TOUT EST DIT

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mardi 6 mai 2014

Le « retournement » c’est maintenant !

Le « retournement » c’est maintenant !


Ce 6 mai, jour de la Sainte-Prudence, marque le deuxième anniversaire de l’élection de François Hollande, porté à l’Elysée par une majorité de Français politiquement bien imprudents. Dans un entretien « informel » qu’il a accordé pour cette occasion au JDD, le plus impopulaire chef d’Etat de la cinquième République nous annonce une nouvelle renversante : « On est entré dans la deuxième phase du quinquennat, le redressement n’est pas terminé, mais le retournement économique arrive. » Après avoir été le seul, en juillet dernier, à apercevoir la pointe des oreilles d’une croissance fugitive (et toujours en fuite), après nous avoir assuré que la courbe du chômage allait s’inverser fin 2013 et après avoir été à chaque fois démenti, Hollande récidive : il nous annonce maintenant le « retournement « économique.
En matière de retournage, l’hôte de l’Elysée en connaît un bout : il excelle à tordre verbalement la réalité. Cela lui a réussi puisque ce détournement des faits l’a conduit au plus haut sommet de l’Etat.
Mais qui parle de mensonge ? Il s’agissait « d’ignorance ». C’est du moins l’explication que Jean-Christophe Cambadélis, nouveau patron du PS, avance, pour essayer de dédouaner le président de la République de ces deux années de désespérante inertie. « Nous, les socialistes, n’avions pas pris totalement la mesure, pendant la campagne présidentielle, de la tenaille dans laquelle était prise la France. »
Hollande ne savait pas. Lui qui côtoie au plus haut niveau des dirigeants du monde politique et économique depuis 35 ans. Lui qui, élu député de Corrèze pour la première fois en 1988, occupa d’emblée le poste de secrétaire de la Commission des Finances. Lui, ex-premier secrétaire du PS durant onze ans, (1997 à 2008) et qui « déjeunait deux fois par semaine en tête à tête avec Lionel Jospin » lorsque celui-ci était Premier ministre (1997-2002), « pour parler des affaires de l’Etat ». Il ne savait pas, lui dont les amis énarques peuplent la haute administration du pays et les organismes internationaux. Comme par exemple Pascal Lamy, ancien patron de l’OMC et grande figure de l’élite mondialisée. Ou Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes. Ou, proche parmi les proches, son copain Pierre Jouyet, ex-ministre de Nicolas Sarkozy.
Néanmoins, malgré cet entourage choisi de gens si bien informés, notamment sur la situation financière de la France – qu’un Pascal Lamy ou un Didier Migaud ont d’ailleurs souvent radioscopée –, Hollande ne savait rien de « ses déficits colossaux », de « sa politique industrielle à la traîne », et des « exigences des marchés financiers ». On lui cachait tout ?

Amère commémoration

En 2012 son déni des réalités économiques relevait bien sûr du mensonge délibéré, cyniquement et dangereusement démagogique. Ceux qui l’ont cru se sentent aujourd’hui floués. D’où la colère de tant de ses anciens électeurs, que certains députés du PS se sentent obligés de relayer. Ce qui donne, au moment de voter le plan de rigueur – cinquante milliards d’euros dont, entre parenthèses, personne ne sait encore dans quelles dépenses ils seront prélevés – une abstention de 41 députés PS. Et 12 écologistes, 3 chevénementistes et 12 Front de gauche qui ont voté contre. Fissure inhabituelle dans une majorité présidentielle. Et les fissures, ou on les colmate sur le champ ou elle risque vite de s’élargir. Ce qui pourrait bien se produire lors des prochains votes sur les autres volets de la politique de Manuel Valls.
Mais de tout ça, Hollande n’en a cure. Il continue d’user des mêmes subterfuges retors et amoraux. Visiblement, il n’en connaît pas d’autres… Après le reniement, le remaniement, voici donc le « retournement ». Un mot qui continue de rimer avec la troisième personne du verbe mentir à l’indicatif présent.
François Hollande, nous dit-on, « n’a jamais aimé regarder derrière lui ». Vu les décombres qu’à la tête du PS comme à celle de l’Etat il a accumulés, cela vaut sans doute mieux pour lui. En cette journée anniversaire, il ne s’appesantira donc pas sur le bilan des deux années écoulées. L’hypnotiseur élyséen préfère casser le rétroviseur et ressortir sa vieille lanterne magique pour évoquer les prochaines années de son quinquennat qui, promis, juré, craché, « seront celles de la reprise, de la croissance, de la transition énergétique, des réformes sociales et des réformes structurelles ». C’est sa façon charlatanesque de « réenchanter le rêve français » : faire miroiter des promesses qu’il sait, de sa part, intenables. Le grand bluff, toujours. Hollande ou le virtuose de l’illusion d’optique !
Ces deux années de gouvernement socialiste, les Français l’ont fêté à leur manière lors des dernières municipales. En jetant le gâteau d’anniversaire à la tête du chef de l’Etat ! Une autre célébration du même genre aura sans doute lieu le 25 mai prochain… Avec un nouvel entartrage électoral annoncé. La mandature de François Hollande ressemble de plus en plus à un film burlesque ne faisant rire personne.

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