Pourquoi attendre avant de se fâcher avec le nouveau pouvoir ?
Soudain, une lourdeur. Quelque chose
d'un peu gris. Un vide. En natation, on dirait : un plat. La colère est
tombée, l'excitation aussi. A force d'avoir crié sur Nicolas Sarkozy, les Français n'ont plus de voix. D'où le silence opaque, fatigué, dans lequel débute le quinquennat de François Hollande.
Même le rassemblement de la Bastille, dans la nuit du 6 au 7 mai,
n'avait pas l'air vrai. Mauvaise copie de 81. Le président lui-même ne
semble pas croire qu'il existe. Il regarde sans cesse autour de lui avec
un petit sourire triste, égaré, penaud, enfantin. Avant chaque
rendez-vous politique, il s'accroche aux mains des passants qui se
tendent vers lui comme si elles étaient le bastingage du "Titanic". Il
fait tout pour retarder le moment de s'asseoir, d'ouvrir un dossier, de
commencer une discussion. Il donne l'impression, en s'attardant auprès
de la foule, de vouloir retrouver les charmes simples de sa campagne
victorieuse. Il a commencé, le jour de l'investiture, par sortir sans
parapluie alors que la météo avait annoncé un orage. Résultat : il a
niqué son beau costard à plusieurs milliers d'euros. Avec un salaire
diminué de 30 %, ce n'est pas une bonne nouvelle. La parité, ça fait un
peu partouze straight. Dix-sept femmes pour dix-sept hommes. Un homme
par femme. Et donc une femme par homme. Du coup, personne ne se retrouve
sans personne. Il était déjà comme ça à l'Ena, François Hollande : bon
camarade. Avant, les épouses de ministres étaient tranquilles : il n'y
avait presque que des hommes dans le gouvernement. Maintenant, elles ont
du souci à se faire, surtout avec les canons dont s'est entouré Jean-Marc Ayrault : l'ingénue libertaire Najat Vallaud-Belkacem, la séductrice culturelle Aurélie Filippetti, l'associative hitchkcockienne Delphine Batho, la radicale chic Sylvia Pinel, le tanagra guyanais Christiane Taubira, la geisha intellectuelle Fleur Pellerin,
la shéhérazade cinématographique Yamina Benguigi. Il ne manquerait pas
grand-chose à Cécile Duflot pour être au niveau de ses consoeurs du
gouvernement. Un nouveau couturier ? Ce n'est pas le tout de trier les
ordures, il faut faire pareil avec les vêtements. Marisol Touraine
préparera le retour de la retraite à 60 ans. Pas la retraite amoureuse,
en tout cas.
Les ministres importants, ce sont ceux qui ont leur
photo en grand dans les journaux. Cinq hommes : Ayrault, Fabius, Valls,
Sapin, Moscovici. Hollande d'accord pour faire la parité, mais pas trop
près de son bureau.
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