète il y a quelques années, le langage Javascript est aujourd'hui omniprésent sur le Web, à tel point que la capacité des navigateurs à l'interpréter efficacement est devenu un axe majeur de compétition.
Les standards du Web continuent également d'évoluer : Chrome, Safari et Firefox intègrent déjà le HTML 5, une nouvelle série de recommandations qui visent notamment à réduire l'importance des plug-ins comme Flash ou Silverlight, massivement utilisés aujourd'hui, notamment pour lire des vidéos. Une version bêta du site Dailymotion propose dès aujourd'hui de lire les vidéos sans passer par flash, pour les navigateurs compatibles.
Un nouveau terrain de bataille s'est également ouvert pour les concepteurs de navigateurs : le téléphone mobile. Apple propose par défaut son navigateur Safari sur les iPhones ; les téléphones fonctionnant avec l'Android de Google disposent également d'un navigateur, tout comme les utilisateurs de Windows Mobile peuvent utiliser Internet Explorer version mobile. Celle de Firefox, qui devrait sortir prochainement, arrivera sur un marché déjà installé, et ne bénéficiera a priori pas de l'avantage d'une installation par défaut. En 2004, cela n'avait cependant pas empêché Firefox de devenir graduellement le numéro deux du secteur.
Damien Leloup
lundi 9 novembre 2009
En cinq ans, le navigateur libre Firefox a conquis un quart des internautes
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