dimanche 4 novembre 2012
L’indiscipline au pouvoir
L’indiscipline au pouvoir
Les socialistes auraient tout pour être heureux. Un des leurs est à
l’Élysée. Ils disposent de tous les leviers du pouvoir mais, hélas, la
conjoncture n’est pas de gauche.
En 1981, les caisses étaient pleines, François Mitterrand avait pu
dispenser ses largesses pendant deux ans avant de fermer les robinets,
vu les dégâts causés à l’économie. Le socialisme ne marchant pas, il
entonnait un nouveau credo : “l’Europe”.
En 1997, Lionel Jospin accédait à Matignon pour cinq ans au moment où
la croissance s’envolait. La croyant pérenne, il s’est dispensé de
réformer les retraites. Il a mis en place les 35 heures, l’industrie en a
payé le prix. L’hôpital ne s’en est toujours pas remis.
Mais en 2012, comment réenchanter le rêve quand tous les clignotants
sont au rouge (dette, chômage, commerce extérieur) et qu’il faut, pour
rassurer les marchés, réduire d’urgence le déficit à 3 % (ce qui est
courageux) ?
Alors, on fait payer les riches, bien sûr. Mais pas qu’eux – 6
Français sur 10, selon les calculs – et les entreprises aussi – 10
milliards d’euros. On n’augmente pas les dépenses (seulement 0,3 %) mais
on ne fait pas d’économies.
La conjoncture mauvaise n’explique pas les couacs à répétition. Il y
en a toujours eu, dans tous les gouvernements. Il faut du temps pour
s’installer au pouvoir, prendre ses marques. Mais pour la première fois
dans l’histoire de la Ve République, le président, le premier ministre,
trente-trois excellences sur trente-huit n’ont jamais été ministres.
La culture du gouvernement n’est pas innée chez les socialistes où la
culture des courants n’est pas la grande école de la discipline. Rester
dix ans dans l’opposition n’est pas non plus la meilleure préparation
aux affaires. On s’oppose. On travaille peu.
Jean-Marc Ayrault est sur la sellette. La presse en a fait son bouc
émissaire. Les socialistes rappellent que les six premiers mois furent
aussi terribles pour François Fillon, mais ça n’était pas le même cas de
figure. Avec Nicolas Sarkozy, tout se décidait à l’Élysée, tout partait
de lui. Son cabinet était une sorte de gouvernement bis avec des
poids lourds : Raymond Soubie, pour le social, et Claude Guéant
s’exprimaient à leur guise. Ce dernier avait donné une interview la
veille de la déclaration de politique générale de François Fillon, qui
l’avait très mal pris.
Du jamais-vu en effet ! L’Élysée lui pompait son oxygène. Pour la presse, il était “Mr. Nobody ”.
À contrario François Hollande laisse toute latitude à Jean-Marc
Ayrault pour agir et s’exprimer. Il savait d’avance qu’il n’était pas un
grand communicant mais quelqu’un de loyal qui ne guignerait jamais
l’Élysée. Le chef d’état-major idéal.
On en arrive au problème de la gouvernance élyséenne. François
Mitterrand réunissait chaque semaine le premier ministre, les présidents
de groupe, le premier secrétaire pour caler l’action et la
communication. François Hollande, lui, refuse par principe tout contact
officiel avec eux. Il ne reçoit pas non plus les parlementaires. Vous
vous souvenez de son « Moi, président […] ». Ce qui ne
l’empêche pas de tirer les ficelles par des coups de téléphone tous
azimuts. Jean-Marc Ayrault y perd son latin, d’où cette impression de
flou.
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