Les chrétiens d’Orient, notamment les orthodoxes, sont très attachés à
la notion de générosité divine. Voilà pourquoi les prénoms Théodore ou
Théodora (“cadeau de Dieu”) sont chez eux si populaires. Tournerais-je
théologien ?
Non : j’ouvre le lecteur à l’idée que, pour les criminologues, Mme
Taubira est un merveilleux cadeau de Dieu. Impavide catéchumène de la
“culture de l’excuse”, notre garde des Sceaux va – involontairement bien
sûr – susciter un maelström criminel et ainsi ruiner pour de bon cette
idéologie pernicieuse.
Ce catéchisme de la “culture de l’excuse” débute par un rituel de
conjuration (“pratique de magie consistant à frapper de nullité un fait
qui dérange, en le proclamant mineur ou dérisoire”). Ce qu’il s’agit ici
d’annuler, c’est le réel criminel, si impitoyablement contraire aux
songes creux idéologiques.
Et de fait, quand le Monde l’interroge ce 20 septembre, Mme
Taubira balaie d’une phrase primesautière la (timide) évocation de
l’effervescence criminelle de cette rentrée 2012 : « On ne peut imaginer un monde sans faits divers. »
“Faits divers”, vous avez bien lu.
Plus loin, la garde des Sceaux enfonce joyeusement le clou : « Bien sûr qu’il y aura encore des faits divers. »
Mais à quelles broutilles, incidents ou anicroches Mme Taubira fait-elle ici allusion ? Quelle
menue poussière la garde des Sceaux balaie-t-elle ainsi sous le tapis ?
Voilà donc ce que sont, ces derniers temps, les “faits divers” de Mme
Taubira :
À Échirolles (Isère), Kevin et Sofiane sont lynchés par une horde
sauvage, massacrés de dizaines de coups de couteau et de marteau. Le
ministre de l’Intérieur, lui, parle d’« actes barbares ».
Ailleurs en France, les fusillades mortelles se multiplient (à
Mougins, Nice, Marseille, Vénissieux, en Corse, à Paris et en banlieue),
avec, au choix, kalachnikov, revolvers, fusils à pompe. Et ça prolifère
: Amiens a ainsi ses “règlements de comptes à la marseillaise”. Dans un
jardin de Stains, un “détenu en fuite” s’entraîne paisiblement à la
kalachnikov, avec l’aire de jeu pour stand de tir.
Au rayon braquages, on a l’embarras du choix : fourgons blindés,
bijouteries, grandes surfaces… Sept hold-up en six mois à Limoges ! Une
bijouterie deux fois braquée en trois semaines à Coudekerque-Branche.
Qui dit mieux ? À Marseille, entre deux flingages on braque même
l’aéroport – des avions sur la piste, une première mondiale. Des
Lituaniens attaquent une bijouterie à Monaco ; dans l’Est, des nomades
balkaniques séquestrent des commerçants. À Carrières-sous- Poissy
(Yvelines), la Poste refuse de livrer les colis dans un quartier
dangereux.
Les cambrioleurs ne chôment pas non plus : les cambriolages sont en
augmentation de 20 % à Manosque, des broutilles à côté de Concarneau (+
70 %). Flairant l’enivrant parfum du laxisme, les cambrioleurs affluent
de partout. Récemment, on a démantelé à Rennes une “filière de voleurs
mongols” qui opéraient également à Tours.
Et la justice ? À Perpignan, le palais de justice est assiégé par une
bande de racailles, tandis qu’à Grenoble un homme comparaît pour avoir
violé son avocate. Une “malheureuse victime de l’exclusion et du
racisme”, sans doute, ce violeur ? Non. Selon le psy, c’est plutôt une
inquiétante « personnalité psychopathique, avec une absence d’empathie, une impulsivité et une violence sans limites ».
Et n’oublions pas les policiers et gendarmes rossés, voire écrasés
volontairement, leurs voitures percutées par celles des bandits, ou
incendiées, etc.
La criminalité en col blanc ? Pas terrible non plus : côté
infractions à la carte de paiement, la France est la mauvaise élève de
l’Europe. On signale en outre une explosion des cas de fraude
identitaire et une prolifération des fausses plaques d’immatriculation.
Comment réagissent les Français à tout cela ? Ils sont “sous le choc”, expression qui revient quotidiennement dans les médias.
Venons-en au second volet de la “culture de l’excuse” : la
pétition de principe, qui “conclut au fait désiré du seul fait qu’on le
désire” (en bon français : prendre ses désirs pour des réalités).
Pétition n° 1 : sortons du “tout-carcéral”. Mais alors, et les 82 000
peines de prison ferme non exécutées ? Les milliers de malfaiteurs
condamnés mais libres comme l’air ? Et dans le propre ministère de Mme
Taubira, la Direction des affaires criminelles et des grâces voit le
chiffre réel plutôt proche des 90 000 peines non exécutées…
Pétition n° 2 : plus de prison, mais des peines alternatives. Sauf
que la Grande-Bretagne, premier État de droit d’Europe, sort de
plusieurs années d’une telle politique, et que le résultat est
désastreux ! Sur 172 910 condamnés à des community services, 43
000 ont récidivé ou déserté leur “travail d’intérêt général”, et 18 000
de ces condamnés “alternatifs” commettent un crime violent ou un viol
dans l’année suivant cette sentence. Cela fait cinquante “faits divers”
par jour...
dimanche 4 novembre 2012
Les “faits divers” de Taubira
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