En septembre 2011, un ancien membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique en Grèce à accusé publiquement l’allemand Walter Rademacher, directeur général de Eurostat, organisme chargé de l’information statistique à l’échelle communautaire, Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, et Andréas Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut national de statistique (ELSTAT), d’avoir dérogés à certaines règles relatives au calcul du déficit public, et cela dans le but de le faire artificiellement augmenter. Deux mois après cette révélation, un procureur du pôle économique, Grigoris Peponis se saisit de l’affaire, et convoque plusieurs témoins (liste en bas). Plusieurs parmi eux mettent en cause Andréas Georgiou, qui est rapidement convoqués comme suspect par le procureur. Il nie les accusations, et ne sera pas davantage mis en cause, demeurant même président d’ELSTAT.
Dans son dossier, dont quelques passages ont fuités dans la presse grecque, le procureur énonce que « de l’ensemble des preuves collectées (témoins et documents écrits), et essentiellement des témoignages, des éléments sont apparus mettant en exergue des infractions à la loi commises sous la responsabilité de ministres et de personnes occupant certaines positions dans le gouvernement de la Grèce ». Il ajoute que « régulièrement dans les témoignages, référence est faites au gonflement et à la détermination arbitraire du déficit public de 2009, et par connexion, à la responsabilité du Premier ministre de l’époque, Giorgos Papandréou, des membres de son gouvernement, et du ministère de l’Economie. »(1)
Après avoir manipulé les statistiques à la baisse avec l’aide de Goldman Sachs(2) pour pouvoir faire partie de la zone euro, chose qui arrangeait plus les grands pays européens comme l’Allemagne ou la France, notamment pour la vente d’armes(3), que la Grèce elle-même. Le gouvernement grec aurait donc cette fois-ci manipulé les chiffres à la hausse, sous l’oeil de Papandréou, lui-même mandataire des institutions européennes. Entre immunité et impunité, les irresponsables politiques ne sont jamais inquiéter. Ni en cas d’incompétence, pas non plus en cas corruption, encore moins pour les actes commis durant l’exercice de leur fonction. La sanction électorale ne suffit pas. Elle n’a même aucun sens dans un pays qui se revendique démocratique, dès lors qu’en démocratie personne ne peut détenir indéfiniment le pouvoir. Le départ ne peut pas être une punition lorsqu'il est inévitable.
A cette heure, l’Islande demeure le seul pays à avoir traduit en justice un responsable politique, en l’espèce son ancien Premier ministre, pour sa responsabilité dans la crise(4). En Grèce, les députés, les ministres ou le Président de la République se font hués et « yaourtés » à chaque apparition public. Le 15 décembre 2010, Kostis Hatzidakis, député de droite, ancien ministre du Développement, est passé à deux doigts du lynchage(5). La méthode est différente, mais l’objectif ne change pas, punir.
En Islande, la population est sortie dans la rue, à poussée son gouvernement à la démission, et réécrit actuellement sa constitution démocratiquement sur Internet(6), chacun étant libre de participer à sa rédaction. En Grèce, la population est sortie dans la rue, elle s’est faite matraquée(7) et intoxiquée par des gaz périmés. Le gouvernement actuelle est dirigé par Lucas Papademos, technocrate non-élu, ancien vice président de la Banque Centrale Européenne et surtout ancien président de la Banque Centrale de Grèce entre 1994 et 2002, et qui a donc participé à cet effet aux trucages des comptes opérés par Goldman Sachs à l’époque(8). La décision politique n’est pas complètement impuissante devant les circonstances, celles-ci, lorsqu’elles sont extrêmes, révèlent juste le vrai visage des décideurs.
Liste des témoins :
- Zoi Georganta, ex-membre du conseil d’administration d’ELSTAT
- Nikolaos Stroblos, ex-directeur de la Direction des Comptes Nationaux d’ELSTAT
- Nikolaos Logothétis, ex-vice-président d’ELSTAT
- Konstantinos Skordas, ex-membre d’ELSTAT
- Nikolaos Choudis, député européen
- Sofia Voultepsi, journaliste
- Georgos Kassimatis, professeur de droit constitutionnel
- Georgos Romanias, économiste
- Anna Zoirou, économiste
- Stavros Beriatos, chef du département gouvernance générale et compte économique
- Andres Filippou, ex-membre d’ELSTAT
- Anastasia Pateraki, chef à la Direction du PIB
- Georgos Simigiannis, ex-membre d’ELSTAT
- Stella Balfousia, économiste
- Konstantinos Kuriakopoulos, journaliste
- Epanimondas Marias, professeur d’université
(1) http://news247.gr/oikonomia/oikonom...
