Ce gouvernement est parti à la dérive. Le discours pathétique de Jean-Marc Ayrault, les invectives pitoyables d’Harlem Désir au congrès du PS de Toulouse sont venus le confirmer : les socialistes se comportent encore comme un parti d’opposition qui continuerait à vouloir battre la droite au pouvoir…
En cinq mois, ils ont épuisé le crédit qu’ils avaient acquis par leur élection : les voilà (dernière enquête OpinionWay pour le Figaro) à la cote d’alerte : 36 % de satisfaits. Un électeur de François Hollande sur trois ne le suit plus ; 43 % des électeurs de Mélenchon et quasiment un électeur jeune sur deux ne lui font plus confiance. Qui se souvient encore d’avoir voté pour lui ? Ce ne sont ni le projet de loi pour le mariage homosexuel ni celui sur le droit de vote des étrangers qui lui permettront de reconquérir l’opinion. La droite fait bloc comme rarement.
Il est vrai qu’à défaut de choc de compétitivité, le choc fiscal a dépassé toutes les annonces de campagne, surtout lorsqu’il est associé au dénigrement orchestré des chefs d’entreprise, tandis que les projets de réformes de société ou d’éducation vont à peu près tous dans le même sens – la préférence immigrée (assistance médicale aux sans-papiers, régularisation par naturalisation), le détournement de la morale à l’école (sur la sexualité, l’usage des drogues, l’absentéisme), le dépérissement de la famille (depuis l’alourdissement de la fiscalité jusqu’à la mise en cause de l’autorité en passant par le mariage), sans négliger ces mesures partisanes et symboliques qui divisent, l’hommage rendu l’autre semaine aux victimes algériennes des manifestations du 17 octobre 1961 sans un mot pour les dizaines de milliers d’autres victimes du fait du FLN ce jour-là et tant d’autres jours, ou encore ce projet consistant à faire du 19 mars 1962 la date anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, vieille revendication communiste, qui soulève la protestation de la plupart des anciens combattants.
C ette accumulation a pour effet de crisper la société française, de dresser contre l’exécutif non seulement les patrons, grands ou petits, mais aussi les couches populaires, cette France travailleuse des maisons modestes et des pavillons qui n’aime pas voir son pays défiguré. La “droitisation” qui émeut tant M. Harlem Désir n’est que la conséquence de la politique Hollande-Ayrault conduite depuis leur arrivée aux affaires, laquelle ne rallie pas pour autant l’extrême gauche révolutionnaire qui se plaindra toujours.
Cette défiance généralisée débouche sur une question : quand retourne-t-on aux urnes ? Ici, il faut bien rappeler aux 500 000 ou 600 000 électeurs de droite, du centre ou de la droite extrême qui ont joué leur voix aux scrutins présidentiels et législatifs qu’ils ne peuvent pas être surpris par le pire puisque c’est cette politique qu’ils ont assumée. Les enjeux avaient été clairement exposés ; c’est d’ailleurs ce qui explique que l’écart entre Hollande et Sarkozy se soit autant resserré : 1,5 point entre eux au premier tour, à peine plus de 3 au second. Il y avait un rattrapage possible aux législatives ; là encore les mêmes – et d’autres – calculaient qu’il fallait laisser la gauche faire ses bêtises plutôt que de donner à Hollande une majorité qui l’en empêcherait. Ceux-là n’avaient sans doute pas imaginé l’ampleur de ces bêtises.
M ais les institutions sont claires : la gauche est à l’Élysée et à Matignon pour cinq ans. Certes, Jean-Louis Borloo a été le premier à l’analyser publiquement : si les choses devaient continuer à se dégrader à cette allure, Hollande n’aurait qu’une issue pour retrouver de la légitimité : dissoudre. François Fillon n’est pas loin de le penser aussi. Et quand Copé se dit prêt à descendre dans la rue, c’est encore dans une telle perspective. Mais pourquoi dissoudre pour faire battre son propre parti (comme Chirac en 1997) ? Pour pouvoir ensuite se représenter “blanchi” par une cohabitation avec la droite (comme Mitterrand en 1988) ? Que l’électeur de droite, traumatisé par la défaite et révolté par la politique actuelle, veuille en découdre au plus tôt, on le comprend. Que les leaders de l’opposition l’entretiennent dans cet espoir, c’est naturel ; plutôt se mobiliser pour “résister” que baisser les bras.
Mais les seules élections prévues au calendrier sont celles de 2014, municipales, européennes, sénatoriales. D’ici là, le Conseil constitutionnel va nous donner d’autres occasions de voter, lors de ces élections partielles qui font suite à l’annulation de scrutins législatifs. Il y en a déjà trois, il y en aura peut-être plus. En janvier 1982, François Mitterrand, qui était au pouvoir depuis neuf mois, les perdit toutes.
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