TOUT EST DIT

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samedi 17 novembre 2012

L’hôpital et la charité

La Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie sont à bout de souffle. Alors, faut-il une nouvelle cible à la spéculation internationale en quête de profits sur le dos des affaiblis? La France, désignée par la City de Londres via l’influent hebdomadaire «The Economist» dépeignant, en spécialiste du «french bashing», notre pays en «homme malade» de l’Europe, en «bombe à retardement» de la zone euro?
L’affirmation, très «perfide Albion», est doublement paradoxale. D’abord, parce que la France, profitant de la vulnérabilité financière des autres, emprunte à des taux historiquement bas sur les marchés et ferait ainsi des dizaines de milliards d’économies par rapport aux prévisions. Ensuite, en regardant le Royaume-Uni en voie de totale paupérisation: c’est l’hôpital qui se moque de la charité...
Mais peu importe. La France, apparemment devenue sociale-démocrate face à une Europe conservatrice et libérale, doit des explications à ses partenaires sur le bien-fondé de sa politique économique. Pour faire taire des craintes remuées ici et là, autant par différends idéologiques que par visées électoralistes nationales.
Or, à en croire les médias allemands, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a plutôt bien réussi son voyage à Berlin. Germanophone, le «petit prof d’allemand» (disent ses détracteurs hauts-fonctionnaires énarques, d’ailleurs totalement incompris outre-Rhin) aurait su clairement détailler la politique française. En insistant sur ce qui rassemble tout en ne la présentant pas en copie du «modèle allemand»... que la chancelière Merkel semble vouloir imposer à tout le continent.
Ayrault a-t-il pour autant convaincu? Au niveau des relations entre Etats, cette question ne se pose pas. Seule compte la volonté politique ainsi exprimée avec son impact. Car nos voisins n’ignorent pas que les économies des deux pays les plus importants de l’UE sont liées. La chute de l’un entraînerait à plus ou moins longue échéance celle de l’autre, sans même parler d’autres cruelles évidences comme la fin de l’euro voire celle de l’Union européenne...
Il était vraiment temps que la France s’exprime. Elle a recommencé hier par la voix du président Hollande à Varsovie, dans cette Pologne aux bons chiffres économiques et futur grand partenaire. Car, malgré les difficultés actuelles, elle veut rejoindre la zone euro en 2015.
Dans une «Europe à réorienter», selon le président de la République, tout peut changer. D’élections en élections, de crise en crise aussi...

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