Antenne commune à Radio France, programmes spéciaux à la télévision, série de documentaires historiques… depuis une semaine, les médias français se sont mis à l'heure du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Pour leJDD.fr, le sociologue des médias Dominique Wolton* analyse cet emballement médiatique.
Que traduit cet emballement médiatique?
La chute du mur, c'est la fin d'une histoire, celle de la guerre froide, qui a duré quasiment cinquante ans. C'est donc normal que ces célébrations aient un grand retentissement. C'est par ailleurs la première fois que l'on peut, grâce aux moyens de communication, se retourner sur l'histoire récente. C'est d'autant plus fort que cet anniversaire marque aussi le rôle particulier du couple franco-allemand pour le passé et l'avenir de l'Europe. C'est aussi une histoire de transmission entre génération. Cet événement est un exemple positif de passage de relais, de mémoire et d'histoire entre les générations.
Peut-on parler de surenchère médiatique?
Je vois tout ça d'un œil très positif. Avec la chute du mur, l'Europe naît politiquement une seconde fois. Il est donc important que l'on célèbre cet événement. Je suis très optimiste quant à la signification de la chute de ce mur.
Internet donne-t-il une ampleur particulière à ces célébrations?
Sur ce sujet, il y a une différence entre les médias et internet. Si les médias traditionnels – presse écrite, radio et télévision – n'avaient pas fait leur boulot, Internet n'en parlerait pas à ce point. Ce sont bien les médias traditionnels qui sont à l'origine de cette célébration. C'est un bon exemple où internet n'est pas le moteur. Internet est bon sur les événements inattendus, mais il n'est pas très bon quand il s'agit de la formation d'une conscience historique et politique. On retrouve le rôle d'animation sociale et culturelle des médias. Sur cet anniversaire, Internet est second. Cet anniversaire illustre donc la complémentarité entre les médias traditionnels et le web.
Que pensez-vous de la polémique née autour du Facebook** de Nicolas Sarkozy?
Les hommes politiques sont fous. C'est complètement irresponsable d'utiliser Facebook ou d'autres sites internet dans leur stratégie de communication. L'important n'est pas de savoir qu'il ait été ou non présent le 9 novembre. C'est d'un tel narcissisme! Et cela ne prouve rien de plus. On est dans un système de publicité constante, dans lequel les gens se mettent en scène. La définition même de l'action politique est la prise de décisions impopulaires. C'est donc complètement démagogique de penser que l'on peut communiquer en permanence sur tout. La force de la démocratie est justement d'assumer le côté impopulaire des mesures. Il faut par ailleurs rappeler que l'invention de la vie privée est un acquis de la démocratie, quand tout était public dans les monarchies. On nage donc en plein contresens!
*Dominique Wolton vient de publier Informer n'est pas communiquer (CRNS Editions).
**Plusieurs voix ont fait planer le doute lundi sur le récit de Nicolas Sarkozy écrit dimanche sur son Facebook, selon lequel il aurait assisté dès le 9 novembre 1989 à la chute du mur.
lundi 9 novembre 2009
Les médias s'emparent de Berlin
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