(2) http://www.nytimes.com/2010/02/14/b...
(3) http://international.blogs.ouest-fr...
(4) http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...
(5) http://www.youtube.com/watch?v=i6hD...
(6) http://www.lemonde.fr/idees/article...
(7) http://www.youtube.com/watch?v=VlVM...
(8) http://www.lemonde.fr/europe/articl...
En Grèce, la vérité des chiffres serait-elle un mensonge perpétuel ?
Il y a quelques jours, Zoi Georganta, ex-membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique duquel elle vient de démissionnée, a accusée l’allemand Walter Rademacher, directeur général de Eurostat, organisme chargé de l’information statistique à l’échelle communautaire, ainsi que Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, et Andrea Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, d’avoir déroger à certaines règles relatives au calcul du déficit public, et cela dans le but de le faire artificiellement augmenter. En effet, Andrea Georgiou a subitement décidé en 2009, sans demander l’accord, ni même informer son conseil d’administration, de comptabiliser dans le calcul du déficit public certains organismes et entreprises publiques qui ne l’avaient jamais été auparavant, et cela dans aucun autres pays européens, excepté la Norvège. D’après ces révélations, l’objectif était de faire passé le déficit de la Grèce au dessus de celui de l’Irlande, à savoir 14%, afin que ce soit elle qui joue le rôle du maillon faible de l’Europe. Ainsi le déficit grec est passé cette année là de 12% à 15,4%, et la Grèce est depuis dans une rude cure d’austérité.
Zoi Georganta considère que le gouvernement grec a agi ainsi car il s’est soumis à la volonté de l’Allemagne et de Eurostat, et qu’il a mis en scène une situation plus dramatique qu’elle ne l’est en réalité. Elle a tentées d’alerter le Premier ministre, Georgios Papandréou, et le Président de l’Assemblée nationale, Filippos Petsalnikos, mais ses appels sont évidemment restés sans réponses. Ses propos ont depuis été relayés par un autre membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, M.Skondras, dans une lettre qu’il a écrit à la commission des finances de l’Assemblée. Tous les membres de ce conseil vont, suite à son président, être appelés à témoigner devant cette commission. Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, a également des chances d’être convoqués suite à la demande de trois partis politiques ; le KKE (parti communiste), le SYRIZA (extrême-gauche), et le LAOS (extrême-droite). Cette demande sera prochainement votées à l’Assemblée et requiert deux cinquièmes des voix pour être appliquées.
Enfin, lundi a été publié un mail de Andrea Georgiou, président de l’Institut nationale de statistiques, a destination de Paul Thomsen, le chef de mission du Fonds Monétaire International pour la Grèce, dans lequel il lui décrit ses relations conflictuelles avec les autres membres du conseil d’administration, qui n’appréciaient pas d’avoir été mis à l’écart du traitement statistique de la dette. Suite à cette publication prouvant ses liens étroit avec celui qui est aussi le représentant permanent de Eurostat en Grèce, Andrea Georgiou n’a pas fait de déclaration, en revanche il a porter plainte contre X au Service des crimes éléctroniques. Cette affaire risque de nourrir la défiance de la population à l’égard de son gouvernement, ainsi que d’entretenir le sentiment très répandu chez les grecs selon lequel ils vivent sous la dictature des institutions européennes et du FMI.
Après deux plans d’austérité, et peu avant un troisième, la situation sociale en Grèce s’est radicalement dégradée. Au delà des manifestations et des grèves récurrentes, l’expansion de la pauvreté engendre des phénomènes nouveaux pour le pays. Le nombre de SDF a augmenter de 30% en deux ans, le taux de suicide de 40%. On peut voir dans tout Athènes des personnes âgés de plus de 60 ans sortir le soir pour faire les poubelles, espérant que la nuit atténuera leurs sentiment de honte. Les héroïnomanes se sont multipliés, et le fait que la durée moyenne d’attente pour rentrer dans une cure de désintoxication soit de 7 ans parait irréelle au regard de l’étendue du problème. La dégradation de la situation n’est malheureusement toujours pas à son paroxysme, et pourtant la contestation sociale n’est pas loin d’atteindre le sien. C’est peut-être ce à quoi l’on aboutit quand on a la possibilité de faire dire tout et n’importe quoi aux chiffres, et que l’on choisi de leurs faire dire n’importe quoi.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire